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A propos des utopies, le philosophe contemporain Cioran affirme : « La nouvelle terre qu'on nous annonce affect de plus en plus la figure d'un nouvel enfer. » Expliquez et discutez cette affirmation en vous appuyant sur le corpus et vos lectures personnelles ?

Publié le 08/12/2021

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : A propos des utopies, le philosophe contemporain Cioran affirme : « La nouvelle terre qu'on nous annonce affect de plus en plus la figure d'un nouvel enfer. » Expliquez et discutez cette affirmation en vous appuyant sur le corpus et vos lectures personnelles ?. Ce document contient 860 mots. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système d’échange gratuit de ressources numériques ou achetez-le pour la modique somme d’un euro symbolique. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en : Littérature
A propos des utopies, le philosophe contemporain Cioran affirme : « La nouvelle terre qu'on nous annonce affecte de plus en plus la figure d'un nouvel enfer. » Expliquez et discutez cette affirmation en vous appuyant sur le corpus et vos lectures personnelles ?   A partir du début du XIXe siècle, les utopies qui apparaissent prennent une fonction déviée par rapport au genre inauguré par Thomas More en 1516 : le socialisme utopique du XIXe est orienté vers l'idée d'une réalisation concrète, tandis que l'ouvrage de More, Utopia, avait plus une fonction d'outil critique de la société contemporaine. Parallèlement, le discours change : le communisme, théorisé par Marx, devient une fin possible à atteindre et dont il faut accélérer l'avènement. Les accents messianiques de ce discours sont soulignés par l'expression de Cioran : "la nouvelle terre qu'on nous annonce"; ce changement de statut de l'utopie est problématique : doit-elle rester "utopique"? ne risque-t-elle pas, en imprimant une action au réel, de devenir "diabolique"?   I. Annoncer l'avènement d'un monde meilleur   Marx, dans le Capital, démonte les ressorts de l'histoire et de la société d'un point de vue économique : l'homme, pour vivre, doit reproduire les biens nécessaires à sa vie; dans ce but il s'unit à d'autres hommes, ils mettent en commun leurs forces productives; la nature de ces forces (bras, puis outils, puis machines) en changeant elle-même change les "rapports de production" dans la société : ces rapports délimitent l'accès aux forces productives. Ainsi dans la société capitaliste, la bourgeoisie a seule accès aux forces de production (elle possède les entreprises et les machines) et a donc prédominance sur la classe ouvrière. Le texte affirme que le moteur de l'histoire est, avant la lutte des classes, le développement des forces productives (ici, le machinisme).

« A propos des utopies, le philosophe contemporain Cioran affirme : « La nouvelle terre qu'on nous annonce affecte deplus en plus la figure d'un nouvel enfer.

» Expliquez et discutez cette affirmation en vous appuyant sur le corpus etvos lectures personnelles ? A partir du début du XIXe siècle, les utopies qui apparaissent prennent une fonction déviée par rapport au genreinauguré par Thomas More en 1516 : le socialisme utopique du XIXe est orienté vers l'idée d'une réalisationconcrète, tandis que l'ouvrage de More, Utopia, avait plus une fonction d'outil critique de la société contemporaine.Parallèlement, le discours change : le communisme, théorisé par Marx, devient une fin possible à atteindre et dont ilfaut accélérer l'avènement.

Les accents messianiques de ce discours sont soulignés par l'expression de Cioran : "lanouvelle terre qu'on nous annonce"; ce changement de statut de l'utopie est problématique : doit-elle rester"utopique"? ne risque-t-elle pas, en imprimant une action au réel, de devenir "diabolique"? I.

Annoncer l'avènement d'un monde meilleur Marx, dans le Capital, démonte les ressorts de l'histoire et de la société d'un point de vue économique : l'homme,pour vivre, doit reproduire les biens nécessaires à sa vie; dans ce but il s'unit à d'autres hommes, ils mettent encommun leurs forces productives; la nature de ces forces (bras, puis outils, puis machines) en changeant elle-mêmechange les "rapports de production" dans la société : ces rapports délimitent l'accès aux forces productives.

Ainsidans la société capitaliste, la bourgeoisie a seule accès aux forces de production (elle possède les entreprises et lesmachines) et a donc prédominance sur la classe ouvrière.Le texte affirme que le moteur de l'histoire est, avant la lutte des classes, le développement des forces productives(ici, le machinisme).

Or, Marx présente celles-ci comme ayant leur devenir propre; s'appuyant sur cette idée,il rendinéluctable ce qui devrait suivre : la diminution progressive du nombre de possédants, parallèlement à l'augmentationdu nombre d'ouvriers; jusqu'à arriver au renversement opéré par la révolution prolétarienne, qui permettra que lesforces de production tombent aux mains des ouvriers, dans la "dictature des prolétaires".On remarque un élément nouveau par rapport aux utopies traditionnelles : celle-ci affirme que son modèle estréalisable, et plus : inéluctable.

II.

Les défaillances d'un tel système, appliqué à la réalité _C.

Castoriadis, L'institution imaginaire de la société : il exprime l'idée que dans une telle société, fondéeentièrement sur l'idéologie marxiste et sur la reconnaissance de sa viabilité, la direction du développement devraitêtre entièrement confiée aux techniciens de cette rationalité marxiste : ils sont en effet fondés en raison à avoir lepouvoir.

Ce qui aboutirait à un exercice absolu du pouvoir, aux mains des "savants" isolés; tandis que les travailleursne pourraient montrer qu'ils ont conscience de leur mission qu'en obéissant au mot d'ordre.

_Claude Lefort fait une critique du marxisme en s'appuyant sur la dérive totalitaire de l'URSS : il dénonce dans un telrégime l'identification du peuple au prolétariat, du prolétariat au parti et du parti à l'organe dirigeant: cette tentativedévoile le fantasme d'une société totalement homogène, soudée, comme un corps soudé à sa tête.

Il donne commemodèle opposé celui de la démocratie, qui repose sur une perpétuelle tension entre les différentes composantes dela société, en allant souvent à la limite de la fracture; à l'inverse, dans la société totalitaire, les dirigeants, maîtresde l'idéologie, concentrent Pouvoir, Loi et Savoir (pôles qui sont séparés dans la démocratie).

III.

La fonction de l'utopie doit être cantonnée à l'imaginaire social _Miguel Abensour, Le procès des maîtres-rêveurs : il rappelle que l'utopie est avant tout un genre littéraire, qui apris naissance dans un texte, Utopia.

Fourier, créateur de l'utopie du Phalanstère, dit que seuls les "imbéciles et lesphilosophes" prennent l'utopie au pied de la lettre.

Utopia se moque discrètement de grands personnages del'Angleterre et de l'époque, et esquisse les traits d'un traité politique; ce texte a pour fonction de contraindre lelecteur à réfléchir à ce que pourrait être une société bien réglée, en le faisant voir celle qu'il connaît avec des yeuxnouveaux (par la transplantation dans un non-lieu, l'île d'Utopia).

Dans Arcane 17, André Breton définit les deux facettes de l'utopie : positive: "désir sans fin du mieux-être politique"mais ambiguë : "hardiesse sans limite".

Cioran reprend cette ambiguïté de façon plus radicale en opposant l'universmessianique et mythique des "nouvelles terres" annoncées à "l'enfer".

Cette déviance de l'utopie, vérifiée dansl'histoire, peut en partie s'expliquer par l'erreur fondamentale qui consiste à la prendre au pied de la lettre : l'utopieest à l'origine un genre littéraire, une écriture rusée, qui doit déjouer à la censure (Rabelais a dû se cacher, More aété décapité).. »

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