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A la question : qu'y a-t-il de vrai dans vos histoires? le romancier contemporain Michel Tournier avoue être tenté de répondre : « Rien, j'ai tout inventé. » Pensez-vous, d'après vos lectures, que tout soit inventé dans les romans ?

Publié le 09/12/2021

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : A la question : qu'y a-t-il de vrai dans vos histoires? le romancier contemporain Michel Tournier avoue être tenté de répondre : « Rien, j'ai tout inventé. » Pensez-vous, d'après vos lectures, que tout soit inventé dans les romans ?. Ce document contient 1199 mots. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système d’échange gratuit de ressources numériques ou achetez-le pour la modique somme d’un euro symbolique. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en : Littérature
De la même façon, Flaubert, romancier réaliste, décrit dans les plus grands détails la casquette de Charles Bovary et la pièce montée de son mariage, Zola s'est longuement documenté dans des livres et par des témoignages directs sur la vie des mineurs, leur travail, leurs maladies, avant d'écrire Germinal. Même Gérard de Villiers va passer quelques semaines dans chaque pays où il situe l'action de ses SAS. C'est toujours l'idée des théoriciens réalistes, les Goncourt, et plus tard Maupassant, dans La Préface de Pierre et Jean, d'après lesquels seule une accumulation de détails permet de traduire le vrai. Tout n'est pas toujours invention non plus dans les personnages, ou dans l'histoire : ainsi Stendhal pour Le Rouge et le Noir, Flaubert pour Madame Bovary, se sont inspirés de faits divers de leur époque : c'est alors une transposition dans le roman. Certaines tendances autobiographiques apparaissent dans l'Éducation sentimentale, où Flaubert transpose sur Frédéric et Madame Arnoux son amour de jeunesse pour Élise Schlesinger, dans A la Recherche du Temps perdu, où Proust retrouve la mémoire disparue de son enfance et de son adolescence, pour en arriver à sa vie d'adulte, dans L'Immoraliste, où Gide se confie sur ses tendances et ses amours particulières. Enfin certains romans historiques ou d'actualité, prennent largement leur matière dans la réalité plus que dans l'invention : Henri Troyat part de l'histoire de la Russie quand il écrit Catherine II ou Ivan le Terrible, Françoise Giroud fait un amalgame de Présidents de la République et utilise sa connaissance de la vie politique pour écrire Le Bon Plaisir. Tout n'est pas inventé dans le roman, tout n'est pas copié non plus sur la réalité, c'est plutôt une « recréation », une transposition. En effet, si le romancier n'inventait rien, il pourrait seulement écrire des ouvrages historiques peu romancés, des rapports sociologiques, ou des articles de journaux. Ceux qui ont vraiment tenté cette peinture de la réalité sans invention ont abouti à un échec : les Goncourt, en décrivant dans sa totalité une opération chirurgicale, sans aucun choix des détails, ont abouti à la rédaction d'un rapport médical long, ennuyeux, obscur, illisible, sans aucun fil conducteur; Albert Camus, dans La Peste, montre l'échec de l'art photographique dans la tentative avortée que fait Grandet pour décrire parfaitement l'image de la belle Amazone au Bois de Boulogne. Les romanciers réalistes qui ont écrit de grands romans ont compris qu'une part d'invention était nécessaire, dans une « recréation » qui permet de transposer la réalité, et ainsi d'aboutir au naturel.

« A la question : qu'y a-t-il de vrai dans vos histoires? le romancier contemporain Michel Tournier avoue êtretenté de répondre : « Rien, j'ai tout inventé.

» Pensez-vous, d'après vos lectures, que tout soit inventédans les romans? On s'interroge souvent sur la part du vrai et de la fiction dans le roman, certains considèrent que « c'est du roman», donc une œuvre d'imagination, d'autres pensent au contraire qu'il se rapproche souvent de la réalité.

MichelTournier, écrivain contemporain à qui l'on demandait ce qui était vrai dans ses romans, avait envie de répondre : «Rien, j'ai tout inventé.

» Est-ce une boutade, ou l'aboutissement d'une réflexion ?Sans doute le roman est invention, mais il comporte beaucoup de réalité, et il est bien plus une recréation qu'unesimple œuvre d'imagination.Le roman est invention, c'est l'opinion la plus courante, aussi bien pour l'histoire et les personnages que pour lecadre, semble-t-il.C'est l'impression que donnent de nombreux romans au lecteur : la Princesse de Clèves n'a jamais existé que dansl'imagination de Madame de La Fayette, et ses sentiments pour le duc de Nemours ne retracent pas une réalitéhistorique.

Au XIXe siècle, les personnages de La Chartreuse de Parme, Fabrice del Dongo, Clélia Conti et laduchesse Sanseverina ne représentent pas des personnages précis de la Cour de Parme, le Père Goriot n'est pas unhomme qu'a connu Balzac, et son dévouement excessif à ses filles n'est pas un compte-rendu d'un drame réel.

