« Faut-il se limiter aux faits pour connaître ? »
Publié le 28/05/2024
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«
« Faut-il se limiter aux faits pour connaître ? »
Il semblerait que la recherche de la connaissance, soit caractérisée par la volonté d'appréhender le
réel, à ce qui se trouve dans des faits tangibles, des éléments observables, palpables qui semblent
constituer le socle indiscutable de notre compréhension du monde.
Mais, peut-on vraiment limiter
notre compréhension du réel à ce qui est perceptible, observable ? Les "faits" incarnent ces
éléments vérifiables et observables, ils sont considérés comme des éléments fondamentaux à la
connaissance.
Ces derniers sont le fruit de l'expérience sensorielle et forment souvent la base
indiscutable de notre appréhension au réel.
D'autre part, "connaître" implique bien plus qu'une
simple accumulation d'informations.
Cela renvoie à une compréhension solide et justifiée, souvent
étayée par des faits ou des expériences, dépassant ainsi la simple notion de savoir.
Celle-ci peut
d’ailleurs être associé à la méthode empirique dans laquelle l'expérience sensorielle joue un rôle
primordial dans la formation de nos connaissances, et dans notre appréhension au réel.
Toutefois,
bien que l’empirisme, fondée sur l’observation du monde sensible, constitue la fondation de notre
connaissance et de notre savoir, on peut se questionner sur les connaissances inaccessibles par nos
sens et par la simple observation du monde.
En effet des concepts comme le rationalisme
appréhendent la connaissance grâce à la raison.
Ainsi, l'empirisme est-il le seul chemin pour
accéder au savoir, ou existe-t-il d'autres voies vers la connaissance qui dépassent les limites de
l'expérience sensorielle ? Pour répondre à cette problématique, nous débuterons par examiner le rôle
fondamental de l'empirisme dans la formation de la connaissance, avant de nous pencher sur les
limites de cette approche.
Enfin, nous explorerons d'autres voies potentielles vers la connaissance,
complémentaires à l'empirisme.
Tout d’abord, la connaissance que nous acquérons se base souvent sur ce que nous observons au
quotidien.
Cette manière de comprendre le monde repose sur les choses que nous pouvons voir,
toucher et expérimenter directement grâce à nos sens.
Cette théorie selon laquelle l’expérience est le
principe et le fondement de la connaissances renvoie ainsi à l’empirisme.
John Locke, philosophe empiriste, soutient que l'esprit humain est une "table rase" à la naissance,
dépourvue d'idées innées, et vierge de toute connaissance qui découle de l'expérience sensorielle.
Locke affirme que nos idées sont tirées de l’expérience.
En effet selon lui les faits observables et les
expériences sensorielles sont des éléments fondamentaux qui alimentent notre compréhension du
monde.
Locke avance que notre connaissance des choses repose essentiellement sur nos expériences
sensibles.
Par exemple, nos idées de couleurs, de formes et de textures naissent de nos interactions
avec le monde extérieur.
Locke illustre ce concept en expliquant que l'idée de couleur rouge
provient de notre perception visuelle d'un objet rouge.
Cette approche souligne l'importance des
faits observables et vérifiables dans la formation de nos idées et de notre connaissance.
Il formule
alors une critique nominaliste, en supposant que les idées ne renvoie à aucune réalité.
Ce ne sont
donc que des concepts obtenus par abstraction et généralisation à partir de l’expérience.
Par
exemple, l’idée d’Homme ne renvoie à aucune réalité, on ne fait l’expérience que d’individu
particuliers, uniques, différents les uns des autres.
Mais pour obtenir le concept d’Homme on fait
abstraction de toutes ces différences pour ne retenir que ce qu’il y a de commun.
Ainsi il défend que
les faits sont nécessaires à la connaissance et au savoir.
Ensuite,Berkeley propose quand à lui une perspective radicale sur la réalité et la connaissance.
Il
soutient que la seule réalité tangible est celle perçue par l'esprit.
Pour Berkeley, l'existence des
objets dépend de leur perception par un esprit conscient.
Selon Berkeley, tout ce que nous
connaissons et percevons dépend donc de notre expérience sensorielle.
Les objets n'existent que
lorsqu'ils sont observés ou perçus par un esprit conscient.
Ainsi, la réalité est construite à partir de
nos sensations et de nos expériences.
Prenons l'exemple d'une salle de classe.
Lorsque les étudiants
entrent dans la salle, ils voient des chaises, des tables, un tableau, etc.
Pour Berkeley, ces objets
n'ont de réalité que lorsqu'ils sont perçus par les individus présents dans la salle.
Si la salle est vide,
aucun esprit conscient ne les perçoit, donc ils n'ont pas d'existence matérielle.
