« À la limite, l'homme le plus civilisé d'aujourd'hui pourrait être illettré » a dit Georges Gusdorf. Vous montrerez cependant que l'homme moderne ne peut se passer de la littérature.
Publié le 09/12/2021
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Analyse du sujet et problématisation : Georges Gusdorf met en doute l'intérêt de la littérature pour l'homme. Son propos « à la limite, l'homme le plus civilisé d'aujourd'hui pourrait être illettré » tend à disqualifier l'appartenance de la littérature à la civilisation moderne. (illettré ne doit pas être ici entendu au sens littéral de « ne sachant pas lire » mais dans le sens figuré de « ne connaissant pas la littérature ») La littérature n'est plus, selon lui, ce qui permet de civiliser l'homme moderne, c'est-à-dire de le rendre apte à vivre en société. Sous ce propos on peut déceler le présupposé que d'autres formes de savoir ont remplacé aujourd'hui la littérature dans la formation de l'homme à la vie sociale ( les sciences humaines notamment, à l'époque de Gusdorf, mais aussi les médias à notre époque) Le sujet invite d'emblée à dénoncer cette affirmation en montrant que la littérature est indispensable à l'homme moderne, à son insertion dans la société. Problématique : En quoi la littérature participe-t-elle à construction de l'homme civilisé ? Quel est le rôle de la littérature pour la société moderne ?
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Analyse du sujet et problématisation :Georges Gusdorf met en doute l'intérêt de la littérature pour l'homme.
Son propos « à la limite, l'homme le pluscivilisé d'aujourd'hui pourrait être illettré » tend à disqualifier l'appartenance de la littérature à la civilisationmoderne.
( illettré ne doit pas être ici entendu au sens littéral de « ne sachant pas lire » mais dans le sens figuré de « ne connaissant pas la littérature »)La littérature n'est plus, selon lui, ce qui permet de civiliser l'homme moderne, c'est-à-dire de le rendre apte à vivreen société.
Sous ce propos on peut déceler le présupposé que d'autres formes de savoir ont remplacé aujourd'hui lalittérature dans la formation de l'homme à la vie sociale ( les sciences humaines notamment, à l'époque de Gusdorf,mais aussi les médias à notre époque)Le sujet invite d'emblée à dénoncer cette affirmation en montrant que la littérature est indispensable à l'hommemoderne, à son insertion dans la société.
Problématique : En quoi la littérature participe-t-elle à construction de l'homme civilisé ? Quel est le rôlede la littérature pour la société moderne ?
I) La littérature participe de la formation de l'homme moderne 1) La formation culturelle et historique : la littérature comme patrimoine indispensable La littérature constitue un patrimoine culturel et historique indispensable à la formation de l'homme moderne « civilisé ».
En effet, celui-ci a besoin de connaître es fondements de sa civilisation pour pouvoir construire dunepart sa propre identité et d'autre part celle de sa société, de son pays, etc…Certains écrivains du passé, par ladescription qu'il font de la société de leur temps peuvent avoir valeur de documents historiques pour l'hommemoderne représentant non seulement une époque précise de sa civilisation , mais aussi un rapport à l'écriture, untype de littérature s'inscrivant dans un héritage indispensable pour la littérature moderne. Ex :· Romans de Zola et Balzac · Les comédies de Molière 2) Un moyen d'éducation politique et sociale La littérature forme par ailleurs l'esprit moderne à la vie politique et sociale.
Elle se présente encore aujourd'hui comme un élément indispensable à l'homme moderne pour comprendre les mécanismes de la société danslaquelle il vit.
La fiction littéraire a un pouvoir de figuration indéniable qui marque souvent plus fortement les espritsque l'analyse médiatique ou scientifique. Ex : L'analyse pointue de la société japonaise dans Stupeur et Tremblements d'Amélie Nothomb. 3) Une formation à l'esprit critique Par sa figuralité même, la littérature forme en outre l'homme moderne à l'exercice d'une analyse et d'un esprit critique : il s'agit de dépasser les images apparentes pour analyser les véritables mécanismes de la société.
Lelecteur est donc invité à affiner ses analyses : il est mieux armé ensuite pour comprendre le monde dans lequel il vit,pour interpréter les images qui s'offrent quotidiennement à lui.
II) La lecture reste un plaisir indispensable à l'homme moderne L'homme moderne « civilisé » est aussi un homme du monde, dont la sociabilité est aussi orientée par la notion dedivertissement.
La littérature demeure un véritable divertissement souvent jugé élitiste ; elle est un plaisirindispensable à l'épanouissement de l'homme moderne. 1) Le plaisir de l'évasion La fonction divertissante de la littérature tient au plaisir de l'identification et de l'abandon dans un voyage imaginaire auquel elle convie.
La littérature a donc ici pour but de charmer le lecteur, de le faire voyager dans unmonde imaginaire le temps de la lecture, un monde dont il peut être le héros en s'identifiant au protagoniste.
Cetteposture de lecture c'est celle du petit Marcel dans La Recherche du temps perdu (Proust), à qui sa mère raconteFrançois Le Champi , roman qu'il ne comprend pas totalement (d'autant plus que sa mère censure certain passage) mais qui prend pour lui une aura mystérieuse délicieuse.
Cette posture identificatoire est souvent celle de l'enfant-lecteur ; entre l'enfant et le héros d'un livre, il y a souvent une amitié imaginaire qui se tisse.
Ce plaisir de l'évasionlittéraire est universel et intemporel. 2) Le plaisir des mots Objet d'une recherche plus élitiste, le plaisir des mots justifie aussi l'intérêt de la littérature pour l'homme moderne.
Le plaisir d'une langue travaillée, harmonieuse, appel direct aux sens ou à l'esprit est encore procuré par lalittérature dans notre monde moderne.
Cet intérêt pour la langue et les mots apparaît d'autant plus fort qu'il estrelié par ce que l'on peut considérer comme des descendants modernes de la poésie : le rap ou le slam.La littérature, sous ces formes nouvelles, se manifeste donc bien au cœur de la vie sociale et de la civilisationmoderne..
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