Databac

Objet

Objet Ce qui est visé par le sujet dans la pulsion, l’amour ou le désir. Du point de vue de la pulsion, l’objet est ce par quoi elle peut atteindre son but*. Freud soutient que l’objet est ce qu’il y a de plus variable dans la pulsion. Il n’est pas l’objet du besoin mais le produit de l’histoire du sujet, il n’est pas quelconque mais contient des traits signifiants particuliers. Dans le texte freudien, l’objet peut tout aussi bien désigner l’autre dans sa totalité que le sujet lui-même, ou bien un objet partiel. Au niveau oral, l’objet est ce qui nourrit, et sur un plan pulsionnel il sera alors tout ce qui s’incorpore au sens fantasmatique du terme. L’objet d’amour serait lié à un objet total et non partiel. Mais si l’on considère la dimension narcissique de l’amour, cet objet total peut apparaître comme une enveloppe de l’objet partiel. Il existe aussi une identification à l’objet puisque pour Freud elle est la forme première du lien affectif à un autre. Mais cet objet dans la théorie freudienne est un objet foncièrement perdu, puisque, qu’il s’agisse des objets pulsionnels ou de l’objet d’amour, ceux qui seront rencontrés et recherchés, emprunteront partiellement des traits à cet objet premier. C’est celui-ci que Lacan repère dans la Chose qui oriente la quête du sujet. Il n’est par définition pas retrouvable puisque, comme le montre le fort-da, l’objet est produit par la symbolisation au moment où celle-ci fait disparaître la Chose.

objet (du lat. ob-jectum, qui est placé devant), toute chose qui s'offre à la vue. — D'une manière plus précise, l'objet est le contenu de notre pensée et il s'oppose au sujet pensant. A cet égard, l'objet peut désigner (comme il arrive chez Descartes) une sensation ou un sentiment auquel je pense, ou une image dans mon esprit, et pas nécessairement un objet réel existant dans le monde. C'est en ce sens que la phénoménologie moderne (Husserl) parle d'objet intentionnel : elle met « entre parenthèses » tout problème d'existence réelle; lorsqu'elle réfléchit, par exemple, sur le sens des religions, son objet est à la fois un sentiment spécifique et un ensemble de symboles, de dogmes, de rites dans lesquels il s'exprime. La réflexion phénoménologique ne pose pas le problème de savoir si ces religions existent encore réellement dans le monde, si elles sont la « vraie » religion ou non : son but est simplement de développer le sens de son objet, les religions. Le terme d'objet se distingue donc de celui de réel. — Dans l'ordre de notre connaissance, nous avons d'abord conscience des objets du monde avant d'avoir conscience de nous-mêmes. Mais d'un point de vue psychologique, toute perception ou toute action implique, comme un fait indiscutable, la solidarité du sujet et de l'objet : il n'y a pas d'objet sans sujet qui le voit ou le pense. Du point de vue métaphysique, le problème de la cause ou du fondement de l'objet s'inscrit dans le problème théologique de l'origine du monde. Il s'oppose au problème critique (Kant) du fondement de « notre connaissance » des objets.

OBJET

1. Corps matériel donné par la perception (la pièce était encombrée d'objets).

2. Tout ce qui est pensé par un sujet, que ce soit une idée, une image, une réalité matérielle ou une personne (l'objet de mon amour). Opposé à sujet. Se dit, en particulier, de ce qui est étudié par une science. Objet indique alors que la réalité pensée est maîtrisée, connue par l’esprit, alors que chose — voir ce mot — désigne la réalité brute.

3. Usage vieilli : objet = but (cf. un objectif) (l'objet de ce livre est de donner à réfléchir sur...).

OBJET, n. m. (du latin objectum, «ce qui est placé devant»).

1° Sens concret (usuel). Chose, réalité perceptible à l’extérieur, qu’il s’agisse de choses inertes ou animées. C’est en ce sens que Lamartine déclare aux éléments de la nature qui l’environnent : « Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? » Plus couramment : chose solide, usuelle, fabriquée par l’homme et destinée à un certain usage. Ustensile, outil, instrument, toute réalité matérielle ayant une unité et servant à quelque chose. Les objets de consommation, les objets d’art. Dans le Système des objets, le sociologue Jean Baudrillard étudie la façon dont l’homme moderne existe à travers ses collections d’objets, se «signifie» socialement par leur possession. Les expressions «femme-objet» ou «homme-objet» désignent la réduction de la femme ou de l’homme à l’état d’objet ou d’instrument (sexuel par exemple), aussi bien dans des situations de la vie courante que dans le spectacle publicitaire. Dans ce sens, le mot objet (matériel, instrumental) s’oppose au mot sujet (pensant, libre, autonome).

