OEUVRE

ŒUVRE

Résultant du travail ou de l’activité artistique, l’œuvre doit être distinguée du simple produit. Déjà Hegel en souligne la dimension spirituelle, et la façon dont l’esprit s’y révèle à lui-même par le biais de son inscription dans le sensible ; ce qui est vrai de toute invention technique (le marteau ou le clou, qui se distinguent immédiatement de la production naturelle) se confirme pleinement dans l’invention de l’œuvre d’art, qui est par définition « manifestation sensible de l’idée ». En philosophie contemporaine, c’est H. Arendt qui a repris la distinction entre les produits ordinaires, notamment industriels, qui confirment l’enfermement d’un sujet dans l’alternance répétitive de la production-consommation, et les œuvres véritables, qui éloignent de la stricte nécessité en signalant la possibilité d’un univers avec lequel l’homme puisse se trouver en accord, dans la mesure où c’est ce que La Condition de l'homme moderne nomme « aptitude à penser » qui se déploie dans l’œuvre d’art. On peut toutefois se demander, notamment à partir des remarques de Benjamin* sur la perte d'aura qu’implique la reproductibilité technique des œuvres d’art, si ces dernières ne tombent pas, au moins partiellement, dans le domaine de la consommation et ne se trouvent pas ainsi ravalées, par la société contemporaine, au rang de simples produits.