ORIGINE

ORIGINE, n.f. (lat. origo « point de départ », « provenance »). Ce qui est la source, le point de départ, le commencement. D'où bien des nuances de sens. ♦ 1° Le point de départ dans le temps (date d'origine). Au pluriel, les origines : le commencement de l'histoire humaine. ♦ 2° En mathématiques, le point de l'espace d'où part une mesure (origine d'une abscisse). ♦ 3° Lieu d'où un produit est issu (produit d'origine). ♦ 4° Ce qui permet de retracer la genèse (origine des idées, Origine de l'inégalité parmi les hommes, discours célèbre de Rousseau, en réponse à une question posée par l'académie de Dijon). Ce dont est sorti un courant d’idées, un mouvement, une institution. Quelquefois employé au pluriel dans ce sens (les origines du christianisme). ♦ 5° Ce dont quelque chose dérive par transformation ou par réaction, ou par conséquence (les origines d'une coutume). ♦ 6° Explication métaphysique, justification rationnelle (origine du mal, origine du monde).

Ce terme présente deux significations, que l’on a intérêt à ne pas confondre, si l’on veut éviter la multiplication de faux problèmes, ou le mélange du fait et du droit. ♦ Il désigne, d’une part, l’apparition initiale d’un phénomène ou d’un événement (on peut ainsi s’interroger sur l’origine du monde) ; d’autre part, l’ensemble des conditions ou circonstances permettant de rendre compte de la formation ou du développement historique d’un phénomène (on évoque ainsi les origines de la Révolution française). ♦ L’interrogation philosophique sur l’origine ouvre sur la métaphysique lorsqu’elle est voisine de celle sur les causes premières : si le scientifique élabore des théories pour rendre compte de l’apparition du monde ou de l’homme ( il répond ainsi à des questions en « comment ? »), le philosophe a la possibilité de poser des questions en « pourquoi ? ». De la sorte, une réflexion sur les dimensions spécifiques de l’existence humaine ajoute, à ce que peuvent enseigner les sciences, des considérations sur la fin des phénomènes ou sur leur valeur : une telle séparation permet notamment de maintenir, à côté des informations livrées par les sciences sociales, l’exigence d’une réflexion proprement philosophique, seule susceptible de faire la part de l’éthique et du droit.

ORIGINE (n. f.) 1. — Commencement réel d’un phénomène, d’une activité, d’une institution ; par ext., point d’où l’on convient de faire partir une mesure, un repère. 2. — Source ; ensemble des réalités et des processus à partir desquels un phénomène a pris naissance : l'origine des espèces. 3. — Principe, raison d’être de quelque chose. 4. — Développement rationnel des étapes idéales par lesquelles une réalité quelconque se constitue et qui permet d’en expliquer les propriétés actuelles ; en ce sens, l'origine suppose bien un commencement, mais il n’est pas placé dans un temps historique, dans une chronologie réelle ; c’est en ce sens que l’on parlait, au xviiie siècle, de l'origine du langage, de l’inégalité, etc. ; Syn. genèse ; l’idée moderne selon laquelle, dans le langage par ex., la totalité est donnée avant les éléments qui se définissent par leurs relations matérielles, semble exclure cette approche. 5. — Original : a) Ce dont autre chose est la copie ou la représentation ; Syn. modèle, b) Qui ne ressemble à rien d'autre ; (péj.) fantasque. 6. — Originaire : a) Qui tire son origine de... b) Qui est l’origine de... 7. — Originel : qui vient de l’origine (péché originel).