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paradoxe

Le paradoxe (on a dit aussi quelquefois le paradoxisme) est une figure macrostructurale, dont il convient de bien saisir la valeur figurée. Traditionnellement, on y voit l’expression d’un énoncé qui contredit l’opinion commune, ce qui déjà montre assez de la sorte le caractère macrostructural de la figure. On peut préciser la chose en disant qu’il s’agit d’une antithèse à la fois généralisée et maximalisée. Concrètement, on peut distinguer deux types de paradoxe (uniquement du point de vue rhétorique; car du point de vue de la sémantique logique, c’est un autre problème). Le cas le plus fort apparaît dans les passages où un énoncé, a priori dépourvu de toute particularité, se révèle à la réflexion inacceptable par rapport au sens commun. Ainsi,
O semblable!... Et pourtant plus parfait que moi-même,
se dit le Narcisse de Valéry. À première vue, on ne remarque rien de spécial dans ce vers, sinon l’exclamation et l’intensité, voire l’artifice du dédoublement. Point de paradoxe. Cependant, si l’on réfléchit, on se rend compte que Narcisse ne peut être à la fois semblable et doué d’une qualité supérieure à son double : pour le sens commun, ou il est semblable ou il n’est pas semblable. Par ailleurs, on se rend compte aussi que, au fond, celui des deux qui est le plus parfait, à condition même d’accepter l’idée d’un comparatif à cet adjectif, c’est bien plutôt celui qui existe que celui qui n’en est qu’un fugace reflet. Deux déterminations paradoxales, donc, dans ce passage : mais elles ne jouent qu’en profondeur, comme toutes les figures macrostructurales, produisant ainsi un effet de plus longue portée. Un autre cas de paradoxe se trouve dans le choc de deux propositions : qui veut sauver sa vie la perdra. Sans doute peut-on se contenter de noter ici une simple antithèse. Mais cette opposition conceptuelle forte ne rend pas entièrement compte de la valeur de signification qui émane de la phrase : cette valeur semble bien supérieure à cette seule contradiction, et on a l’impression que ce que l’on tente ici de faire comprendre relève en réalité d’un univers de sens incommensurable pour le sens commun. Le caractère macrostructural éclate encore mieux. On voit comment le paradoxe, si subtil, a pu former la matière d’un genre littéraire.
=> Figure, macrostructurale; antithèse.

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