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PASCAL Blaise 1623-1662



PASCAL Blaise 1623-1662
1. La jeunesse de Pascal. - 2. Les «Provinciales». -3. Les « Pensées ». - 4. Pascal écrivain.

Mathématicien, physicien et philosophe, né à Clermont en Auvergne.
La jeunesse de Pascal
Il perd sa mère très tôt. Son père, magistrat qui s’intéresse aux sciences, en particulier aux mathématiques, se démet de sa charge en 1631, et vient s’installer à Paris avec son fils Blaise et ses deux filles : Jacqueline (qui sera une poétesse prodige avant d’entrer à l’abbaye de Port-Royal) et Gilberte (future biographe de son frère). Le jeune garçon vit dans une atmosphère de perpétuelle discussion philosophique ou scientifique. À douze ans, il a déjà composé un court « traité sur les sons », et surtout, à seize ans un Essai sur les coniques, qui est aussitôt publié (1635). Son père réunit régulièrement dans son salon les savants Roberval, Carcavi, le Père Mersenne. Un peu plus tard, on y rencontre des hommes austères, rattachés par l’esprit au jansénisme ; mais, aussi, des acteurs, et des femmes du monde. Pour sa part, le jeune homme est plus sensible alors aux idées jansénistes qu’à la société mondaine. En 1646, à l’âge de vingt-trois ans, il se convertit (c’est ici ce que ses biographes appellent la première conversion); puis il entreprend de convertir également son père et ses deux sœurs. Pourtant la passion pour les sciences l’emporte encore. Dès 1642, pour faciliter le travail de son père qui vient d’être nommé intendant de la généralité de Rouen, il travaille à mettre au point une « machine d’arithmétique », la fait construire sous ses yeux, et, en Auvergnat de bonne race, s’occupe à la faire vendre. Il rédige même un texte de « réclame » (1645) et obtient contre un concurrent le privilège royal (1649). En matière de physique, à partir de 1646, il renouvelle l’expérience de Torricelli sur la pesanteur de l’air, en multipliant les conditions d’opération et les altitudes (à Rouen ; à la tour Saint-Jacques de Paris ; au Puy de Dôme). Malade, un instant il rentre à Paris ; mais il reprend bientôt ses expériences. De tels travaux (menés, parfois, directement par lui ; à Paris en particulier) achèvent de délabrer une santé déjà très fragile. Il est menacé de paralysie totale. Coup sur coup, son père meurt (1651) et il voit - avec regret - sa sœur Jacqueline entrer en religion (1652).

Alors commence ce qu’on appelle traditionnellement sa « période mondaine» (1652-1654). Il fréquente chez l’acteur Mondory; chez Mme de Sablé, qui tient salon. (Précisons au passage que Le Discours sur les passions de l’amour, donné à tort par Victor Cousin pour une oeuvre de Pascal, date en fait, ainsi que l’a établi Louis Lafuma, de 1680 environ, soit vingt années après sa mort.) Le duc de Roannez lui fait connaître les plus honnêtes gens (en particulier le chevalier de Méré, théoricien, justement, de l’« honnête homme » au sens de l’époque), qui sont bien souvent des libertins, c’est-à-dire tout à la fois des « épicuriens » et des athées. Du chevalier de Méré, il apprend à développer ce qu’il appelle les raisons du cœur, et l’esprit de finesse (qu’il oppose à l’esprit de géométrie). La science n’en reste pas moins, comme il l’écrit au grand mathématicien Fermât, le plus beau métier du monde. Avec ce même Fermât, il jette les bases du calcul des probabilités. Il trouve encore le temps de mener, de front avec ses activités mondaines, des travaux sur le triangle arithmétique et les ordres numériques. Mais dès le début de 1654, il est saisi d’un très vif « dégoût du monde » (selon l’expression de sa sœur Jacqueline, qui reçoit sa visite, à cette époque, au parloir de Port-Royal). C’est alors qu’il commence à appeler de tous ses vœux cette grâce divine dont il sera question, en particulier, dans son opuscule Sur la conversion du pécheur. Un sermon prononcé à Port-Royal par Singlin, son directeur de conscience, contribue à hâter cette évolution. Il interprète comme un signe l’accident de voiture au cours duquel il manque de trouver la mort, en traversant le pont de Neuilly (8 novembre). Enfin, le 23 novembre, de 10 heures et demie du soir à minuit, le tourment de son âme prend fin ; et il consignera dans le célèbre Mémorial l’expérience de cette nuit d’extase : Feu - Dieu d’Abraham, d’Isaac, Dieu de Jacob - Non des philosophes et des savants - Certitude. Certitude. Sentiment. Joie. Paix [...] Oubli du monde et de tout, hormis Dieu [...]- Joie, joie, joie, pleurs de joie... Il faudrait pouvoir citer tout entière cette page, la plus bouleversante de toute la littérature française (mais s’agit-il ici de littérature ?) avec ses alternances de fièvre orageuse, de remords, d’illumination fulgurante et de calme ; de sérénité presque, et de reflux de la raison raisonnante : Jésus Christ -Jésus Christ -Je m’en suis séparé; je l’ai fui, renoncé, crucifié - Que je n’en sois jamais séparé ! Il ne se conserve que par les voies enseignées dans l’Évangile - Renonciation totale et douce. Ce simple feuillet ne le quittera plus désormais (et au jour de sa mort on le trouvera, cousu dans la doublure de son habit). Dès le mois de janvier 1655, après avoir fait retraite à...