Abu Dhabi

« 1 / 2 21 juillet 1965 Série N• 53 Fiche N• 630 Abu Dhabi 1.

La principauté d'Abu Dhabi s'étend sur 400 k11omètres environ de la C6te des Pirates, que les Britanniques appellent "Trucial Coast ..

depuis qu'ils se sont pro­ clamés garants de la paix sur ce littoral.

Les frontières de la principauté, objet de luttes armées au cours du XJXe siècle, suscitent toujours les contestations de l'émirat de Qatar, du su·ltanat de Dubaï et de l'Arabie saoudite.

La famille des Abu Fellah, vassale du sultan d'Oman et de Mascate, est souveraine d'Abu Dhabi depuis 1761; mais, comme le dit le cheik actuel, Shakhbut, de ses quatorze prédécesseurs, douze sont morts sous le poignard d'un fils ou d'un frère impatient.

2.

Après avoir longtemps vécu de la pêche dea perlee, la principauté subit durement la concurrence des perles de curture japonaises.

Mais en 1935, un Anglais converti à 'l'islam, Hajji Abdullah Willlamson, agissant pour le compte de I'Anglo-lranlan, obtint une promesse de concession qui, en 1939, fut offerte par la compagnie à la Petroleum Development, filiale de l'Irak Petroleum Co.

La seconde guerre mondiale retarda les travaux de prospection.

3.

En 1949, le cheik Shakhbut concéda sa " haute mer » à une société Indépendante américaine, Superior Oil (Californie), qui a fondé l'International Marine Oil Company pour exploiter ses permis.

L'IMOC reçut d'autre part une concession au large de Qatar.

La Petroleum Development protesta et, bien que l'expert consulté, lord Asquith, ait reconnu en 1952 au cheik le droit de disposer de ce qu'on appelle maintenant le ..

plateau continental "• la Superior Oil renonça soudain à ses droits aussi bien au large d'Abu Dhabi que de Qatar.

Le cheik accorda alors la concession en golfe Persique à une nouvelle société, Abu Dhabi Marine Areas, ADMA, dont les action­ naires sont la British Petroleum pour deux tiers et la Compagnie française dea pétroles pour un tiers.

4.

L'ADMA a découvert une première structure à Umm Shaïf, mise en production dès 1962, et une autre récemment, dite de Zakum, où les réserves seraient considérables.

Le cheik n'a pas encore accepté de traiter avec les compagnies sur la base de l'habi­ tuel partage des bénéfices, 50/50, préférant ·le paiement d'une livre sterling par tonne; il n'accepta son premier chèque qu'en 1962, peu à peu chassé de son logis par l'amon­ cellement des liasses de billets et des sacs de monnaie (3 millions de livres sterling en 1964).

Il nomma en même temps son frère Zaid ministre des Finances; le fils de celui-ci est donné comme successeur possible, parce qu'il a fait excellemment ses preuves dans la difficile administration de l'oasis contestée de Buralml.

5.

Par le traité de paix perpétuelle de 1853, les souverains d'Abu Dhabi, comme ceux des principautés voisines, ont remis à la Grande-Bretagne toua les aHrlbuta de leur pouvoir externe, s'engageant à n'entretenir de rapports diplomatiques qu'avec Lon­ dres, qui administra de Bombay la Trucial Coast, jusqu'à l'indépendance de l'Inde, de Bahrein depuis.

Le cheik Shakhbut ne réclame pas l'indépendance totale qui l'oblige­ rait à rallier une confédération arabe, dommageable à ses intérêts financiers, et il parait peu désireux de moderniser son Etat bédouin, où pourtant les ouvriers du pétrole firent grève en avril 1963; mais ces ouvriers, pakistanais pour la plupart, se trouvent isolés dans les concessions insulaires et le cheik compte sur son conseiller britannique pour leur faire entendre raison. 2 / 2. »