parenté
L'étude de la parenté est l'une des « vaches sacrées » de l'ethnologie. C'est elle qui servit longtemps à intimider le profane et à lui faire croire que l'ethnologie était une science pleinement achevée avec son vocabulaire impénétrable et même son algèbre (les abréviations et les diagrammes représentant les relations de parenté). C'est elle qui contribua à justifier une hiérarchisation des ethnologues professionnels (être reconnu comme « parenta-liste » signifiant qu'on accédait à la strate supérieure). C'est elle qui permit surtout le confort douillet d'une tour d'ivoire, les réalités qui auraient conduit à une mise en question de l'ethnologie comme science se trouvant escamotées au profit de discussions byzantines. Cependant, malgré l'usage qui a pu en être fait par la classe universitaire, cette étude reste fondamentale dans la mesure où les relations de parenté sous-tendent et coordonnent tous les aspects de la vie sociale, économique et politique de la plupart des populations dont s'occupe l'ethnologie. Dans les sociétés sans État il est proprement impossible de rien comprendre aux diverses prestations de biens et services, aux rapports de force entre individus et entre groupes, etc., si l'on ignore comment la parenté associe et oppose les personnes et les institutions. C'est cela que L. H. Morgan, tenu à juste titre pour le fondateur de ce genre de recherches, avait aperçu de manière visionnaire. La gratuité et la complaisance de certaines jongleries paren-talistes de ces trente dernières années ne doivent pas nous pousser à jeter l'enfant avec l'eau du bain. Cette réaction de mauvaise humeur sera d'autant plus facilement évitée que l'on refusera de réduire un système de parenté à son aspect terminologique et que l'on attachera davantage d'importance au système des attitudes entre parents et aux groupes qui sont construits au moyen des relations de parenté et des modes de résidence» Fox, R. (1967, trad. franç. 1972) ; Lévi-Strauss (1949) î Murdock (1949, trad. franç. 1972) ; Schusky (1965). (Angl. : kinship and affinity, ou en abrégé : kinship ; AU. : Verwandtschaft.)
parenté, abréviations des termes de
En raison du grand développement des études consacrées aux termes de parenté et du traitement formel de ces termes, il est indispensable de recourir, pour des raisons de commodité, à des abréviations qui donnent parfois au lecteur non averti l'illusion que les ethnologues possèdent une algèbre à eux. La simplicité et le souci d'éviter des confusions sont deux raisons de recommander les abréviations suivantes : Aî : aîné (e) Ep : femme (penser à « épouse ») Fr : frère Ho : mari (penser à « homme ») Pe : père Ca : cadet (te) Fe : fille Fs : fils Me : mère Sr : sœur La juxtaposition de plusieurs abréviations se lit en rétablissant la préposition « de » entre deux groupes consécutifs, sauf évidemment dans le cas des groupes Aî et Ca. Exemple : FeAîFrMe se lit : « fille aînée du frère de la mère ».
D'autres systèmes d'abréviations ont été parfois proposés, mais ils ont généralement le défaut de combiner en formules hétérogènes des lettres et des pictogrammes et de choisir dans le terme à abréger des consonnes ou voyelles qui se retrouvent dans d'autres termes de parenté, en sorte que l'ambiguïté s'ajoute à une difficulté de mémorisation. Ces inconvénients sont évités en anglais sans grand effort d'imagination puisque les termes de parenté
Br : brother (frère) Fa : father (père) Mo : mother (mère) So : son (fils) Da : daughter (fille) Hu : husband (mari) Si : sister (sœur) Wi : wife (femme) Ces abréviations anglaises se juxtaposent évidemment dans l'ordre inverse du français. Exemple : MoBrDa se lit : « fille du frère de la mère ». parenté, système de Ensemble structuré des attitudes fixées par les normes sociales qu'observent les uns à l'égard des autres les individus apparentés par le sang ou le mariage. Les termes dont ces individus se servent pour s'adresser la parole l'un à l'autre ou pour décrire leur relation de parenté à l'intention d'une tierce personne, font partie de ces comportements déterminés par les usages de la société en question. C’est pourquoi la première tâche de l'ethnologue sur le « terrain », lorsqu'il veut étudier le système de parenté des gens chez lesquels il vit, consiste à recueillir la liste complète de ces termes (voir parenté, terminologie). Dans certaines sociétés il n’est pas d'individu qui ne soit apparenté à tous les autres par des liens réels ou symboliques et le système de parenté est alors coextensif à l'ensemble du groupe. (Angl. : kinship System; All. : Verwandschaftssystem.) parenté, terminologie de L’une des manifestations les plus caractéristiques d'un système de parenté, celle aussi qui se prête le plus aisément à des tentatives de reconstruction historique (voir Morgan, voir Murdock) et à diverses sortes d'analyse formelle (voir componentielle, analyse ; voir Lévi-Strauss ; voir structuralisme). C’est elle qui a longtemps alimenté la recherche et les polémiques sur les systèmes de parenté dont elle ne représente pourtant qu'un aspect. Elle est à la base d'une typologie des systèmes de parenté et même des formes d'organisation sociale proposée d'abord par Morgan, développée par plusieurs générations d'ethnologues et finalement complétée et mise au point par Murdock (1949). Cette typologie retient pour principaux critères les appellations données aux sœurs et aux cousines, aux tantes et aux nièces et elle distingue ainsi onze types majeurs (voir Crow, Dakota, Eskimo, Fox, Guinéen, Hawaiien, Nankanse, Omaha, Soudanais, Yuma). Pour recueillir les termes de ce vocabulaire particulier l'enquêteur recourt à la méthode généalogique et, d'autre part, à l'observation directe des comportements des parents dont il veut connaître la manifestation linguistique. Conklin (1964), Murdock (1949), Notes and Queries. (Angl. : kinship terminology.)