Parodie
Parodie. La poésie imitant le sérieux pour produire un effet comique est attestée dans la littérature grecque dès l’époque la plus ancienne. On aurait pu considérer le Margitès (peut-être vers 700 av. J.-C.) comme une -parodie de l'épopée homérique si nous en avions conservé des fragments plus importants. Une tradition attribue 1'invention de la parodie à Hipponax (milieu du vie siècle av. J.-C.) ; Aristote, dans la Poétique, attribue son invention à Hégémon de Thrace, qui fut postérieur à Hipponax et peut avoir été le premier à gagner un concours de parodies. Dans la littérature grecque survivante, les parodistes les plus connus sont Aristophane, Platon et Lucien. Le premier a un large registre, mais parodie surtout le style tragique en général et celui d’Euripide en particulier, exploitant les possibilités comiques des particularités stylistiques et intellectuelles de ce dernier. Chez Platon, les parodies du style et de la personnalité des interlocuteurs des dialogues sont plus subtiles et visent souvent plus que l ’effet humoristique. Les parodies des participants du Banquet offrent les traits comiques des plus évidents ; les spécialistes débattent encore aujourd’hui pour savoir si le discours attribué à Lysias dans le Phèdre a été réellement composé par lui ou par Platon. Les parodies de Lucien, souvent aux dépens des dieux olympiens et de leur représentation dans la mythologie, sont très amusantes et au premier degré. Dans la littérature latine, la parodie intervient moins souvent. La comédie romaine tourne en dérision, à la manière d’Aristophane, le langage pompeux d’Ennius et de Pacuvius, mais à un bien moindre degré. La seule parodie latine développée se trouve dans le dixième poème du Catalepton, où l’adresse de Catulle à son bateau (poème 4), devient une adresse à un magistrat zélé.
parodie
Imitation burlesque d'un texte.
Commentaire La parodie porte toujours sur un texte célèbre, car elle se définit dans l'écart qu'elle propose par rapport au texte original. Elle vise à faire rire par la caricature, l'ironie, le déplacement d'une situation dans un autre cadre, le détournement d'une réplique... Déjà pratiqué par les Grecs (on connaît une parodie de l'Iliade), ce genre est illustré en France dès le Moyen Age (les Sermons comiques). Rabelais, Scarron (le Virgile travesti), Boileau, Furetière se livreront à cet exercice. Au xixe siècle fleurirent de nombreuses parodies des drames de Hugo, Harnali ou la Contrainte par cor d'A. de Lauzanne, par exemple. De nos jours, le genre retrouve l'orientation que lui avait donnée le dramaturge grec Aristophane, notamment dans les Oiseaux : Beckett, Ionesco ou Pinter s'emploient à une vaste parodie de la vie, rejoignant parfois le genre de la farce. Notons que la littérature n'est pas le seul lieu de la parodie. L'art pictural en a produit de fort célèbres : les Ménines de Picasso, parodiant Velázquez, par exemple ; l'art lyrique aussi avec la Belle Hélène d'Offenbach. Plus près de nous, une parodie qui fit scandale : la Marseillaise de Serge Gainsbourg.
Citation On donne le nom de parodie à un ouvrage en vers, dans lequel on détourne dans un sens railleur des vers qu'un autre a faits dans une vue différente. On a la liberté d'ajouter ou de retrancher ce qui est nécessaire au dessein qu'on se propose ; mais on doit conserver autant de mots qu'il est nécessaire pour rappeler le souvenir de l'original dont on emprunte les paroles. (G. Peignot, Amusements philologiques, 1842.)
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