48 % des élèves entrant en sixième ne franchissent pas le cycle (de la sixième à la seconde) en cinq ans comme prévu, mais redoublent à tour de bras parce qu'ils ne sont pas des lecteurs mais des déchiffreurs ou ânonneurs. Toute la différence est là et c'est entre déchiffreurs et lecteurs que se fait la vraie sélection à l'école.Michel VIOLET, Institut national de la recherche pédagogique.On a dit et répété que la sélection dans les écoles se faisait par les maths. On commence maintena
Publié le 15/05/2020
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48 % des élèves entrant en sixième ne franchissent pas le cycle (de la sixième à la seconde) en cinq ans comme prévu, mais redoublent à tour de bras parcequ'ils ne sont pas des lecteurs mais des déchiffreurs ou ânonneurs.
Toute la différence est là et c'est entre déchiffreurs et lecteurs que se fait la vraiesélection à l'école.Michel VIOLET, Institut national de la recherche pédagogique.On a dit et répété que la sélection dans les écoles se faisait par les maths.
On commence maintenant à réhabiliter le français et la lecture.
La réussiteappartient aux « super lecteurs » capables de faire des recherches dans n'importe quel document sans effort de lecture.
Vous donnerez votre opinion envous appuyant sur des exemples empruntés à l'actualité ou à votre expérience personnelle.
L'échec scolaire, de plus en plus important puisqu'il touche un enfant sur quatre, nous inquiète tous, parents, enseignants, gouvernants, parce qu'il remet enquestion l'avenir même de notre pays.
Que faire en effet de ces élèves qui, faute de diplôme, faute d'avoir appris s uffisamment de choses à l'école, serontvoués au chômage? Que faire si les jeunes gens d'aujourd'hui s 'avèrent incapables de devenir les spécialistes dont la société de demain aura besoin? Tousles espoirs que nous fondons sur eux, sur leurs aptitudes sont vains, si, dès la classe de sixième, ils sont en difficulté.
Et pourtant, il faut se rendre àl'évidence : « 48 % des élèves, entrant en sixième ne franchis sent pas le cycle (de la sixième à la seconde) en cinq ans comme prévu, mais redoublent àtour de bras parce qu'ils ne sont pas des lecteurs, mais des déchiffreurs ou ânonneurs.
Toute la différence est là et c'es t entre déchiffreurs et lecteurs quese fait la vraie sélec tion à l'école.
»Le critère de sélection est bien aujourd'hui la lecture.
C eux qui ne savent pas lire ne pourront pas faire d'études.
Es t-il juste de sanctionner les « ânonneurs», alors que nous semblons évoluer vers une c ivilisation de l'image où le livre, nous dit-on, aura de moins en moins d'importance.
La sélection par lefrançais, qui représente une culture désuète aux yeux des enfants d'aujourd'hui n'est-elle pas rétrograde?Toute déc ision de redoublement est douloureus e, même si elle est envisagée pour le bien de l'élève.
Tous les enseignants répugnent à sélectionner lesenfants dont ils ont la charge.
C 'est pourquoi l'école a évolué dans le sens d'une sélection de moins en moins sévère.
Hier, tous les élèves n'entraient pasen sixième; hier, très peu d'entre eux atteignaient la classe de seconde.
De nos jours, l'idéal démocratique l'ayant emporté sur l'élitisme, tous les enfants , àquelques rares exceptions près, suivent un enseignement secondaire.., avec plus ou moins de succès .Mais comme l'école laïque, accueillante et bienveillante par vocation, doit suivre son temps et s e plier tout de même aux exigences de la société, elle opèreparmi les élèves un certain choix.
Les meilleurs, ceux qui iront plus loin et deviendront les techniciens et les scientifiques de demain sont en grandemajorité «les forts en maths ».
La sélection sur les matières scientifiques existe aussi, quoiqu'en dise Michel V iolet, plus arbitraire.
Dans les sectionsscientifiques du sec ond cycle, se trouvent les meilleurs élèves; ceux qui sont moins brillants sont placés dans d'autres sec tions, littéraires ou artistiques,bien qu'ils n'aient aucune aptitude pour le français, la musique, les langues, ou le dessin.Ne reprochons donc pas aux enseignants de lettres leur sévérité; ne faisons pas du français et de la lecture en particulier la dis cipline déterminante pourl'avenir professionnel d'un enfant.Disons plutôt que la lecture, premier apprentiss age scolaire, est, en même temps, le premier critère de comparaison des élèves, et le premier indice del'échec scolaire.
Les mauvais lecteurs du collège sont montrés du doigt par les ens eignants avant même qu'il ne soit réellement question de sélection.Comment, dans le cas contraire, aurions-nous en clas se de quatrième, des élèves qui ne savent pas lire?Sanctionner les non-lecteurs n'est d'ailleurs pas un parti pris, tendant à favoriser, à revaloriser les disciplines littéraires.
Celui qui ne sait pas lire ne peutpas, c'est une évidence, avoir accès à la culture et à la connaissance.
La lec ture dépasse le cadre de l'enseignement du français : elle intéresse toutes lesdisciplines du collège.
Le mauvais lecteur ne peut comprendre ce qui est écrit dans son manuel d'histoire, son manuel de biologie; il ne peut pas mêmecomprendre l'énoncé d'un problème de mathématique.
Il est donc incapable de poursuivre davantage ses études.Notre civilisation a beau faire de plus en plus appel à l'audiovisuel, elle est l'héritière d'une culture livresque où l'acquisition des connaissances etl'information passent par l'écrit.
