PAROLE

PAROLE, n.f. Désigne parfois la faculté de parler, le langage ; mais le sens ordinaire, c’est l'émission vocale du langage (qui peut aussi être écrit). La parole exprime la pensée ; quand elle est adéquate à ce qu'elle doit dire, la pensée est la face spirituelle du phénomène matériel qu’est la parole. Mais, souvent, la pensée est plus riche que la parole, car celle-ci est le moyen de communiquer cette réalité qu'est la pensée, source des actes qui produisent les paroles. (Traité § 81.) La «parole intérieure» est une sorte de représentation plus ou moins articulée de mots qui parfois accompagnent la pensée ; mais on a établi que, par exemple, la lecture cursive, support de la compréhension intellectuelle, n'implique pas cette sorte d'émission intérieure, et Alain a même montré qu'il y a opposition entre la lecture intelligente, qui procède par éclairs et le déchiffrage besogneux : «Que dit ton journal ? — Je ne sais pas. Je lis...» : lecture esclave. De même, et a fortiori, pour l'idée d'ensemble qu'une suite de paroles (ou de mots écrits) s'efforce d'exprimer.

PAROLE

Manifestation vocale du langage articulé. C’est en tant que parole que le langage est dit naturel à l’homme, sous la forme soit de la parole intérieure - articulation et prononciation ébauchées qui accompagnent la pensée -, soit du dialogue qui permet la communication entre les hommes et l’apparition des sociétés culturelles. La linguistique oppose, depuis F. de Saussure, la parole comme « acte individuel de volonté et d’intelligence » à la langue se définissant comme « le langage moins la parole », c’est-à-dire « l’ensemble des habitudes linguistiques » (transmises par la société) « qui permettent à un sujet de comprendre et de se faire comprendre ».

parole, utilisation du langage articulé dans la communication. Plus qu'un instrument permettant de transmettre ses idées, la parole est l'acte par lequel la personne s’affirme et s’engage dans la relation interhumaine. Ne pas parler, c’est abolir la relation à l’autre ; c’est, pour un enfant, la plus grave punition qu’on puisse lui infliger. Les aliénés ont perdu le sens de la parole mesurée, et le trouble de leur esprit se reflète dans leur façon de parler : l’excitation du maniaque, dans sa logorrhée ; la méfiance du paranoïaque, dans son mutisme ; la rupture de contact avec la réalité du schizophrène, dans ses néologismes, etc. Tout trouble de la parole signe l’altération de la personnalité tout entière.

parole, action d'exprimer sa pensée par le langage articulé. — La parole vivante, orale ou poétique, s'oppose au langage constitué, écrit, prosaïque ou technique. Platon définissait la pensée comme la parole intérieure; cette dernière expression définirait, selon Victor Egger et d'autres philosophes, la vie de la conscience : la parole serait donc inséparable de toute compréhension spirituelle, de toute opération de la raison humaine. Toutefois, on peut faire une distinction et dire qu'entre la compréhension d'un rapport nécessaire (par exemple, en mathématiques, la compréhension que les trois angles d'un triangle sont égaux à deux droits) et son expression par la parole intervient la liberté : la parole humaine est toujours libre et comporte un élément d'arbitraire, même si la relation que l'on veut démontrer est en soi absolument nécessaire.

Parole Du latin ecclésiastique parabola, « récit allégorique » (du Christ), d'où « parole ». - Mot ou ensemble de mots servant à exprimer la pensée. - En linguistique, utilisation effective de la langue par les sujets parlants, dans les situations de communication. PAROLE, n. f. Sens linguistique : manifestation particulière, concrète, individuelle, par laquelle un locuteur formule un énoncé précis. La parole, qui est un acte personnel (oral ou écrit), s’oppose à la langue, système d’ensemble produit par le groupe social, vaste réseau d’énoncés potentiels dans lequel puise le locuteur pour s’exprimer. On dit que la parole actualise la langue (la langue n’existe qu’à travers les actes de parole, comme la parole n’existe que grâce au système de la langue). PAROLE (n. f. / Ling .) Tout acte de phonation conçu par opposition au système de la langue qui le rend possible : « La parole est [...] un acte individuel de volonté et d’intelligence. [...] Elle est si bien une chose distincte qu’un homme privé de l’usage de la parole conserve la langue, pourvu qu’il comprenne les signes vocaux qu ’il entend » (Saussure) .