Demême dans les romans policiers d'Agatha Christie, ou les romans modernes de Françoise Sagan, ni l'histoire ni lespersonnages ne semblent vrais : ils sont inventés.Le cadre est parfois aussi sorti de l'imagination de l'auteur, même si on remarque que c'est plus rare : c'est le casdes romans de science-fiction, tels ceux de Pierre Boulle ou des OMS, c'est le cas des contes de fées, qu'on peutpeut-être assimiler au roman : le château de La Belle au Bois Dormant est tout à fait fantastique : c'est plussouvent un cadre modifié, un mélange entre différents cadres, c'est ainsi qu'il n'y a pas de Chartreuse à Parme, etque la Cour de Henri II décrite dans la Princesse de Clèves est bien plus souvent celle de Louis XIV.C'est donc bien la définition même du roman : quand on dit à quelqu'un qu'il « raconte des romans », on peut direqu'il raconte des mensonges ; et on peut penser d'autre part que si le lecteur lit des romans, c'est pour s'évaderdans un autre monde, et non pour retrouver sa réalité quotidienne.Malgré son caractère de fiction, on ne peut oublier que le roman comporte beaucoup de réalité, dans les romansréalistes bien sûr, mais aussi dans beaucoup d'autres types de romans.Les descriptions minutieuses qui commencent les romans de Balzac paraissent souvent Bien loin de l'invention :avant d'en venir au caractère d'Eugénie Grandet, l'auteur écrit de longues pages sur la ville de Tours, le quartier, larue, l'extérieur de la maison, l'intérieur et enfin l'apparence de la jeune fille et de son entourage.

De la même façon,Flaubert, romancier réaliste, décrit dans les plus grands détails la casquette de Charles Bovary et la pièce montéede son mariage, Zola s'est longuement documenté dans des livres et par des témoignages directs sur la vie desmineurs, leur travail, leurs maladies, avant d'écrire Germinal.

Même Gérard de Villiers va passer quelques semainesdans chaque pays où il situe l'action de ses SAS.

C'est toujours l'idée des théoriciens réalistes, les Goncourt, et plustard Maupassant, dans La Préface de Pierre et Jean, d'après lesquels seule une accumulation de détails permet detraduire le vrai.Tout n'est pas toujours invention non plus dans les personnages, ou dans l'histoire : ainsi Stendhal pour Le Rouge etle Noir, Flaubert pour Madame Bovary, se sont inspirés de faits divers de leur époque : c'est alors une transpositiondans le roman.

Certaines tendances autobiographiques apparaissent dans l'Éducation sentimentale, où Flauberttranspose sur Frédéric et Madame Arnoux son amour de jeunesse pour Élise Schlesinger, dans A la Recherche duTemps perdu, où Proust retrouve la mémoire disparue de son enfance et de son adolescence, pour en arriver à savie d'adulte, dans L'Immoraliste, où Gide se confie sur ses tendances et ses amours particulières.

Enfin certainsromans historiques ou d'actualité, prennent largement leur matière dans la réalité plus que dans l'invention : HenriTroyat part de l'histoire de la Russie quand il écrit Catherine II ou Ivan le Terrible, Françoise Giroud fait un amalgamede Présidents de la République et utilise sa connaissance de la vie politique pour écrire Le Bon Plaisir.Tout n'est pas inventé dans le roman, tout n'est pas copié non plus sur la réalité, c'est plutôt une « recréation »,une transposition.En effet, si le romancier n'inventait rien, il pourrait seulement écrire des ouvrages historiques peu romancés, desrapports sociologiques, ou des articles de journaux.

Ceux qui ont vraiment tenté cette peinture de la réalité sansinvention ont abouti à un échec : les Goncourt, en décrivant dans sa totalité une opération chirurgicale, sans aucunchoix des détails, ont abouti à la rédaction d'un rapport médical long, ennuyeux, obscur, illisible, sans aucun filconducteur; Albert Camus, dans La Peste, montre l'échec de l'art photographique dans la tentative avortée que faitGrandet pour décrire parfaitement l'image de la belle Amazone au Bois de Boulogne.Les romanciers réalistes qui ont écrit de grands romans ont compris qu'une part d'invention était nécessaire, dansune « recréation » qui permet de transposer la réalité, et ainsi d'aboutir au naturel.

Flaubert ne décrit les objets quedans la mesure où ils font comprendre les personnages auxquels ils appartiennent, ce qui est le cas de la casquettede Charles, et quand il part d'un fait divers, il supprime les faits significatifs pour ne garder que les plus importants.D'autres partent de personnages réels, mais de plusieurs pour en décrire un seul : c'est bien un travail de création.En effet, la réalité est opaque et confuse, et le rôle de la littérature est de la styliser pour la rendre compréhensible: tout est transposition dans le roman, comme dans l'ensemble de la littérature, la peinture, ou la musique.La réponse de Michel Tournier comporte une part de vérité sous un aspect plaisant, mais elle paraît excessive.

Il n'apas pu tout inventé, mais il a « réinventé » une réalité pour en faire un roman, une œuvre d'art.

Il n'a pu s'empêcherde suivre le conseil de Paul Valéry : « Comment ne pas choisir le meilleur dans ce vrai sur quoi l'on opère ? Commentne pas souligner, arrondir, colorer, chercher à faire plus net, plus fort, plus troublant, plus intime, plus brutal que lemodèle? En littérature, le vrai n'est pas concevable.

». »

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