abbaye n.
Publié le 02/12/2021
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abbaye n. f. Monastère dirigé par un abbé ou une abbesse; ses bâtiments. L'abbaye de Royaumont est aujourd'hui
un centre culturel international. V. Encycl. Encycl. - HIST., RELIG. Abbaye. Lieux de dévotion mais également
d'étude, les abbayes ont pendant longtemps contribué au développement de la civilisation occidentale en intervenant
de façon importante tant dans la vie économique que dans la vie intellectuelle et artistique. Les origines. La vie
chrétienne monastique est d'origine orientale. Au début, il s'agit de simples regroupements d'ascètes vivant dans la
solitude absolue (anachorètes), à l'imitation de saint Antoine, partageant l'office et l'eucharistie du dimanche. La vie
religieuse en commun se développe rapidement. Dès le IIIe s., les moines chrétiens d'Égypte vivent en groupes de
trente ou quarante dans des habitations isolées. Le cénobitisme (vie religieuse en commun), à l'opposé de
l'anachorétisme (vie religieuse solitaire), prend un vif essor non seulement en Haute- puis en Basse-Égypte, mais
bientôt aussi en Palestine et en Syrie. Petit à petit, l'architecture monastique s'adapte aux exigences de cette vie
communautaire. Derrière un solide mur d'enceinte - protection contre les tentations du monde extérieur, mais aussi
contre les pillards - s'organisent autour de l'église un grand bâtiment pour les services communs, une cuisine, un
réfectoire, une bibliothèque et des lieux d'habitation, divisés en cellules où les moines vivent à trois. Dès ses débuts,
l'abbaye est un univers qui fonctionne en économie fermée, chaque moine apportant par son travail - agriculture,
artisanat - sa contribution à la vie du groupe. Règle et commende. La vie monastique s'introduit en Occident dès le
début du Ve s.; les religieux imitent l'organisation des moines d'Orient: ils vivent en commun, obéissant au supérieur
qu'ils ont choisi et dont la nomination a été confirmée par le pape ou par l'évêque de la province. Rapidement, par
leur travail et par les donations qu'ils reçoivent, les moines augmentent la richesse des abbayes. Cette richesse excite
la convoitise des rois et des princes souverains, qui tentent de s'arroger le pouvoir et de nommer les abbés. Ils se
réservent du moins ce droit dans les abbayes qu'ils décident de fonder. C'est alors que s'établit la distinction des
abbayes en règles et en commende. Les premières conservent le droit d'élire leur abbé, les secondes ont à leur tête
des abbés nommés par des rois ou des princes. Dans ce cas, l'abbé commendataire jouit des revenus de l'abbaye,
sous la condition qu'il acquitte les charges du monastère, veille à la célébration des offices et distribue des aumônes.
À la différence des abbés réguliers, qui réunissent dans leurs mains le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel, les
abbés commendataires ne possèdent que le second. Ils sont tenus de laisser le pouvoir spirituel à un autre abbé, qui
porte le nom de prieur claustral. Dès le VIIIe s., on commence à donner des abbayes en commende perpétuelle. On
voit alors des seigneurs laïques prendre le titre d'abbé. Ainsi, les rois de France Philippe Ier et Louis VI, puis les
ducs d'Orléans porteront le titre d'abbé de Saint-Aignan d'Orléans. Mais, pendant longtemps, l'Église lutte contre le
pouvoir temporel, qu'elle condamne. Ces contestations cessent partiellement en France en 1516, époque du
concordat entre le pape Léon X et François Ier. Ce concordat confère au roi le droit de nomination, l'élection
n'étant conservée que pour les abbayes chefs d'ordre, comme Cluny. Abbaye et ordre monastique. L'abbaye chef
d'ordre, ou abbaye mère, est la première en date fondée par chaque ordre. Disposant d'une autorité hiérarchique sur
les autres monastères de l'ordre, sa suprématie est diversement réglementée selon les ordres et les époques. Pour
qu'une abbaye puisse être fondée, la présence de douze moines est requise. Les diverses charges sont réparties
entre eux par l'abbé, qui nomme sacristains, aumôniers, infirmiers et cellériers. Lorsqu'une abbaye possède des
terres ou des fermes situées à une trop grande distance, l'abbé envoie des moines s'établir dans ces domaines afin de
les faire valoir. Ces dépendances portent le nom de celles, d'obédiences ou de prieurés, et le supérieur qui gouverne
au nom de l'abbé reçoit le titre de prieur. Mais un grand nombre de ces colonies religieuses ne tardent pas à
s'administrer elles-mêmes: alors on donne aux chefs de ces maisons le titre de prieur conventuel. Les abbayes au
Moyen Âge. Le monde théoriquement clos des abbayes, bâties dans des lieux solitaires, à l'écart du monde, est un
foyer culturel intense, auquel le Moyen Âge doit l'essentiel de sa spiritualité ainsi que les progrès de son économie
agricole et de ses techniques préindustrielles. En fait, les monastères sont les grands centres intellectuels de l'époque.
Dans leurs scriptoria - lieux où les moines copient les manuscrits -, le savoir et la pensée se transmettent. Le
rayonnement des abbayes, leur richesse croissante permettent non seulement l'épanouissement de l'architecture
religieuse, mais aussi celui des arts: peinture, sculpture, enluminure, vitrail ou orfèvrerie. Centres techniques évolutifs
(défrichement, assèchement, exploitation des terres), certaines abbayes (telle Cluny) ont une grande influence
politique. Les abbayes, dont l'organisation est fondée sur le respect de la liturgie et du travail manuel, interviennent
sur le plan de la vie sociale en étendant leur protection aux populations rurales. Par ailleurs, en envoyant des
missionnaires aux quatre points cardinaux, elles vont évangéliser les peuples «barbares« (en Angleterre, en
Germanie, en Scandinavie ou en Europe centrale). Ainsi, au début du XIIe s., quelque 1 500 maisons abritant 10
000 moines dépendent de l'abbaye bénédictine de Cluny. Cette importante expansion de Cluny, si elle contribue au
développement de la vie spirituelle et à l'épanouissement de l'art roman, met pourtant en péril, par les richesses
qu'elle accumule, les principes mêmes d'austérité et d'humilité de la règle bénédictine. C'est en réaction contre ce
relâchement des abbayes bénédictines de Cluny - de plus en plus manifeste dans le luxe des églises et dans
l'abandon progressif des travaux manuels, confiés à des serfs - qu'en 1098 l'ordre de Cîteaux est fondé. Prônant le
retour à l'austérité et au travail dans un idéal de pauvreté et de renoncement absolu, les cisterciens établissent de
nombreuses maisons en France et à l'étranger (525 abbayes à la fin du XIIe s., près de 700 à la fin du XIIIe s.).
Mais au début du XIVe s., l'ordre de Cîteaux déclinera à son tour et permettra aux ordres mendiants (Franciscains
et Dominicains, établis dans les villes) de se développer. Crises et déclin. Après les nombreuses crises de la
Renaissance et de la Réforme, on compte en France, à l'aube de la Révolution, environ 1 200 abbayes, dont 434
sont régulières et les autres en commende (l'ordre de Cluny ne comptant plus que 36 maisons et 280 religieux). La
Révolution leur porte le coup de grâce. Par le décret du 13 février 1790, les ordres religieux à voeux solennels sont
interdits. Aux XIXe s., dom Guéranger sera l'artisan du renouveau du phénomène monastique. Des abbayes sont
constituées ou ressuscitées, telles celles de Maredsous en Belgique, de Beuron en Allemagne, de Solesmes en
France. V. DOSS monachisme et ordres religieux.
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