A-t-on raison de penser que Saint-Denys Garneau et Émile Nelligan présentent, dans Cage d'oiseau et Les Corbeaux, une même vision de la fatalité ? Discutez.
Publié le 17/05/2020
Extrait du document
«
A-t-on raison de penser que Saint-Denys Garneau et Émile Nelligan présentent, dans Cage d'oiseau et Les Corbeaux, une même vision de la fatalité ? Discutez.
1.
Plan dialectique
Thèse : oui, la fatalité est abordée de la même façon dans les poèmes des deux auteurs.
Paragraphe de la thèse :
Argument 1 : En premier lieu, dans les deux poèmes, la fatalité est associée à la mort.
Sous-argument 1.1 : En effet, dans Les Corbeaux d’Émile Nelligan, la fatalité est indissociable de la mort.
« Or, cette proie échue à ces démons des nuitsN’était autre que ma Vie en loque, aux ennuisVastes qui tournant sur elle ainsi toujours » (v.9-11)
Sous-argument 1.2 : De plus, dans Cage d’oiseau, d’Hector de Saint-Denys Garneau, la fatalité est liée à la mort.
« Il ne pourra s’en allerQu’après avoir tout mangéMon cœurLa source du sangAvec la vie dedans » (v.19-23)
Paragraphe d’antithèse :
Argument 2 : En deuxième lieu, les deux poèmes abordent la fatalité de façons différentes.
Sous-arguments 2.1 : En effet, dans Les corbeaux d’Émile Nelligan, la mort est montrée comme une entité envahissante, qui vient de l’extérieur.
Champ lexical : « en cercle » (v.5) et « tournant » (v.11)
Sous-arguments 2.2 : De plus, dans Cage d’os d’Hector de de Saint-Denys Garneau, la mort provient de l’intérieur.
« Je suis une cage d’oiseauUne cage d’osAvec un oiseau
L’oiseau dans ma cage d’osC’est la mort qui fait son nid » (v.1-5)
Synthèse :
Argument 3 : Malgré que la menace des oiseaux provienne de l’intérieur et de l’extérieur des victimes, la fatalité reste tout de même abordée de la mêmemanière.
En effet, la mort étant omniprésente, même si la provenance diffère, le résultat reste le même.
C’est-à dire qu’ils seront « dévor[és] en entier » (v.14)et « tou[s] mangé[s] » (v.20).
2.
Rédaction
Dans les deux poèmes étudiés, Garneau et Nelligan ont une même vision de la fatalité, c’est-à-dire qu’ils associent la fatalité à la mort.
En effet, dans LesCorbeaux d’Émile Nelligan, la fatalité est indissociable de la mort.
L’auteur écrit :
« Or, cette proie échue à ces démons des nuits
N’était autre que ma Vie en loque, aux ennuis » (v.9-10)
La « Vie » de l’auteur est personnifiée dans le poème, de manière à l’imager et rendre le danger de mort tangible et immédiat.
Les « démons des nuits », quisont les corbeaux, sont apporteurs de la fin pour lui, puisqu’ils viennent directement de l’enfer, où les décédés vont.
D’ailleurs, en se définissant comme uneproie des corbeaux, Nelligan rend l’avènement de sa mort comme une fin en soi non évitable.
Une proie a rarement l’occasion de combattre, surtout quandcelle-ci est déjà en loque.
De plus, dans Cage d’oiseau, d’Hector de Saint-Denys Garneau, la fatalité est aussi liée à la mort.
Effectivement, lorsque que l’auteurécrit
« Il ne pourra s’en aller
Qu’après avoir tout mangé
Mon cœur
La source du sang
Avec la vie dedans » (v.19-23)
On peut constater que la mort est un événement imminent car il se fait dévorer de l’intérieur par l’oiseau, jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de lui.
L’auteuremploie un déterminant possessif avec «Mon cœur», de manière à sensibiliser le lecteur face au destin tragique de Garneau.
L’appartenance du cœur est sanséquivoque.
Ce dernier savait qu’il était atteint de graves problèmes de cœur.
D’ailleurs, ce fut la cause de sa mort [1].
Les deux auteurs ont donc intimement liéla fatalité et la mort dans leur poème.
En deuxième lieu, les deux poèmes abordent la fatalité de façons différentes.
En effet, dans Les corbeaux d’Émile Nelligan, la mort est montrée comme uneentité envahissante, qui vient de l’extérieur.
En utilisant des mots comme « en cercle » (v.5) et « tournant » (v.11), Nelligan met l’accent sur l’aspectsubmergeant des corbeaux sur leur proie, sa « Vie ».
Une image de cercle est ainsi créée, la victime étant à l’intérieur.
Sa vie est atteinte et mise en péril parautrui, car Émile voit les autres comme une menace, lui qui fut interné par ses parents à l’âge de 19 ans car il souffrait de graves psychoses [2].
La fatalité vientde l’extérieur.
D’autre part, dans Cage d’os d’Hector de de Saint-Denys Garneau, la mort provient de l’intérieur.
Certes, l’auteur écrit
« Je suis une cage d’oiseau
Une cage d’os
Avec un oiseau
L’oiseau dans ma cage d’os
C’est la mort qui fait son nid » (v.1-5).
»
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