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Publié le 15/05/2020
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Maupassant et le roman
Quelques repères biographiques
Trois éléments de la vie de Maupassant sont importants pour comprendre son oeuvre : son origine normande, sonamitié avec Flaubert et la maladie qui le conduisit à la folie.
De son expérience personnelle (la guerre de 1870, lamaladie, l'expérience du journaliste) comme de ses lectures et admirations (Flaubert, mais aussi le philosopheallemand Schopenhauer), l'écrivain tire un regard pessimiste sur le monde dont on retrouve constamment trace dansl'oeuvre.
La génération.
Né en 1850, mort en 1893, Maupassant appartient à ce qu'on pourrait appeler « la seconde génération naturaliste », si l'on considère , que la différence entre les termes de « réalisme » et « naturalisme » serecoupent quant à l'essentiel et servent surtout à distinguer des époques différentes: on a parfois tendance àassocier Maupassant au réaliste Flaubert à cause de l'importance décisive des conseils dispensés par celui-ci àl'écrivain débutant.
Mais à l'époque où le jeune Normand commence à publier, il se place sous l'égide de Zola, quiécrit depuis les années 1860 : auprès du grand romancier, il collabore, en 1880, au recueil des Soirées de Médan.
Il y publie Boule de suif, qui lui apporte le succès et lui permet de quitter son emploi au ministère de la Marine.
La Normandie.
Maupassant est né au château de Miromesnil, en Seine-Maritime, près de Rouen.
Le jeune Maupassant a passé ses premières années à explorer la campagne normande ; de celle-ci, il rend les paysages defaçon saisissante, si bien que certaines de ses nouvelles l'ont fait parfois considérer comme un écrivain régionaliste.On trouve trace de cette veine dans Une vie, mais aussi dans Bel-Ami où Duroy amène sa femme chez ses parents près de Rouen, dans Pierre et Jean et même dans Notre coeur et Fort comme la mort où les personnages font tous des séjours en Normandie (voir Texte 4, p.
241).
L'amitié avec Flaubert.
Ami de la famille de Maupassant, Flaubert, de trente ans son aîné, prend sous sa protection le jeune homme quand celui-ci arrive à Paris pour y travailler comme fonctionnaire.
Écrivain réputé,Flaubert l'introduit dans les salons littéraires, lui fait faire la connaissance des écrivains les plus réputés de l'époque.La protection de Flaubert permet à Maupassant d'être introduit dans les rédactions, où il publie nouvelles etreportages : il décrit ce monde dans Bel-Ami.
Mais surtout, l'auteur de Madame Bovary relit les manuscrit de Maupassant, lui apprend l'art d'une transcription du monde qui accorde de la valeur à l'écriture du réel
et non à la réalité décrite : l'observation doit remplacer l'intrigue, l'atmosphère et la sensation prennent la place del'analyse.
C'est dans les romans que le souvenir de Flaubert est le plus vivace chez Maupassant (on ne peut lire, parexemple, Une vie sans songer à la fois à Madame Bovary, histoire des désillusions d'une femme en province, et à Un coeur simple): comme chez son prédécesseur, les thèmes abordés mettent en évidence des personnages médiocres, dont la vie n'a rien d'une aventure ; écrasés par cette existence sans espoir, certains finissent par sedétruire.
La maladie nerveuse, qui condamna Maupassant à la folie dès la fin des années 1880, et causa sa mort en 1893, estreprésentée dans ses derniers romans: la terreur du vieillissement et de la mort, sensible dans Fort comme la mort (1889), la présence d'obsessions de plus en plus hypnotiques dès Pierre et Jean (1888), et dans les nouvelles et les contes fantastiques (Le Horla, 1887), renvoient notamment à l'état mental de l'écrivain malade.
Les thèmes de Maupassant
Maupassant reprend dans ses romans les thèmes propres au naturalisme : sa volonté de représenter le mondecontemporain, sa curiosité à l'égard de tous les milieux, mais il donne à sa peinture de l'existence une couleur plusintimiste et plus désespérée que celle de Zola.
L'amour et ses désillusions.
Les thèmes de la femme mal mariée (Jeanne dans Une vie, Mme Walter dans Bel Ami, Mme de Burne dans Notre me; Mme Roland dans Pierre et Jean, et dans une certaine mesure, Christiane Andermatt dans Mont-Oriol), de l'amour nécessairement éphémère et destiné à faire souffrir (Jeanne, Fourville, Mme Walter, Mme de Guilleroy, Mariolle, Christiane sont tous abandonnés par l'être aimé) sont un des fondements du pessimismede Maupassant : l'amour est toujours décevant, il n'est rien d'autre qu'un plaisir sensuel lié à la nature, destiné àdisparaître une fois satisfait; ceux qui croient malgré tout à l'existence d'un sentiment amoureux ne peuvent êtreque déçus.
L'omniprésence de la mort et de la souffrance.
L'homme, chez Maupassant, est avant tout voué au déclin et à lamort.
Même la réussite du personnage de Duroy, dans Bel Ami, est placée sous le signe du transitoire et du dérisoire : c'est à l'aube de son ascension (I, 6) que Duroy entend le discours de Norbert de Varenne déclarant que l'hommeest miné par la vieillesse et le trépas.
La souffrance est également un élément présent dans tous les romans ; aucunpersonnage important n'est épargné.
Les romans de Maupassant présentent des personnages qui se débattentcontre eux-mêmes et les autres, et leur souffrance est souvent d'autant plus inéluctable qu'ils ont intériorisé lacause de leur destruction, sous la forme d'obsessions.
La force de l'égoïsme.
La nature humaine, enfin, est impitoyable et l'égoïsme règne en maître : les personnages deJulien (Une vie), Duroy (Bel-Ami), Mme de Burne (Notre cœur), ou Jean (Pierre et Jean) font souffrir les autres sans même en avoir conscience — ils oublient tout simplement leur présence.
L'action romanesque elle-même repose surle constat que que chacun est seul, qu'il est presque impossible de communiquer et de s'entraider, même avec la.
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