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Parnell, Charles Stewart

Parnell, Charles Stewart (Avendale 1846-Brighton 1891) ; homme politique irlandais. Né dans une famille de propriétaires terriens protestants libéraux, éduqué en Angleterre, P. est élu député au Parlement de Londres en 1875 ; il adhère au parti nationaliste irlandais qui lutte pour l'autonomie régionale de l'Irlande, dirigé par Isaac Butt. Il met au point une tactique d'obstruction qui consiste à provoquer un allongement des débats parlementaires par des discours interminables destinés à forcer les députés à s'intéresser à l'Irlande. Toute sa vie il demeure un conservateur éclairé, partisan d'une action conduite dans le cadre des institutions. Sa réussite est d'avoir, dès le début de sa carrière politique, associé réforme agraire et réforme politique : en 1879 il devient président de la Ligue agraire (Land League) récemment créée par Michael Davitt et chef du parti irlandais pour l'autonomie régionale (Home Rule). Pour recueillir des fonds et pour créer un mouvement de soutien à la cause, il entreprend une tournée des États-Unis. Il fait de la Ligue agraire une organisation paysanne puissante, avec des objectifs précis (des fermages équitables, des baux stables et le droit, à la revente, de se dédommager pour les améliorations apportées) ; et qui utilise les armes du boycott (du nom de sa première victime, un certain capitaine Boycott), de la grève des fermages et des manifestations de masse. Ses mots célèbres incitant les fermiers à « tenir bon sur leur terre » deviennent le cri de ralliement de la Land League et font de P. « le roi sans couronne de l'Irlande ». Impressionné par sa stratégie et par sa popularité, le mouvement républicain extrémiste lui accorde un soutien tactique. Les élections de 1880 amènent le libéral Gladstone au pouvoir en Grande-Bretagne. En (rlande la Land League maintient sa pression : au Parlement P. intensifie l'activité obstructionniste de son parti. Une loi agraire de 1881 cède à la plupart des demandes paysannes. P. dans son double rôle doit accueillir la loi avec satisfaction sans laisser entendre que toute lutte est finie : il adopte la tactique d'attaques verbales violentes contre le gouvernement et contre la nouvelle loi ; emprisonné pour « paroles séditieuses », il conclut un accord secret avec Gladstone, monnayant sa libération et des amendements à la loi contre la promesse de faire cesser la violence paysanne. Toujours pragmatique, il s'allie aux conservateurs pour obtenir en 1885 une nouvelle loi qui permet aux paysans d'acheter leurs terres. Les élections de 1885 ne donnent aucune majorité sans l'appoint des députés irlandais et P. dispose enfin d'un parti discipliné et fidèle : tous les sièges en Irlande en dehors de l'Ulster sont allés au parti nationaliste. Gladstone propose une loi accordant une autonomie limitée à l'Irlande en 1886 qui, par suite de dissensions dans le parti libéral, est repoussée par le Parlement, et les élections générales qui s'ensuivent dégagent une majorité conservatrice. La position de P. est renforcée par une fausse accusation de complicité dans le meurtre de deux hauts fonctionnaires britanniques assassinés dans Phoenix Park à Dublin en 1882. Le Times publie une lettre signée de P. qui semble approuver ce meurtre. Un tribunal découvre que la lettre est un faux et P. sort victorieux de l'épreuve. Une deuxième épreuve mettra fin à sa carrière politique : une liaison de plusieurs années avec Katherine O'Shea, la femme d'un de ses partisans, devient publique quand O'Shea demande le divorce en 1890 et accuse sa femme d'adultère avec P. Le divorce est accordé et P. épouse Mrs O'Shea. Désavoué par l'opinion publique, rejeté par son parti et les libéraux anglais, P. meurt en 1891, quelques mois après ; son parti est déchiré et la perspective d'une réforme politique constitutionnelle s'éloigne.



PARNELL, Charles Stewart (Arondale, Wicklow, 1846-Brighton, 1891). Homme politique irlandais. Il fit progresser, avec le Premier ministre Gladstone, l'idée de Home Rule (autonomie de l'Irlande). Issu d'une famille de grands propriétaires protestants d'origine anglaise, il s'attacha à la cause irlandaise. Député aux Communes en 1875, il prit la tête du Parti autonomiste irlandais {Home Rule Party), et devint vite populaire à la Chambre en pratiquant avec efficacité l'obstruction parlementaire - le Speaker n'avait alors pas le droit d'arrêter une discussion. Attentif aux revendications paysannes irlandaises après la grande crise de 1878, il devint le président de la Ligue agraire. Arrêté en 1881, puis relâché peu de temps après, Parnell inaugura une politique de collaboration avec Gladstone converti à l'idée de Home Rule et condamna avec vigueur l'assassinat par des nationalistes révolutionnaires du secrétaire pour l'Irlande à Phoenix Parle (1886). Sa carrière politique fut brusquement brisée en 1890 par sa liaison, rendue publique, avec la femme d'un de ses plus proches collaborateurs. Le clergé irlandais, une partie de l'opinion puritaine, mais aussi Gladstone et les libéraux se détournèrent de lui. Parnell mourut peu après. Voir Fenian (Mouvement).

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