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PASSION

PASSION (lat. passio; de pati, supporter, souffrir) (du latin passio, «action de supporter ; souffrance physique ou morale »).
1° Sens ancien : souffrance. C'est dans ce sens que l'on parle de la Passion du Christ (on dit absolument La Passion), rapportée par les Évangiles : il s'agit là de la souffrance assumée par le Christ pour sauver les hommes, et non pas du sentiment d'amour qui l'animait envers eux. Plus généralement, les passions représentent ce que l'âme subit (malgré elle), ce qui est considéré comme négatif parce que passif. Descartes écrit ainsi un Traité des Passions de l'âme.
2° À partir du XVI° siècle (souvent au pluriel) : ensemble d'états affectifs puissants qui bouleversent ou dominent la vie intérieure de l'individu. Les passions vont englober les désirs, les émotions, les sentiments. Le sens du mot est encore passif : on subit malgré soi les impulsions soudaines qui ébranlent l'âme (la passion amoureuse, dans le théâtre de Racine, a souvent quelque chose de fatal). Mais l'accent se déplace : la passion fait agir, même si c'est dans la violence et le désordre ; elle meut les hommes. La grande opposition que mettent en valeur les moralistes est celle de la passion et de la raison : la première est injuste, aveugle ; l'autre, sereine.
3° L'amour-passion : la passion manifeste surtout les contradictions précédentes lorsque l'amour s'empare de toute la vie psychique d'un être (passivité/activité; force aveugle / raison impuissante; caractère obsessionnel que le sujet ne peut maîtriser). Dans ce sens, le mot passion peut désigner l'objet aimé lui-même : elle a été la grande passion de sa vie.
4° À partir du XIXe siècle : puissance intérieure qui anime, qui fait réaliser de grandes oeuvres (artistiques, politiques, sociales). Le fait d'être passionné par quelque chose prend un sens positif. L'oeuvre d'art est chargée de traduire l'émotion, la passion, la sensibilité de l'être humain. Le métier qu'on exerce n'est vraiment bien accompli que si l'on a la passion de ce qu'on fait.
5° De nos jours, selon les contextes, le mot passion conserve les sens 2, 3 et 4. Il est généralement péjoratif au pluriel (contre les «passions politiques », il faut «dépassionner le débat»), et plutôt positif au singulier (c'est ma « passion » qui donne un sens à mon existence).

Gén. La passion se définit en s'opposant d'abord à l'action (tel est son sens premier), puis à la raison (sens plus tardif). L'acception courante du terme désignant un attachement dominant (comme dans l'expression « la passion du jeu ») évoque encore l'idée d'une dépendance dont on pâtit davantage qu'on ne la choisit et qui peut être déraisonnable.
Phi. En grec pathos, opposé à action. Chez Aristote, une des dix catégories, qui désigne l'accident consistant à subir une action. De même, au XVIIe siècle, les passions comprennent tous les phénomènes passifs de l'âme. Ainsi, pour Descartes, les passions de l'âme sont les mouvements qui se produisent en elle quand, « touchée du plaisir ou de la douleur ressentie dans un objet », elle le poursuit ou s'en éloigne. La passion s'oppose plus précisément à la raison dès lors qu'à partir du XVIIIe siècle on la définit comme une tendance assez puissante pour dominer la vie de l'esprit. Ainsi, pour Kant, les passions relèvent de la faculté de désirer et sont des « tendances qui rendent difficile ou impossible toute détermination de la volonté par des principes ».

Passion «Tout penseur grec était aussi un penseur passionné», dit Kierkegaard. La philosophie, la recherche de la vérité, de la sagesse et de la sérénité peuvent aussi être des passions, et non forcément des renoncements désenchantés à la passion.

Platon, tout comme les stoïciens, fait de la passion une maladie de l'âme. Cette conception demeurera jusqu'à la fin du Moyen Age. Les humanistes, ainsi que Machiavel, Descartes, contribueront grandement à la réhabiliter.

Passion Le mot vient du latin pati, qui signifie: souffrir. L'étymologie est intéressante parce qu'elle indique que d'une racine première (la passion est ce qui fait souffrir), on obtient deux adjectifs: «passif», c'est-à-dire ce que l'on subit sans forcément en souffrir, et «passionnant», c'est-à-dire ce qui intéresse au plus au point l'esprit. Ainsi est résumée la passion: elle fait souffrir, elle est subie, mais en même temps, parce qu'elle incarne un élan vital, elle passionne les hommes.

