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Offa (mort en 791) ; roi de Mercie [757-791].

Offa (mort en 791) ; roi de Mercie [757-791]. Dans le courant des Ve-VIe siècles, des bandes d'Angles (Germains de la mer du Nord), de Saxons et de Jutes venant de la presqu'île du Jutland et de l'Elbe inférieure, occupent la vieille province romaine de Bretagne, actuelle Angleterre, dont le maître de la milice de l'Empire romain d'Occident, Aetius, fait évacuer les troupes romaines dès avant le milieu du Ve siècle, et dont des roitelets celtes se disputent les lambeaux. Ayant complètement détruit la culture déjà déclinante de la province romaine et refoulé une partie de la population indigène vers l'ouest ou en Armorique, ils font du pays une zone de peuplement et de culture germaniques et posent ainsi les fondements de la formation de la nation anglaise moderne. Leur solide implantation conduit à la fondation d'une série de petits royaumes « anglo-saxons » entre les côtes de la Manche et l'estuaire de la Forth, qui se battent d'un côté contre des groupes de Bretons de la côte occidentale (Cornouailles, Galles) et de l'autre, au nord, dans l'actuelle Ecosse, contre les Pictes (autochtones) et les Scots (venus d'Irlande). Les chefferies anglo-saxonnes donnent bientôt naissance à des petits royaumes, dans une confusion aggravée à nos yeux par un cruel manque de sources (la première grande oeuvre historiographique anglaise, certes bien informée, est l'Historia ecclesiastica gentis Anglorum du moine Bède le Vénérable, achevée en 731). Les Jutes dominent les royaumes de Kent et du Hampshire, les Angles l'East-Anglia, le royaume d'York (Deira) et la Bemicie (ces deux derniers formant, au nord, le grand royaume de Nor-thumbrie) ; au sud et au centre, les Saxons dirigent une poussière d'autres principautés (Sussex, Middlesex, Essex, Wessex, où l'on retrouve leur nom ; Mercie), dont le nombre rend très artificiel le mythe des sept royaumes (« Heptarchie »). Le seul élément d'unité vient de l'évangélisation, lancée par le pape Grégoire le Grand, et de l'Eglise, constituée entre-temps, notamment par Théodore de Tarse, qui recouvre tous les royaumes anglo-saxons et dont le centre est l'archevêché de Canterbury. Mais dans le royaume de Mercie, situé au centre (entre la Humber et le Wash), s'esquisse bientôt une consolidation des rapports de pouvoir, déjà sensible sous le roi Aethelbald, qui s'était intitulé rex Brittannie (716-757). Après son avènement, son parent le roi O. parvient rapidement à triompher de ses adversaires dans son propre pays et à mettre un terme à la guerre civile ouverte à l'assassinat d'Aethelbald. Par la suite, O. réussit rapidement à conquérir le royaume de Kent et celui des Saxons du Sud (Sussex), à placer sous sa dépendance le royaume des Angles de l'Est (East-Anglia) et celui des Saxons de l'Est (Essex) et à nouer des liens d'amitié avec la Northum-brie. Pour protéger ses frontières contre les Bretons, il fait construire au pays de Galles l'Offa's Dyke, une muraille qui longe la frontière occidentale de la Mercie. O., qui prend la pose de Constantin en co-dirigeant l'Eglise avec l'archevêque de Canterbury et en devenant avec lui le principal interlocuteur de Rome, transforme en 787 l'évêché de Lichfield en archevêché. Les lettres que lui adresse Alcuin montrent le prestige du roi. De fait, O. voit Charlemagne lui demander la main de l'une de ses filles pour son fils Charles. Voulant traiter sur un pied d'égalité, O. fait échouer le projet. Mais après la mort d'O., la domination de la Mercie décline aussi rapidement qu'elle a crû. Elle est bientôt remplacée par celle du royaume des Saxons de l'Ouest (Wessex), demeuré indépendant et dont le grand roi Alfred, au cours de sa lutte contre les Danois, posera finalement les bases d'une unification politique durable des Anglo-Saxons.

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