2° Sens abstrait (courant). Ce qui se présente à l’esprit humain comme distinct de lui (cf. l’étymologie); ce qui s’offre aux désirs, à l’action, à la volonté humaine. L’objet de la pensée; l’objet du désir (qui n’est pas forcément un objet usuel concret); l’objet d’une démarche (ce que l’on cherche ou recherche; voir les mots «objectif, but, finalité»); l’objet d’un litige (ce sur quoi porte une discussion juridique); l’objet d’un discours (le thème, le «sujet» auquel il s’attache; ce qu’il veut démontrer). Être ou faire l’objet de: être visé par; être ce à quoi s’attache la volonté ou l’effort d’autrui; subir une action. Dans toutes ces expressions, nous retrouvons la distinction entre l’être humain comme sujet (de pensée, de désir, d’action) et la réalité (abstraite, morale, générale) qui lui est extérieure.

3° Sens littéraire (classique). La personne aimée. Cela ne veut pas dire qu’elle est considérée comme un objet au sens n° 1 (la femme-objet par exemple), mais comme l’objet d’un désir amoureux au sens n° 2. Le mot garde là son sens étymologique : dans le domaine amoureux, «l’objet» est cet être extérieur auquel le sujet aimant s’intéresse... Quand Phèdre dit de Thésée « Volage adorateur de mille objets divers», ces «mille objets» représentent toutes les femmes que Thésée a aimées !

4° Sens psychanalytique. Objet libidinal. L’objet est l’être, la partie de l’être, le fantasme associé à cet être, ou encore un élément matériel auquel se relie ce fantasme, en lesquels le sujet investit son désir. Lorsque le «moi» s’aime lui-même, il s’agit d’un désir «narcissique»; lorsque le « moi » investit son amour au dehors de lui-même, il s’agit d’un amour «objectal». Le mot objet reprend ici son sens étymologique (sens n° 2), mais sans se limiter à une personne (sens n° 3). Lorsque le psychologue s’interroge sur la «relation d’objet» de son patient, il va se demander non pas qui il aime, mais ce que celui-ci aime dans l’être aimé — quelle partie de son corps, quel fantasme amoureux, quelle image inconsciente, quel type de situation rêvée. Ce sera cela, «l’objet», pris au sens large, psychanalytiquement.

OBJET. L’objet, au sens psychanalytique, n’est pas une « chose » ; ce peut être une personne ou une partie d’une personne ou encore un idéal. Définissons avec Rycroft comme « objet » tout ce avec quoi « un sujet établit une relation ». L’objet, enfin, dans la théorie freudienne est nécessaire au sujet pour parvenir à une satisfaction pulsionnelle.


La notion d’objet en psychanalyse est l’une des plus extensives et des moins « définissables ». Sa référence centrale n’est ni celle de la psychologie, ni celle de la physique. Mais elle est celle de l'amour, de la passion, de la poésie : Objet de ma flamme, Objet de mes vœux, unique Objet de mon ressentiment... L’objet est « investi avant que d’être perçu » (Serge Lebovicï). Son « objectivité » n’est en effet qu’un mode de son « objectalité » : à savoir de ce qu’il soutient une charge en libido, de ce qu’il arrache un « quantum » de narcissisme (qui se « re-pose » sur lui et s’y « re-présente »).

1. L’objet peut être total. C’est l’objet de l'amour génital, reconnu dans son ensemble et ses caractéristiques autonomes (voire idéalisé). Mais il est aussi partiel et prend, à l’occasion, de bien curieuses figures : ainsi celles du pénis, des fèces, du regard, qui ouvrent, sans qu’on s’y attende, des circuits symboliques (ceux de l’échange, des tabous, des usages). C’est l’une des données constantes de la psychanalyse qu’une personne puisse être identifiée à l’une de ses parties (particulièrement à ses « parties sexuelles »), plus encore : à l’objet d’une pulsion partielle (ainsi, du contenu intestinal évacué, identifié à un objet d’amour perdu...). Ces équivalences surprenantes ne sont pas que le fait des fantasmes de névrosés ou de malades mentaux ; elles se retrouvent régulièrement dans les plus hautes productions spirituelles (symbolique du mythe, rituel religieux, folklore, etc.), de façon plus ou moins directe ou transposée... (qu’on songe simplement ici au phallus d’Osiris, au lingam, aux mégalithes, aux « écus » du diables, etc.).

2. L’objet peut encore être un objet transitionnel (W.D. Winnicott) dans le « champ intermédiaire » du narcissisme et de l’investissement libidinal, mais aussi transactionnel. Il est d’abord ce que les pulsions exigent pour atteindre leur but satisfactoire. Il reste cependant le plus indéterminé, comme tel, au niveau de cette exigence. L’objet peut être ici... l’objet de toutes les chaînes de substitution (selon des rapports de continuité, de contiguïté, de similitude, etc.). Ce peut d’ailleurs être le Sujet lui-même, du point de vue de l’investissement par un autre ou par soi-même...

