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Otton Ier ; roi de Germanie [936-973] et empereur [depuis 962].

Otton Ier ; roi de Germanie [936-973] et empereur [depuis 962]. Aix-la-Chapelle et Augsbourg, Magdebourg en Saxe, Pavie et Rome ont été les hauts lieux du règne fondateur d'O. Désigné roi du vivant de son père Henri Ier, créateur de la dynastie saxonne (ou ottonienne), il fait l'objet d'une « élection » de ratification le 7 août 936, à Aix-la-Chapelle, avant d'être couronné roi le lendemain et de recevoir les démonstrations bien visibles de fidélité des ducs de Germanie. O. peine pourtant à s'imposer dans un royaume guère unifié. Les prétentions de son demi-frère Thankmar (t 938), la rébellion de son premier fils Liu-dolf (953-955) après la mort de sa première épouse, l'Anglo-Saxonne Edgith (946), soulignent rapidement les faiblesses d'une famille dont O. va pourtant chercher à faire un instrument de gouvernement. L'une des principales tâches du souverain est en effet la réduction de l'indépendance des duchés dits assez improprement « ethniques » ou « nationaux » (Stämmeherzogtümer). C'est la condition première d'une ambitieuse politique extérieure, qui va, progressivement, mener à la revendication d'un pouvoir universaliste. En Saxe, berceau de la dynastie, O. installe Hermann Billung et Gero dans des marches (respectivement marche de l'Elbe et marche des Sorabes), mais laisse le coeur du territoire sous sa dépendance directe (Thuringe, Westphalie, Saxe méridionale) ; de même, il garde dans sa main le duché de Franconie à la mort du duc Eberhard, qui s'était révolté (939). En Bavière, O. réussit un premier coup de force en destituant le duc Eberhard au profit de l'oncle de celui-ci, Berthold de Carinthie [939-947]. À la mort de ce dernier, il change même de dynastie et installe comme duc son propre frère Henri [947-955]. C'est dans les mêmes années qu'il développe son système familial : la Lotharingie est confiée à son gendre Conrad le Rouge [944-953] puis au propre frère d'O., Brunon, archevêque de Cologne (953) ; la Souabe est remise à son fils Liu-dolf (949-953). Le système montre ses failles en 952-954 lors de la révolte de Liudolf et Conrad. O. s'attache patiemment à constituer un vaste domaine royal. Mais, patent en Francie occidentale, où régnent les derniers Carolingiens, le morcellement de l'autorité publique à l'échelon local (« comtés »), tout juste recouvert d'un manteau de souveraineté royale, n'est pas moins fort dans le royaume d'O., où l'on aurait tort de voir une administration centralisée de toutes les prérogatives régaliennes. Avec habileté, mais autorité, O. s'allie le haut clergé, qui va devenir un rouage essentiel de l'administration ottonienne et faire de la royauté, dans une tradition carolingienne revisitée, l'instrument du Christ sur terre, et de la haute Eglise, séculière et régulière, une propriété du souverain. Cette politique intérieure est facilitée, en fin de compte, par de virulentes incursions hongroises, qui à partir de 954 font éclater au grand jour le péril des particularismes et portent à son sommet le prestige d'O. quand celui-ci remporte une victoire sans appel au Lechfeld près d'Augsburg (955). Le royaume de Germanie, satellisant la Francie occidentale, s'étend à l'est vers la Bohême (dont les princes sont intégrés au réseau des duchés royaux vers 950), les terres slaves d'entre Elbe et Oder, les Danois ; les évêchés missionnaires se multiplient (Brandebourg, Havelberg, Mersebourg, Meissen, et surtout l'archevêché de Magdebourg dont la fondation est parachevée en 968). Il tire aussi le plus grand prestige de la politique menée par O. vis-à-vis du riche royaume de Bourgogne, étendu de l'Aare au delta du Rhône, terre de réforme monastique et terre de saint Maurice, dont la lance (celle qui aurait percé le flanc du Christ) devient aussi le symbole de la lutte chrétienne. O. épouse en secondes noces l'héritière du royaume, Adélaïde, à l'occasion de sa première descente en Italie. En 951-952, 961-964, 966-972 en effet, O. séjourne en Italie. Il est sans doute très vite mené par le souci de parachever la « rénovation » (restauration) du passé carolingien, mais progresse par étapes. Encore ne faut-il pas oublier que dès 950 son frère Henri lui avait montré la voie en s'emparant d'Aqui-lée et qu'il y a eu, à l'origine, souci de satelliser ce royaume périphérique et de ne pas se laisser prendre de vitesse, plus que de fonder un royaume homogène des deux côtés des Alpes. La première descente voit la marginalisation du roi « italien » Bérenger II, ancien allié d'O., et le couronnement de ce dernier comme roi d'Italie (23 sept. 951). La seconde expédition, à l'appel du pape Jean XII, enregistre l'élimination de Bérenger et le contact direct avec la papauté. C'est dans ce contexte qu'O. est couronné empereur à Rome le 2 février 962. La logique des relations pape-empereur est vite engagée : mécontent des menées de Jean XII, O. le fait déposer lors d'un synode romain (4 déc. 963) ; mécontent de voir les Romains ignorer le pape qu'il a alors approuvé, Léon VIII, O. dépose leur élu, Benoît V, lors d'un autre synode romain (23 juin 964) ; mécontent de la révolte des Romains en 966, il impose le retour de Jean XIII (965-972), qui fait alors figure de pâle protégé. Comme par un engrenage, la troisième expédition italienne poursuit inévitablement au sud, où les duchés lombards de Spolète et Bénévent ont retrouvé depuis longtemps une véritable indépendance ; c'est elle qui voit les vraies difficultés, comme la délicate alliance avec Byzance, après les récriminations de l'empereur Nicéphore Phocas [963-969], qui ne proteste pas contre le couronnement de 962 mais contre l'intrusion en Italie du Sud, domaine byzantin aussi réservé que mal tenu. L'alliance est conclue avec le nouvel empereur Jean Tzimiscès ; le fils aîné et homonyme d'O., associé à la couronne royale de Germanie depuis 961 et à la couronne impériale depuis 967, est marié à la princesse byzantine Théophano (972), ce qui permet aussi d'échafauder des plans d'actions contre les Sarrasins. Mais le pouvoir d'O. est bien saxon : il meurt à l'âge de soixante ans à Memlingen (7 mai 973) avant d'être enseveli à Magdebourg.



OTTON Ier LE GRAND (912-Memle ben, 973). Roi de Germanie (936-973) et empereur (962-973). Il fut le fondateur du Saint Empire romain germanique qui s'étendait essentiellement sur la Germanie et l'Italie, à l'exception du sud de la péninsule dominé par Byzance. Pour assurer son pouvoir en Germanie, Otton donna des duchés importants aux membres de sa famille et nomma des parents ou amis à la tête des abbayes et des évêchés. À l'extérieur, il soumit les Slaves et les Hongrois (victoire du Lechfeld contre les Magyars en 955, début de la poussée germanique à l'est) et étendit sa suzeraineté sur la Bourgogne. Il intervint enfin en Italie du Nord où il se fit reconnaître roi de Pavie (951) puis couronner empereur par le pape (962). Déjà chef de l'Eglise germanique, Otton entendait se comporter en protecteur de l'Église et imposa sa tutelle à la papauté. Voir Otton II.

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