La lecture et l'écriture demeurent des apprentissages fondamentaux que les enfants doivent faire très tôt, dès le courspréparatoire.
Et dès les petites classes, certains élèves sont en situation d'échec .
L'apprentissage de la lecture s'avère pour eux difficile, voire pénible.
Lesraisons de leurs difficultés sont simples.
Les non-lec teurs appartiennent à des familles qui n'ont aucun contact avec l'écrit.
Dans l'univers quotidien de cesenfants, pas un roman, pas un journal, mais un poste de télévision trônant dans le salon, toujours allumé.
De tels élèves -- qui ne sont pas forcément issusdes milieux les plus défavorisés — ont grandi au son du téléviseur : ils sont des enfants de l'audiovisuel.
Quand ils arrivent à l'école et que leurs maîtresleur proposent de décrypter un texte, ils n'en voient, pas l'utilité.
Rien ne les a préparés à un tel apprentissage; pire encore, ils ne tirent aucune gloire chezeux de ce qu'ils apprennent, car leurs parents ne lisent pas non plus.
Il n'est pas étonnant dans ces conditions qu'ils n'accordent aucune importance à lalecture et qu'ils rejettent son apprentissage trop rigoureux.
Q ui pourrait bien leur montrer la nécessité de cette acquisition? C es enfants deviendront, grâceaux efforts de l'ins tituteur, des «déchiffreurs », mais ils resteront, faut de motivation, de mauvais lecteurs, inc apables de comprendre ce qu'ils lisent,incapables de c omprendre pourquoi on les fait lire, incapables de goûter les plaisirs de la lecture.Des solutions à ce problème qui remet bien plus en question l'attitude des parents que celle des enseignants? Nous n'aurons pas la prétention d'enproposer, alors que les didacticiens et les pédagogues les plus éminents n'ont pas encore trouvé les moyens de rendre l'apprentissage de la lecture plusefficace.Méthodes douces ou méthodes autoritaires , les enseignants peuvent dire qu'ils ont tout essayé, sans obtenir cependant de rés ultats probants.
A l'écolematernelle, on prépare les jeunes enfants à l'apprentissage de la lecture par des exercices de repérage dans l'espace et des jeux de formes.
A l'écoleprimaire, on multiplie les méthodes nouvelles toutes plus attrayantes les unes que les autres.
Les manuels sont très illustrés, très amusants.
Nos grands-parents, qui ont appris à lire avec un abécédaire, selon une méthode jugée aujourd'hui anti-pédagogique, n'en c roient pas leurs yeux.
Comme ils sont beauxces manuels de lecture, comme ils auraient aimé avoir les mêmes quand ils étaient écoliers !Étant donné que l'acquisition de la lecture véritable, et quelquefois même du déchiffrement, n'est pas faite pour tous les collégiens, les professeurs dusecondaire se sont aussi penchés sur ces problèmes employant tantôt la bienveillance, tantôt la persuasion, tantôt la «force ».
C e sont, dans les emplois dutemps, une heure hebdomadaire au Centre de documentation et d'information; une heure dans l'emploi du temps de français , consacrée à la lecture, à destests de compréhension, des fiches de lecture obligeant les élèves à lire au moins un livre par mois.
C ertains professeurs ont même envisagé de faire venirdans leur classe des écrivains.
T out le système scolaire actuel insiste sur l'importance de l'écrit, de la lecture, et de la recherche personnelle.
Tous lesefforts sont faits en ce domaine pour aider les élèves.
M ais aucune des s olutions proposées jusqu'à présent ne s'avère réellement efficace.
Les enseignantsont beau lutter contre l'échec scolaire trop précoce et presque «endémique », ils se heurtent implaca-blement à la mauvaise volonté des élèves et à leurrefus de l'écrit.L'école est en crise, l'échec scolaire est pour elle un véritable fléau.
T outes les remises en question, qu'elles concernent la sélection, l'organisation desétudes ou la pédagogie, n'y feront rien.
Le problème auquel elle se trouve confrontée dépasse de beaucoup le cadre de l'institution, puisqu'il est le fait del'évolution de notre civilisation, partagée entre deux cultures; l'ancienne qui est livresque, écrite, et la nouvelle qui est audiovisuelle.Faut-il sélectionner les élèves sur la lecture alors que certains de nos contemporains nous assurent déjà que le livre va disparaître?Cette sélection, mal compris e, qui rappelle trop les clivages sociaux des sièc les passés, est nécessaire dans la mesure où, quel que soit l'essor de l'imagedans notre société, l'écrit restera encore, pour très longtemps, le premier support de l'information et la communication.Ne pas se soucier de l'aptitude des enfants à la lecture, c'est d'une certaine façon favoriser l'analphabétisme, et refuser à ces enfants la connaissance.Si l'échec scolaire est aujourd'hui un phénomène très inquiétant étant donné son ampleur, il ne faut cependant pas être trop pessimiste.
Les efforts desenseignants porteront bientôt leurs fruits.
Déjà les adultes regardent moins la télévision et semblent retrouver un certain goût pour la lecture.
Si latélévision a fait l'unanimité dans les années 60, elle est aujourd'hui critiquée et cons idérée comme le passe-temps le moins intéressant.
Ajoutons à cela,l'effort des éditeurs pour développer la littérature enfantine, et le marché du livre en général, et nous aurons quelques raisons de penser que la crise de lalecture n'est que passagère.
Continuons donc à encourager les élèves à lire mieux et davantage, l'évolution des comportements individuels à l'égard dulivre fera le reste.
Préparer activement les enfants à la civilisation de l'image, tout en leur montrant l'abs olu nécessité de lire pour connaître, comprendre,rêver..
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