A. de Musset écrivait, dans un article publié le 1er novembre 1838, dans la Revue des Deux Mondes, sous le titre De la tragédie, à propos de Mademoiselle Rachel : « Si les règles étaient des entraves inventées à plaisir pour augmenter la difficulté, mettre un auteur à la torture et l'obliger à des tours de force, ce serait une puérilité si sotte qu'il n'est guère probable que des esprits comme Sophocle, Euripide, Corneille s'y fussent prêtés. Les règles ne sont que le résultat des calc
Publié le 10/06/2020
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«
SUJET-,
A.de Musset écriva�t, dans un article publié le
1er novembre 1838, dans la Revue des Deux Mondes,
sous le titre De la tragédie, à propos de Mademoisellè
Rachel : c< Si les règles étaient des entraves inventées à
plaisir pour augmenter la difficulté, mettre un auteur
à la torture et l'obliger à des tours de force, ce serait
une puérilité si sotte qu'il n'est guère probable que des
esprits comme Sophocle, Euripide, Corneille s'y fussent
prêtés.
Les règles ne sont que le résultat des calculs
que-l'on a fàits sur les m�yens d'arriver au but qµe se
propose l'art.
Loin d'être des entraves ce sont des a�es,
des recettes, des secrets, des leviers.
Un architecte se
sert de roues, de poulies, de charpentes; _un poète se
sert de règles, et plus elles ser�mt exactement observées, ,,,
énergiquement employées, plus l'effet sera grand, le
· résultat solide; gardez-vous donc bien de les affaiblir,
si vous ne voulez vous affaiblir vous-même.
>l
Sa�g vous borner au problèm� de la tragédie, et en
situant votre analyse dan!? un .
canton et à une époque
de notre littérature choisis à votre gré, vous vous
interrogerez sur le rôle des règles dans la création litté-raire.
(E.
N.
S.
1946.)
lŒFLEXIONS PRtLIMINAIRES
1.
« Mademm'..çelle Rachel » était une tragédienne de grand talent qui
contri.bùa à faire rer>ÎPre la tragédie classique au théâtre et, en 1838,
les goûts de Musset le portaient de plus en plus Pers le « classicisme >l.
Toutefois la position du poète, qui se rallie à la théorie de la « règle
recette ll, de la« règle-calcul ))
1 ne
constitue nullement une réPolte contre
la doctrine romantique : celle-ci p_roscrit les règles en tant qu'elles
briment la liberté, mais non en tant qu'elles sont nécessaires à l' exis
tence même de l'art.
Cette position n'est d' ailleur8 pas.
neuve : non
seulement _c'est celle d'un Guizot dans la Vie de Shakespeare (1821),
mais encore c'est à peu de chose près celle ·que soutiennent les.
écri
vains classiques quand, s'opposant aux t< Doctes >i, ils prétendent que
le but Buprême de l'art ést de plaire et que les règles ne sont �>k>Ws
que des moyens·pour y parvenir.
2.
On distinguera donc le/ diver8 sens du mot règle (et pour éeùi' on
- B'appuiera fermement Bur l'histoire littéraire, sur des textes précis
d'auteurs ou de critiques) et on évitera surtout de l'employer globale
ment sans préciser à quelle acception exacte on se réf ère.
Autrement,
on tombera dans la discussion d: esthétique au sens le plus mgue de
ce terme..
»
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