3. L’objet, en psychanalyse, c’est donc ce qui se découvre comme objet du désir, voire ce en quoi le désir se « dé-couvre », à moins qu’il ne s’en... recouvre. Aussi bien, cet objet - qui peut trouver sa place dans le Réel, et tend d’ailleurs à s’y localiser -est-il à l’occasion un fantasme (objet fantasmatique), encore un « introject » (fantasme d’objet, partiel ou total, introjecté, incorporé, re-projeté...). A la limite il s’agira d’un substitut symbolique, voire, paradoxalement, d’une idée (en psychanalyse l’opposition ne se fait pas entre l'objet et l'idée, mais entre l'idée objective et le mot...). Quoi qu’il en soit, derrière ces glissements de « signifiants », de leurres, de choses, d’êtres, d’images, de représentants, etc. qu’évoque « l’objet » psychanalytique, c’est toujours du régime économique de la libido qu’il s’agit, suivant ses placements topologiques, sa dynamique et ses métamorphoses.

4. En somme, avec « l’objet » (et la représentation qui en tient lieu), c’est la fixation libidinale qu’on évoque. Et, à travers l’évocation de l’objet partiel des pulsions prégénitales, de l’objet total de la génitalité, des retournements et échanges du Sujet et de l’Objet, comme du traitement partiel et partial que le sujet fait subir (en réalité ou fantasme) à d’autres sujets et à leurs substituts, c’est le niveau de la relation d’objet qui intéresse la psychanalyse. En ce qu’elle traduit le degré de la maturation de l’affect, de la libido et du Moi, et le fantasme de désir qui sous-tend l'accomplissement de réalité, ou engendre la défense contre lui...

5. Ceci ne suffit pas pourtant à faire le tour des paradoxes psychanalytiques de l’objet. Dans sa dimension la plus radicalement méta-psychologique, l’objet est... en dernière analyse, « l’objet perdu ». Sorte de (— 1) dont tout investissement d’objet (+ 1) cherche à masquer le manque, ou la dérobade, en employant une énergie qui tend impossiblement vers le rétablissement nirvânique (0), l’objet perdu se « constitue » en somme dans la défaillance de la visée totalisante du narcissisme. L’objet investi (image, concept, lieu du corps, etc.) correspond ici à la « retrouvaille » libidinale instituée - entre les leurres et la symbolisation du désir - dans la dérive des objets partiels fonctionnels (oral, anal, génital) qui viennent prendre (dans un « après-coup »... inaugural) la place de l’objet perdu !

Notons enfin que - dans une perspective originale - J. Lacan nomme « a » l’objet partiel (le sein, l’étron, mais aussi le regard, la voix) considéré comme pièce détachée (« déchue »), sélectionnée dans les appendices du corps comme indice du désir. L’objet est moins alors... l’objet du désir que sa « cause »...


OBJET L’objet est ce vers quoi se dirigent le besoin, la pulsion, l’amour, le désir du sujet. La notion d’objet en psychanalyse est à prendre dans le sens que lui donnait la langue classique, c’est-à-dire désignant aussi bien une personne qu’un objet, comme dans les expressions « objet de ma haine », « objet de ma flamme », « objet de mon ressentiment ». On parle d’objet de la pulsion pour désigner ce par quoi elle peut atteindre son but. On parlera d’objet partiel pour décrire les étapes successives du développement psychosexuel. L’objet partiel est représenté par une partie du corps et est objet d’une pulsion partielle. Le sein maternel, objet de la pulsion orale, les fèces, objets de la pulsion anale, sont des objets partiels. Selon la théorie du désir, l’objet est par nature objet perdu, créant un manque à la place duquel vont s’inscrire des objets de substitution. OBJET A Le désir est pour Lacan le manque de l’objet perdu. Dans cette perspective, l’objet a est l’objet manquant par excellence. Ce concept a été introduit par lui pour désigner ce qu’il appelle la « cause inconsciente » du désir. Objet radicalement perdu, il « n’est pas une chose réelle », dit Lacan, « ni même le fantasme imaginé de quelqu’un, mais une représentation fantasmatique inconsciente ». L’objet a est créé par l’au-delà que constitue le langage (la demande) par rapport au besoin. « Cet objet a, dit encore Lacan, je l’ai appelé petit a parce que c’est l’initiale en français de ce qu’on appelle l’autre : à ceci près que justement ce n’est pas l’autre, ce n’est pas l’autre sexe, c’est l’autre du désir. » (Écrits.) OBJET TRANSITIONNEL Notion développée par Winnicott, l’objet transitionnel est un objet matériel auquel s’attache le nourrisson ou l’enfant (morceau de tissu, animal en peluche, jouet) et qui lui sert à passer de la relation fusionnelle au sein maternel à la relation d’objet.

Liens utiles