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ORESME Nicole

ORESME Nicole. Philosophe et écrivain scientifique. Né aux environs de 1320 ou 1330 dans le diocèse de Bayeux; mort à Lisieux, le 11 juillet 1382. On sait qu’il étudiait la théologie à l’Université de Paris en 1348. Nommé grand maître du collège de Navarre, à Paris, en 1356, il fut reçu maître en théologie en 1362. Nicole Oresme joua un rôle fort important de conseiller près du roi Charles V, à l’éducation duquel il avait participé alors que ce dernier était encore dauphin. Il fit partie du groupe de politiques qui comprenait également Raoul de Presles et Philippe de Mézières et qui tentait auprès du roi et sous sa direction de définir les règles de la science du gouvernement. Ce petit cercle tirait ses préceptes surtout d’Aristote dont, sur l’ordre du roi, Oresme entreprit les traductions de la Morale et de la Politique. Ces conseillers publiaient eux-mêmes des traités; nous avons ainsi conservé un Traité de la puissance ecclésiastique et séculière de Raoul de Presles, un Songe du vieil pèlerin dû à Philippe de Mézières, un Songe du verger [Somnium Viridarü], œuvre probablement d’Evrard de Trémaugon, mais la participation de Nicole Oresme est de loin la plus importante; on sait qu’outre ses traductions il donna un Livre de politique, un Livre appelé économique, et un Traité du commencement et première invention des monnaies (1366). Mais Oresme était également un savant de premier ordre et ses œuvres les plus importantes sont les écrits en latin et en français qu’il a consacrés à la physique et à l’astronomie et dans lesquels il se montre parfois un étonnant précurseur. C’est ainsi que, devançant Descartes, Galilée, et Newton, il soutient la loi de la chute des corps, le mouvement diurne de la Terre dans son De difformitate qualitatum, dans le Traictié de l’Espère [Traité de la Sphère] et surtout dans son œuvre la plus importante, le Traité du ciel et du monde ou Commentaire aux livres du ciel et du monde (1377). Dans le Traité de la latitude des formes, en latin, il préconise l’emploi des coordonnées. D’un autre point de vue, Nicole Oresme est encore un précurseur, puisqu’il est le premier, près de trois siècles avant Descartes, à s’être servi du français pour composer des traités philosophiques et scientifiques. En 1377, Oresme, qui avait été chanoine à Rouen et à Paris, était nommé évêque de Lisieux; il mourait cinq ans plus tard, dans sa ville épiscopale. ♦ « [Ses arguments dont] la clarté et la précision dépassent de beaucoup ce que Copernic a écrit sur le même sujet. » P. Duhem.

Oresme, Nicole (v. 1320/1330-1382) ; philosophe.

C’est à plus d’un titre que la mémoire d’O. est fameuse. Savant intéressé par bien des sujets, il doit sa renommée à ses traductions d’Aristote en français, à ses traités de mathématique et physique, et à sa réflexion politique et économique qui le conduit à écrire un traité sur la monnaie. O. étudie au collège de Navarre à Paris, véritable pépinière intellectuelle, devient maître en théologie mais attend 1377 pour être évêque de Lisieux. Sa vie se déroule dans l’entourage du roi Charles V, qui aime à s’entourer de savants et le pensionne. S’il ne néglige pas ses devoirs pastoraux, ses centres d’intérêts ne le conduisent pas vers la théologie, que le nominalisme remet alors en question, mais bien vers des questions concrètes ; il écrit ainsi contre l’astrologie et son oeuvre scientifique est importante. Son traité sur les monnaies, qu’il rédige en latin et en français, fait date, mais exprime des positions conservatrices : la stabilité monétaire profite d’abord aux riches et implique des impôts. La traduction française des Ethiques et des Politiques et des Economiques d’Aristote présente un intérêt non seulement linguistique mais aussi politique : il s’agit d’instruire le prince. La langue d’O. est riche en néologismes, souple ; ses gloses avancent des idées nouvelles, mais derrière tout cela transparaît l’idée que la langue française vaut le latin, alors que le centre intellectuel de l’univers est passé de Rome à Paris et à son Université.

Bibliographie : N. Oresme, Tradition et innovation chez un intellectuel du xive siècle, études recueillies et éditées par P. Souffrin et A.P. Segonds, 1988.

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