Abraham, OEuvres complètes (extrait)Disciple de Freud dont il est très
Publié le 18/05/2020
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Abraham, Œuvres complètes (extrait)
Disciple de Freud dont il est très proche, Karl Abraham a essentiellement fait œuvre de clinicien, c’est-à-dire qu’il a rédigé de nombreux articles courts et précis relatant descas concrets, dont « Contribution à la psychogenèse de la peur des rues au cours de l’enfance » publié en 1913 dans la revue Internationale Zeitschrift für ärtzliche Psychoanalyse, fondée par Freud la même année, est un exemple.
Cet article prend place dans la série de travaux cliniques qu’il effectue de 1910 à 1920, avant de commencer une œuvre théorique interrompue par sa mort accidentelle en 1925.
Ce cas illustre la théorie des névroses de Freud et Abraham repère chez un garçon de cinqans les découvertes freudiennes que sont le refoulement et le complexe d’Œdipe.
« Contribution à la psychogenèse de la peur des rues au cours de l’enfance » de Karl Abraham
Chez les névrosés qui craignent de se rendre dans la rue sans accompagnement, on trouve habituellement une deuxième phobie ; celle de la solitude à domicile.
Ils’agit des sujets auxquels leur inconscient ne permet pas de s’éloigner du cercle magique des personnes sur qui ils ont fixé leur libido.
Toute tentative d’enfreindrel’interdiction inconsciente est payée d’un état d’angoisse.
Un garçon de cinq ans atteint de ces deux phobies m’apporta spontanément, en dehors de tout interrogatoire médical, une confirmation de cet état de fait.
Laformulation de l’enfant est si étonnante, dans sa brièveté précise et lapidaire, que je la cite et la commente en quelques mots.
Son angoisse intense ne permet pas de l’envoyer seul de son foyer à la maison voisine occupée par des parents, bien qu’il n’y ait même pas de rue à traverser.
Demême, il est pris d’angoisse lorsque sa mère quitte l’appartement, quoique restant alors avec sa gouvernante.
Depuis peu, il refuse même d’aller en promenade avec lagouvernante.
Lorsqu’un jour sa mère lui proposa une promenade avec la gouvernante, il s’y opposa et déclara fermement : Je ne veux pas être un enfant promené (Spazier Kind), je veux être un enfant materné (Mutter Kind).
Cette exigence est intéressante à plusieurs points de vue.
Le garçon insiste sur son désir d’une relation aussi intime que possible avec sa mère (« enfant materné »).
Ilrefuse de s’éloigner conduit par une personne non aimée (« l’enfant à promener »).
Soulignons que l’enfant ne parle pas de sa peur, mais de sa volonté. On ne méconnaîtra pas la fixation du garçon à sa mère, mais on se demandera comment la phobie a pu se constituer alors que le désir d’être « un enfant à maman » est sipeu étranger à la conscience du garçon.
Il est facile de répondre à cette question.
D’après la théorie des névroses de Freud, ce n’est pas tant le désir d’intimité avec la mère qui subit le refoulement, c’estbien plutôt le désir incestueux de possession sexuelle.
D’autres paroles du garçon, prononcées pendant la même période, confirment ce point de vue.
Elles montrentque l’enfant est en lutte avec son complexe d’Œdipe et qu’il est dominé par le désir de posséder sa mère à lui tout seul.
Le père de l’enfant était en voyage pour quelques jours.
Pendant ce temps, le garçon put dormir auprès de sa mère, dans le lit de son père.
Lorsque la mère lui dit unmatin que le père reviendrait ce jour, il rétorqua : « Il serait bien plus agréable que papa ne revienne pas de son voyage.
» Ainsi, il formula clairement le désir de mortà l’encontre de son père et l’aspiration à dormir près de sa mère.
Ces propos du garçon sont un aveu naïf des désirs infantiles.
Cependant, ils portent déjà la marque du refoulement.
Il est possible de montrer que les désirs expriméscouvrent une couche plus profonde de désirs inexprimés.
Celle-ci correspond au complexe d’Œdipe.
L’observation des stades précoces de la névrose est particulièrement propice à appuyer les conceptions que nous avons péniblement acquises par la psychanalyse denévroses développées.
[…]
Source : Abraham (Karl), Œuvres complètes, trad.
par Ilse Barande et Elizabeth Grin, Paris, Payot, 1965.
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