Aborigènes

« 1 / 2 ~ 1 ~ 5 juillet 1967 Série C-36 Fiche Na 1853 Aborigènes 1.

L'Australie, le plus ancien des continents, n'a pas d'histoire, a-t-on pu dire, seule­ ment une préhistoire.

Les premiers des 160 000 bagnards qui ont été déportés en quatre-vingts ans à partir de 1788 pour peupler de Blancs l'Australie y avaient trouvé quelque 150 000 abor.igènes demeurés à l'ige de la pierre.

Les contacts difficiles entre ce monde hors du temps et les nouveaux arrivants ont amené une durable ségrégation.

Celle-ci n'a été officiellement abolie que par le vote du 27 mai 1967 par lequel les Australiens ont modifié leur Constitution en supprimant l'article 127 qui excluait les aborigènes des opérations de recensement.

Ainsi ces derniers se sont-ils vu garantir la plénitude des droits civiques (bien qu'ils eussent déjà, théo­ riquement, le droit de vote).

2.

Jusqu'à la seconde guerre mondiale, des décennies de " pacification » avaient amené le nombre de la population aborigène de 300 000 à 40 000 purs indigènes et environ 80 000 métis.

Ces aborigènes vivent pour la plupart dans le Territoire du Nord et dans les parties les plus éloignées des Etats de Queensland et de l'Aus­ tralie occidentale.

Le gouvernement fédéral en a installé un très grand nombre sur 320 000 km• de réserves.

Mais une importante partie de ces réserves a été aliénée depuis 1959 pour exploiter des mines et pour des raisons stratégiques.

Il n'y a plus que quelques centaines d'aborigènes nomades menant la vie de leurs ancêtres dans le centre du pays.

3.

Le gouvernement australien cherche désormais à absorber les aborigènes dans la société australienne, intention qui rendra les réserves anachroniques.

Mais seuls les aborigènes du Territoire du Nord dépendent du Commonwealth.

Ailleurs leur sort dépend des gouvernements des Etats qui, bien qu'ils acceptent la politique d'assimi­ lation du Commonwealth, adoptent à l'égard des aborigènes des attitudes très diffé­ rentes: autoritarisme répressif au Queensland, libéralisme dans l'Etat de Victoria et la Nol.lvelle-Galles du Sud.

4.

Depuis 1944, les aborigènes du Territoire du Nord jouissent des mêmes droits de propriété que les autres Australiens, du droit de se syndiquer, d'exiger les salaires des conventions collectives, de posséder des fusils et de boire de l'alcool.

Un nombre considérable d'entre eux, cependant, qui travaillent comme bouviers dans le nord du pays, étaient toujours payés beaucoup moins bien que les Blancs.

Aussi le niveau de vie des aborigènes est-il très inférieur à celui des Blancs.

Il n'y en a guère qu'une poignée qui soient ouvriers qualifiés ou techniciens.

Leurs conditions d'éducation et de logement sont lamentables.

L'intégration des aborigènes ne peut être obtenue que par la mise en œuvre d'un programme spécial d'enseignement, de logement et d'emploi.

5.

Les aborigènes, naturellement discrets et modestes, mais avilis et déprimés par les conditions sociales, parviennent à s'assimiler aux autres Australiens quand la possibilité leur en est offerte.

Des étudiants et des professeurs d'université luttent pour l'élimination de toutes les discriminations raciales dont sont victimes les abori­ gènes sous prétexte d'hygiène (dans certains cinémas, clubs, cafés et piscines). 2 / 2. »