A. COMTE: Toute opération humaine complète
Publié le 06/12/2021
Extrait du document
Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée :
« Toute opération humaine complète, depuis la plus simple jusqu'à la plus compliquée, exécutée par un seul individu ou par un nombre quelconque, se compose inévitablement de deux parties, ou, en d'autres termes, donne lieu à deux sortes de considérations : l'une théorique, l'autre pratique; l'une de conception, l'autre d'exécution. La première, de toute nécessité, précède la seconde, qu'elle est destinée à diriger. En d'autres termes, il n'y a jamais d'action sans spéculation préliminaire. Dans l'opération qui semble la plus purement routinière, cette analyse peut être observée, il n'y a de différence qu'en ce que la théorie est bien ou mal conçue. L'homme qui prétend, sur quelque point que ce soit, ne pas laisser diriger son esprit par des théories se borne, comme on sait, à ne pas admettre les progrès théoriques faits par ses contemporains, en conservant des théories devenues surannées longtemps après qu'elles ont été remplacées. Ainsi, par exemple, ceux qui affectent fièrement de ne pas croire à la médecine, se livrent d'ordinaire, avec une stupide avidité, au charlatanisme le plus grossier.
Dans la première enfance de l'esprit humain, les travaux théoriques et les travaux pratiques sont exécutés par le même individu pour toutes les opérations; ce qui n'empêche pas que, même alors, leur distinction, quoique moins saillante, ne soit très réelle. Bientôt ces deux ordres de
travaux commencent à se séparer, comme exigeant des capacités et des cultures différentes, et, en quelque sorte, opposées. A mesure que l'intelligence collective et individuelle de l'espèce humaine se développe, cette division se prononce et se généralise toujours davantage, et elle devient la source de nouveaux progrès. On peut vraiment mesurer, sous le rapport philosophique, le degré de civilisation d'un peuple par le degré auquel la division de la théorie et de la pratique se trouve poussée, combiné avec le degré d'harmonie qui existe entre elles. Car le grand moyen de civilisation est la séparation des travaux et la combinaison des efforts.
A. COMTE
QUESTIONNAIRE INDICATIF
· Importance de la position défendue dans la première phrase pour l'ensemble du texte?
- Importance de la notation « exécutée par un seul individu ou par un nombre quelconque » pour la cohérence de ce texte?
· Comment Auguste Comte rend-il compte de ce qui peut induire en erreur ceux qui ne pensent pas comme lui à cet égard?
- Que pensez-vous de l'exemple pris par Comte?
- Est-il une preuve ou une illustration de ce qu'il avance?
· Importance de la notation « ce qui n'empêche pas que, même alors, leur distinction quoique moins saillante, ne soit très réelle » pour la suite, et notamment pour la cohérence de la position de Comte?
· Pourquoi, selon Comte, peut-on « vraiment mesurer, sous le rapport philosophique, le degré de civilisation d'un peuple par le degré auquel la division de la théorie et de la pratique se trouve poussée, combiné avec le degré d'harmonie qui existe entre elles » ?
- Comment comprenez-vous : « sous le rapport philosophique » ?
· Alors que certains mettent en cause cette division théoriepratique (en la rapportant généralement, en dernière analyse, au fait que les formations sociales sont des formations sociales où existe l'exploitation de l'homme par l'homme), que pensezvous de la position et de l'argumentation de Comte?
· En quoi ce texte a-t-il un intérêt philosophique ?
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