Ainsi, l'exemple de
Berkeley met en avant le rôle crucial de la perception et de l'expérience sensorielle dans la
formation de notre réalité et de la connaissance.
Il suggère donc que les objets, les faits et la réalité
même dépendent de notre expérience et de notre conscience, remettant en question l'idée d'une
réalité indépendante de notre perception.
Cette perspective souligne l'importance de l'expérience
dans la construction de nos connaissances et de notre compréhension du monde.
Enfin, Hume remet en question la validité de nos connaissances fondées sur la causalité.
Selon
lui, nos croyances concernant la causalité ne sont pas justifiées par l'expérience, mais plutôt par des
associations habituelles entre des événements.
Il distingue vérités de fait et vérités de raison et
conteste ainsi la notion de faits établis par la seule observation.
Si pour lui l’expérience est bien le
fondement de la connaissance, il en conclut tout de même à des limites de la connaissance.
Hume
fais face à un scepticisme modérée car l’homme est certes capable de connaissance mais le
caractère universel de la connaissance n’est que probable.
Or la science ne se base pas sur la
description de cas particulier, elle cherche à établir des lois générale, universelles.
Hume avance
que notre compréhension de la causalité repose sur l'observation répétée de la succession
d'événements, mais qu'elle n'est pas dérivée d'une nécessité logique.
C’est l’habitude de voir une
phénomène A suivie d’un phénomène B qui nous amène à induire que toujours A sera suivie de B ,
or on n’épuise jamais le réel en prétendant faire toutes les expériences possibles.
Il ne suffit que
d’un cas particulier pour contredire cette généralisation.
Prenons l’exemple de la dinde qui est
nourrie tous les jours à la même heure par son propriétaire.
Chaque jour qui passe, la dinde observe
que cette routine se répète.
En se basant sur cette expérience répétée, la dinde en vient à anticiper
que ce schéma se répétera toujours dans le futur, elle en fait une généralité.
Elle établit donc une
croyance basée sur ses observations passées, elle s'attend à être nourrie chaque jour à l'heure
habituelle.
Cependant, le jour de Thanksgiving, la dinde fait face à une évènement inattendue, un
cas particulier qui vient contredire cette généralisation : au lieu d'être nourrie comme d'habitude,
elle est préparée comme repas pour être mangée.
Ainsi selon Hume, nous associons simplement
l'événement passé à une croyance en l'événement futur, mais il n'y a pas de certitude absolue dans
cette relation de cause à effet.
On en déduit qu’un fait conduise à une connaissance ils faut des
connexions nécessaires entre chaque fais et non une succession de phénomène logique.
Ainsi, après s’être intéressé à la manière dont les fais observables, issue d’expérience sensorielle
détermine notre connaissance, nous allons examiner les limites à cette théories en étudiant
comment les rationalistes ont abordé la question de la connaissance
Le rationalisme, en opposition à l'empirisme, insiste sur le pouvoir de la raison, de la déduction
et des idées innées dans l'acquisition du savoir, de la connaissance et de vérités universelles.
Selon
Protagoras « l’homme est la mesure de toute chose », cela signifie que la vérité est relative au
jugement de l’individu, ainsi il s’oppose au relativisme et à l’empirisme.
La perception sensible de
toute chose peut alors varier d’un individu à un autre.
Platon, soutenait que la connaissance ne pouvait être atteinte que par la raison et la réflexion
plutôt que par l'observation empirique.
Sa théorie des Formes illustre l'idée que les vérités
universelles et immuables existent indépendamment de l'expérience sensorielle.
Selon lui, notre
monde sensible est imparfait, changeant, instable mais il reflète toutefois des Formes éternelles et
parfaites au-delà du monde sensible.
Platon considère que pour accéder à la vérité « il faut se
détacher du corps », s’élever en quelques sortes pour le détourner de l’expérience sensible.
Platon
distingue alors le monde sensible du monde intelligible qui repose sur des idées et qui est basé sur la
raison.
La notion d’essence en ressort, c’est à dire ce que je ne peux pas supprimer d’une réalité
sans la supprimer elle-même, comme les cotés égaux d’un carré.
A l’inverse l’accident c’est ce
qu’on peux supprimer de la réalité sans la supprimer elle-même.
Selon lui les idées sont
universelles, ainsi ils les considèrent comme des paradigmes c’est-à-dire le modèle archétype qui
influence et qui amène à la compréhension du monde.
Prenons l’exemple de l’allégorie de la
caverne dans laquelle des prisonniers qui ont passé toute leur vie enchaînées dans une caverne,
regardant un mur en face d'eux.
Derrière eux, il y a un feu qui crée des ombres sur le mur.
Les
prisonniers pensent que ces ombres sont la réalité, car c'est tout ce qu'ils ont jamais vu.
Mais un des
prisonniers est libéré et quitte la caverne.
Il est ébloui par la lumière....
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