« A une passante » in LES FLEURS DU MAL , section : « Les Tableaux parisiens » (XCIII)
Publié le 22/06/2021
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Objet d’Etude n°4 : « La poésie du XIX ° au XXI ) siècle »
Explication linéaire PERSONNELLE V.
Bernard
« A une passante » in LES FLEURS DU MAL , section : « Les Tableaux parisiens » (XCIII)
INTRODUCTION : « A une Passante » est un sonnet intégré à la section de Les Fleurs du Mal intitulée « Tableaux
parisiens » et qui ouvre l’évocation des rues de la capitale contemporaine au poète, la mise en scène et en vers de
rencontres réelles ou rêvées.
C’est dans la réédition augmentée de 1861 que le poème apparaît.
« A une passante »
pourrait se définir comme le récit d’une rencontre amoureuse, d’un « coup de foudre » à la manière des romans, si ce
n’est que l’image originale de la femme contenue dans le poème, et la signification spirituelle que le narrateur confère
à cette beauté s’inscrivent de façon intéressante dans le parcours associé : « alchimie poétique :la boue et l’or ».
REMARQUE PREALABLE
En effet, le sonnet fonctionne, en une première partie (v.1 à 9) qui est consacrée à l’apparition de la
femme , puis, lui répond la seconde (v.9 à 14), correspondant à une méditation du narrateur, celui-ci
analysant les répercussions intérieures provoquées en lui par cet événement.
Cette structure binaire peut
aussi s’analyser au niveau des temps verbaux : passé simple / imparfait de 1 à 9, temps du discours (présent,
passé composé, futur) de 9 à 14.
Vers 1 : mise en place du cadre, un décor hostile.
Le premier vers du poème place le narrateur au centre du poème (« autour de moi ») et décrit le cadre de
l’action, en mettant l’accent sur le bruit de la rue (« assourdissante », « hurlait »).
Le vers comporte des
insistances phonétiques : allitération en /r/ (4), assonances en /u/ et /ou/ (2 fois chaque son) qui imitent par
leur dureté (/r/) leur stridence (/u/) ou leur gravité (/ou/) l’atmosphère sonore agressive de la rue.
L’effet est
amplifié par le double hiatus symétrique du début et de la fin du vers : « rue-assourdissante » (hiatus /u-a/) et
« autour de moi-hurlait » (hiatus /a-u/).
L’hiatus, qui rend la phrase difficile à articuler, a toujours pour effet
d’amplifier la rugosité d’un vers==)brouhaha .
Vers 2-5 : la femme en mouvement.
Les vers 2 à 5 présentent la passante en suggérant la progression de la
vision : simple silhouette au départ (« Longue, mince … »), puis la vision semble se rapprocher et se détailler (la
main au vers 3, la jambe au vers 5).
Le vers 5 correspond à une immobilisation de la vision sur une image fixe
(« sa jambe de statue »).
Le poète fait monter le suspens en faisant précéder l’arrivée du mot « femme » par une énumération de
quatre adjectifs et noms apposés, au vers 2
Les vers 3 et 4 prolongent cet effet d’allongement par l’enjambement du vers 3 sur le vers 4 (Baudelaire
affectionne l’effet d’amplitude obtenu en faisant déboucher un enjambement sur un vers à syntaxe
énumérative régulièrement rythmé.
On remarquera la symétrie des deux participes présents, séparés par une virgule, puis celle des deux
groupes nominaux coordonnés par « et ».
Cette organisation syntaxique accentue le rythme 3/3 et lui donne
son sens : celui-d’un va et vient régulier, accordé au pas de la passante et au mouvement de son bras guidant
les ondulations de sa robe.
Le mouvement semble s’immobiliser au vers 5 avec la comparaison « sa jambe de statue ».
Cet arrêt sur
image représente peut-être comme une image mentale idéalisée, la dernière que conservera le narrateur
après la disparition de la passante..
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