A l'aube du XXIème siècle, le genre romanesque est remis en question : après la crise du personnage et «l'ère du soupçon », les lecteurs doutent de plus en plus de la réalité des personnages romanesques, ilspréfèrent croire les images ayant une valeur considérée comme objective.
Publié le 18/05/2020
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A l’aube du XXIème siècle, le genre romanesque est remis en question : après la crise du personnage et «
l’ère du soupçon », les lecteurs doutent de plus en plus de la réalité des personnages romanesques, ils
préfèrent croire les images ayant une valeur considérée comme objective.
C’est pour cette raison qu’ils
réclament de plus en plus de biographies, des récits de voyage, c'est-à-dire les « petits faits vrais » que
Sarraute avait déjà désignés dans son essai « L’Ere du soupçon » comme ayant d’ « incontestables
avantages » sur « l’histoire inventée ».
Ce constat amène à l’interrogation suivante qui devient de plus
essentielle : « A quelles conditions un personnage de roman peut -il passer pour réaliste ? »
Il est vrai que, depuis sa création au Moyen Age, le genre romanesque a cherché, de plus en plus à atteindre
les réalités.
Au départ, les romans de chevalerie, comme ceux de Chrétien de Troyes, mêlaient légendes et
aventures fantasques, héros idéaux, courtois sans défauts qui triomphaient dans un univers manichéen,
taillé sur mesure pour vanter leurs exploits.
On est encore très loin du personnage réaliste.
En effet, la
première condition pour créer un personnage réaliste, c’est de regarder dans un miroir et non dans un
portrait.
On y voit le laid comme le beau, le sacré comme le profane et surtout le romancier s’ouvre à la
complexité de l’Homme pour créer
des personnages dialectiques, complexes, divisés à l’inverse des idées pures qui tiennent un discours
unilatéral.
Trois conditions sont essentielles pour qu’un personnage de roman puisse passer pour réaliste : il doit
d’abord être un Homme, animal de la famille des hominidés, être social jouissant d’une conscience d’être et
subissant des pulsions inconscientes.
Il doit être présenté à l’intérieur d’un milieu social, légal et physique qui
prend en compte les réalités de l’époque choisis par le romancier.
Enfin, ce ne doit être ni un symbole, ni une
allégorie (si le père Goriot est la paternité il n’est pas un personnage réaliste), c’est pour cela que le
Nouveau Roman se dirigera vers l’anonymat total du personnage.
Le personnage réaliste est « un homme,
fait de tous les hommes et sui les vaut tous, et qui vaut n’importe qui », le personnage doit être au dessus de
tout soupçon.
Cette citation des Mots de Sartre conduit à ce raisonnement, extrêmement simple, mais principe de base à la
création d’un personnage réaliste : le personnage est un être humain.
Or un être humain, c’est d’abord une
réalité physique : composé d’eau, de chair et d’os, le mammifère de la famille des hominidés est le premier
référent pour le personnage.
Il mange, boit, dort et se reproduit ; activités que les personnages pratiquent
peur avant le XVIIIème siècle.
Le roman est un monde.
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