Passion Dans le langage courant, ce mot a plusieurs sens: 1. sentiment violent qui domine la vie affective et altère le jugement; 2. sentiment amoureux poussé à l'extrême; 3. inclination très forte et parfois obsessionnelle pour quelque chose. En philosophie, la passion pose notamment le problème du libre arbitre et de la responsabilité.

Passion Dans la langue classique, le mot passion désigne un mouvement de l'âme que nous subissons et qui, s'il n'est pas maîtrisé par la raison, nous fait souffrir. Il peut également désigner la volonté exclusive d'un individu de parvenir au but qu'il s'est fixé.

Passion Étymologiquement: «souffrance». Dans le langage courant, état affectif ou intellectuel assez puissant pour dominer la vie de l'esprit. La passion ébranle le psychisme, elle fait appel à la sensibilité et met en péril la volonté. De l'Antiquité à la période classique (XVIIe siècle), les moralistes ont maintenu une dualité entre la passion (mauvaise) et la raison (bonne). A l'époque moderne, cette dualité a été remise en question. Aujourd'hui, on peut admettre que la passion et la raison, comme le corps et l'esprit, sont deux faces indissociables de la nature humaine.

Passion Il convient de distinguer besoin, désir et passion. Le besoin a une origine organique et vitale. L'homme, comme l'animal, a des besoins. Le désir est un besoin auquel s’ajoutent certaines aspirations de l’esprit. La passion, quant à elle, est à la jonction du besoin, du désir et de l'esprit. Sans contrôle de la raison, elle outrepasse les limites naturelles du besoin, peut pervertir les désirs et l'esprit lui-même.

Au sens fort, une passion désigne un phénomène psychologique intense, investissant l'ensemble de la vie intellectuelle et affective d'un sujet. Celui-ci se trouve alors dépossédé de lui-même et voit s'amoindrir son pouvoir de décision. La proximité entre le substantif passion et le verbe pâtir, mais aussi l'adjectif passif, confirme cette abolition de la liberté allant de pair avec une neutralisation de la volonté tendue vers un seul objet. Comme l'écrit Lamartine, « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé », le reste du monde est donc indifférent pour le passionné s'il est sans rapport avec l'objet de sa passion. En un sens plus restreint, la passion renvoie chez Descartes à une dimension purement mécanique : elle n'est que le résultat de mouvements internes au corps ayant pour effet d'affecter la pensée en disposant l'âme à vouloir certaines choses de façon irréfléchie.

passion, état de celui qui subit; passivité. — Le Traité des passions de l'âme, de Descartes, est, en ce sens, un traité des sensations et, par extension, des sentiments de l'homme. Le sens commun de « mouvement impétueux de l'âme » est un sens dérivé, comme celui d'« amour violent et profond », dont l'histoire de Tristan et Iseut donne, dans notre culture, le modèle le plus pur. La philosophie romantique (Schelling) a exalté la passion comme un désir de fusion et de réalisation de sa personnalité en autre chose que soi (« identité absolue ») : la passion révélerait le fond de l'individu, sa réalité infinie, seule capable d'appréhender l'infinité du monde. Mais cette identité entre nous et le monde, dans le sentiment de la Nature, ne parvient pas à se réaliser effectivement et à subsister au-delà d'un instant : dans ces mêmes philosophies romantiques, le fond de toute réflexion passionnée reste la « nostalgie » (« Sehnsucht »). En psychologie, la passion s'oppose à l'action ; en morale, elle s'oppose à la raison, comme la démesure à la tempérance.

passionné, type de caractère dont les composantes fondamentales sont l'émotivité, la tendance à agir et l'existence d'un retentissement profond, dans la personnalité, des événements qui nous arrivent : caractère secondaire (ex. : Napoléon).




PÂTIR, v. intr. (du latin patior, «souffrir», endurer; être victime de»). Souffrir de quelque chose. Subir différents dommages. On dit « pâtir de ». Pâtir de la misère. Ce ne sont pas les mêmes, hélas, qui font le mal et qui en pâtissent. Ce sont les «patients» qui pâtissent des erreurs médicales, (voir le mot précédent).

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