abbaye - religion.
Publié le 18/05/2020
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abbaye - religion.
abbaye , communauté monastique sous la tutelle d'un abbé ou d'une abbesse, et ensemble des bâtiments du monastère.
L'immense réseau d'abbayes tissé à travers l'Orient et l'Occident durant toute l'histoire de la chrétienté influença grandement l'évolution des idées religieuses, politiques et artistiques.
( Voir christianisme).
Le terme abbaye vient du terme araméen abba (« père »), employé dans l'Évangile par Jésus pour parler à « son père » (Dieu), et, selon le moine et théologien chrétien Jean Cassien, utilisé en Égypte au IVe siècle par les Pères du désert pour appeler les plus sages d'entre eux.
Le mot abbé désignait le représentant et le « berger » des premières communautés chrétiennes latines.
En France, saint Martin fut le premier moine à créer en 363 un ermitage proche de la ville de Poitiers.
Rejoint par d'autres, il entreprit d'évangéliser les provinces gauloisesencore païennes.
De très nombreuses fondations d'abbayes eurent lieu jusqu'au Ve siècle, obéissant chacune à des règles propres souvent inspirées des prescriptions de saint Augustin, qui devinrent la règle des communautés n'adoptant pas la règle de saint Benoît.
De la grande fondation romaine de saint Benoît de Nursie au Mont-Cassin (529) en Italie découle la règle bénédictine, majoritaire depuis dans les abbayes françaises.L'Irlande fut également un important foyer du monachisme, édictant derrière saint Colomban les vertus de la prière et du travail.
Au nord comme au sud, les abbayessuivirent le modèle organisationnel des domaines laïcs : créer un microcosme capable de vivre en parfaite autarcie économique et spirituelle.
Les abbayes, foyer de culture par une systématique sauvegarde des manuscrits antiques, devinrent aussi, de par les richesse foncières accumulées, lieux de cupidité et decorruption.
Les souverains cherchèrent à les soumettre afin d'en redistribuer les biens.
Le grand rénovateur fut saint Benoît d'Aniane envoyé par l'assemblée des abbésd'Aix-la-Chapelle en 817 : il édicta la Règle des Règles, condensé des règles d'origine irlandaise et romaine, fort proche en réalité de la règle bénédictine.
L'échec relatif decette tentative permit au siècle suivant la naissance de l'ordre de Cluny.
À la mort de Charlemagne, la chrétienté subit les grandes invasions barbares (Normands, Maghiars, Sarrasins) devant un pouvoir carolingien impuissant car morcelé.Guillaume, duc d'Aquitaine et comte d'Auvergne fonda alors en 909 le monastère Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Cluny, en Bourgogne.
Cette abbaye modeste de douzemoines dépendait directement du Saint-Siège, échappant ainsi à toutes les contraintes locales.
Elle devint rapidement la première abbaye de la chrétienté par le nombre deses moines et la rigueur de sa conduite.
La fondation de très nombreuses autres abbayes en découla directement : La Charité-sur-Loire, Saint-Martin-des-Champs à Paris,Saint-Jean-d'Angély, Vézelay.
Saint Hugues, abbé de Cluny de 1049 à 1109, fonda l'abbaye féminine de Marcigny-sur-Loire.
Il fut également le maître d'œuvre de l'église deCluny, dont il fit appliquer les plans pour l'élévation de Saint-Pierre-de-Rome.
Grégoire VII, pape de 1073 à 1085 acquis à la cause clunisienne, tenta une réforme de grande envergure consistant à séparer les abbayes du pouvoir de l'Empire.
En effet,au cœur du système féodal, l'ordre de Cluny fut assailli des dons des puissants, mettant en péril son intégrité.
Il fallait retrouver la vocation première dans le silence, letravail et la prière.
La journée fut réglée heure par heure : ainsi du grand corps de la communauté, les moines rejoignaient dans la prière le corps de l'Église toute entière.Cette volonté d'ouverture spirituelle vers le monde séculier apparut également dans les sculptures, les peintures et les vitraux qui furent l'appui indispensable àl'enseignement du peuple des croyants.
L'architecture des abbayes répondit à un plan relativement uniforme : l'église ouverte vers l'extérieur, le cloître (lieu de méditation)formant le centre de l'abbaye, le réfectoire et l'hôtellerie fermant de l'autre côté le quadrilatère traditionnel.
L'abbaye : une société complète, refermée sur elle-même touten conservant un rôle d'exemplarité pédagogique vers le monde.
Le XIe siècle fut le siècle de Cluny et de l'art roman, le XIIe celui de Cîteaux et de l'art gothique.
Fondé par Robert de Molesme près de Dijon, l'ordre cistercien ne fut point une refonte des idées de Cluny mais leur rigoriste application.
En 1115, le moine Bernard de Clairvaux, grand lettré théoricien de la spiritualité, quitta Cîteaux pour créer unnouveau monastère d'obédience cistercienne à Clairvaux.
Le succès fut immédiat et Bernard de Clairvaux devint l'âme du peuple monastique.
Devant l'évolution des villes, les ordres anciens ne furent plus adaptés.
Ainsi devait naître, propices à l'action urbaine, les ordres mendiants (franciscains, dominicains etcarmes) dont les religieux n'étaient plus attachés à une abbaye mais à un couvent, qu'ils quittaient pour prêcher et pour étudier ou enseigner dans les universités.
Le XIIIe siècle connut l'apogée de l'institution monastique avec, par exemple, l'abbaye du Mont-Saint-Michel dont les diverses strates architecturales témoignent de la vivacité d'une tradition.
Du règne de Philippe le Bel (1285-1314) devait en naître le déclin : en résistant victorieusement au pape Boniface VIII par la destruction de l'Ordredu Temple, il marqua la rupture entre le pouvoir séculier et le pouvoir spirituel.
Face au temps des nations naissantes, l'obédience des abbayes diminua lentement :jusqu'au XVIe siècle, refusant leur rôle pédagogique, elles perdirent leur influence économique face aux villes devenues prescripteurs terriens.
Du fait de la grande crise de la Réforme et des idées jansénistes jusqu'au-boutistes, les abbayes sombrèrent dans la décadence.
Dispensatrice de foi et de beauté, l'abbaye fut et demeure à la croisée du destin religieux de notre ère : témoignage des innovations architecturales, foyer intellectuel par laconservation et l'étude du patrimoine écrit, centre économique par la gestion d'immenses domaines, en somme ciment social de sociétés en train d'éclore.
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