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ONTOLOGIQUE

ONTOLOGIQUE, adj. (gr. ôn « être », logos « étude », « science », « discours »). ♦ 1° Qui concerne l’ontologie, l’étude de l'être en tant qu’être. ♦ 2° Qui concerne l'être, ce qu'il est essentiellement. ♦ 3° Heidegger oppose « ontologique » à « ontique ». ♦ 4° Argument ontologique. Preuve de l'existence de Dieu tirée de la réflexion sur l'idée d'être parfait. L'argument a été énoncé, au XIe siècle, par saint Anselme, évêque de Cantorbéry, dans les termes suivants : l'idée de « l'être tel qu'on ne peut rien concevoir de plus grand » ne peut pas être dans l'intelligence seule. Ce serait une idée contradictoire. Nous pourrions, en effet, lui opposer l’idée de l'être tel qu'on ne peut rien concevoir de plus grand qui existerait, et qui lui serait, en cela, supérieur. Notre idée de Dieu implique donc l'existence. Descartes a repris cette preuve dans la cinquième Méditation et la formule à partir de l'idée de parfait : « Comment serait-il possible que je puisse connaître que je doute et que je désire, c’est-à-dire qu’il me manque quelque chose et que je ne suis pas tout parfait, si je n'avais en moi aucune idée d'un être plus parfait que le mien par la comparaison duquel je connaîtrais les défauts de ma nature ? » Kant a critiqué, dans cet argument, le passage d'une essence (la conception de l'Être infiniment parfait) à une existence (l'affirmation que l'Être infiniment parfait existe). Il s'agit, en réalité, non pas d'un raisonnement mais d'une intuition rationnelle : l'intelligence voit que l’existence appartient nécessairement à l'Être parfait, Acte pur.

ARGUMENT ONTOLOGIQUE

Preuve a priori de l’existence de Dieu, énoncée par Descartes (Discours de la méthode, 4e partie, Méditations V). Elle consiste à déduire l’existence de Dieu de la seule analyse du concept que nous en trouvons dans notre pensée : puisque Dieu se définit comme un être parfait, il est nécessaire de lui attribuer l’existence dans la mesure où elle constitue en elle-même une partie de la perfection. Ainsi, en Dieu, l’existence est indissociable de l’essence - ce qu’affirmeront à leur tour Spinoza et Leibniz. ♦ Kant (Critique de la raison pure, Dialectique transcendantale) critiquera cet argument. De son point de vue, l’existence ne peut que se constater phénoménalement ; elle est donc le résultat d’une activité synthétique de l’esprit et reste impossible à déduire de la seule analyse d’un concept. Cette dernière ne garantit que la possibilité (de Dieu, éventuellement), mais non l’existence à proprement parler.

ontologique (preuve), preuve de l'existence de Dieu. — On distingue trois types de preuves classiques : 1° la preuve ontologique, qui déduit de l'idée de Dieu, être infiniment parfait, la nécessité de son existence (s'il n'existait pas, il serait imparfait). Kant a reproché à cette preuve de n'être qu'une preuve formelle et non une preuve réelle : elle prouve la nécessité de l'idée d'existence et non celle de l'existence réelle; 2° la preuve cosmologique, qui déduit l'existence de Dieu en vertu de la nécessité de trouver une cause première au processus infini des causes : une tuile tombe; la cause est le vent; mais pourquoi le vent? une dépression atmosphérique; mais pourquoi une dépression?, etc., et l'on remonte à Dieu. Cette preuve comporte, selon Kant, un « saut » injustifiable, car entre notre connaissance des phénomènes naturels (dont la chaîne est infinie) et l'affirmation de Dieu, il n'y a pas continuité mais changement de registre : le caractère indéfini de notre connaissance sensible ne constitue pas en soi la preuve d'une connaissance transcendante (de Dieu). Ou encore : entre l'infinité (empirique) du monde et l'infinité (qualitative) de Dieu, il n'y a pas de commune mesure; 3° la preuve physico-théologique, qui déduit l'existence de Dieu de la beauté et de la variété du monde, de la finalité dans la nature, etc. (Dieu comme Artiste suprême). Mais cette preuve ne se fonde que sur une analogie, que nous imaginons arbitrairement, entre l'activité de Dieu et celle de l'homme. — Aussi Kant a-t-il voulu ajouter à ces faibles preuves une preuve pleinement valable : celle qui est fondée sur l'existence en nous du sentiment moral du devoir (preuve morale de Dieu). Le fait même de l'obligation morale est la preuve d'une intervention surnaturelle en nous; elle représente la voix de Dieu : nous devons donc en affirmer l'existence, quoique nous ne puissions rien dire de sa nature.

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