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OBJECTIF / OBJECTIVITÉ

Phi. Pour les scolastiques et les cartésiens, s'applique aux idées ou représentations de l'esprit, objets de pensée, et non aux choses elles-mêmes qui sont représentées. Ainsi, seules les idées ont une « réalité objective ». Par ex., l'idée objective de soleil est le soleil « en tant qu'il existe dans l'entendement » et non « en tant qu'il est au ciel ». S'oppose ici à formel.
Crit. Kant n'appelle pas objective une réalité subsistant indépendamment de toute connaissance (car une telle réalité ne peut précisément pas être connue), mais ce qui est valable pour tous les esprits. Dès lors, si subjectif s'applique à ce qui est une propriété de la pensée en général (par opposition à ce qui est sans être pensé), alors objectif et subjectif ne s'opposent pas. En revanche, quand subjectif désigne ce qui est propre au sujet individuel (contrairement à ce qui est commun à tous les êtres raisonnables), l'opposition de ce qui est objectif et de ce qui est subjectif a un sens. Ainsi, cette distinction est ici davantage une distinction de droit que de fait. Est objectif ce qui est commun à plusieurs êtres pensants, et pourrait de droit être commun à tous : ce qui peut fonder un accord universel.
Mor. L'opposition de subjectif et objectif recoupe dans la morale kantienne celle des fins strictement individuelles et des fins universellement valables, qu'elles soient ou non reconnues de fait pour telles. Les principes pratiques sont subjectifs quand le sujet considère qu'ils ne valent que pour sa seule volonté; ils sont objectifs quand leurs prescriptions sont reconnues comme valables pour tout être raisonnable.

Subjectif/objectif
Le fonctionnement de l'esprit peut être observé de deux points de vue. Le premier est le point de vue objectif: l'observation du fonctionnement des neurones. Le second est le point de vue subjectif. Longtemps ignoré par les scientifiques, il concerne l'étude des expériences internes du sujet telles qu'elles sont perçues par celui-ci.

Subjectif/objectif
Le fonctionnement de l'esprit peut être observé de deux points de vue. Le premier est le point de vue objectif: l'observation du fonctionnement des neurones. Le second est le point de vue subjectif. Longtemps ignoré par les scientifiques, il concerne l'étude des expériences internes du sujet telles qu'elles sont perçues par celui-ci.
Objectivité Attitude consistant à tenir compte des faits dans leur réalité, sans soumettre leur analyse à des facteurs personnels. L'objectivité est une neutralité, une absence de parti pris dans les jugements.
Objectivité Caractère d'une réalité qui peut être attestée par l'expérience, qui est la même pour tous. Le terme est souvent employé, lorsqu'il se rapporte au jugement, dans le sens d'impartialité.


OBJECTIF. adj. (du latin objectus, «qui est placé devant»; voir aussi le mot « objectif » comme nom, ci-après).

1° Qui a rapport à un objet donné, qui est relatif à l'objet. Dans ce sens, cet adjectif s'applique à toutes les réalités qui existent par elles-mêmes, hors de l'esprit humain, indépendantes de notre pensée, de nos intérêts, de nos préjugés. Objectif s'oppose en cela à subjectif (ce qui dépend du sujet humain, de sa vision propre). Par exemple, notre point de vue subjectif nous fait voir, chaque jour, le soleil « tourner » autour de la terre (du lever au couchant); mais la réalité objective, c'est que la terre tourne sur elle-même, et nous avec elle.

2° Qui a le caractère de l'objectivité, c'est-à-dire qui respecte la «réalité objective» des choses, ou tente de l'atteindre de la façon la plus rigoureuse possible. Le mot objectif, dans ce sens, peut ainsi s'appliquer :
— Aux diverses méthodes de connaissance ou de reproduction de la réalité que l'homme met en oeuvre. Une description littéraire peut être objective (tendre vers le réalisme le plus exact). Les lois que la science élabore, dûment vérifiées, sont objectives (elles correspondent à la réalité, à la dynamique autonome des choses). Un jugement est objectif quand il respecte la réalité des faits, subjectif s'il fait intervenir les conceptions personnelles de celui qui l'émet (voir la différence Jugement de fait/Jugement de valeur).
— Aux personnes qui s'efforcent de prendre un point de vue impartial, objectif, sur la réalité. Une personne objective met de côté ses réactions personnelles, ses tendances affectives, sa «subjectivité» en un mot. L'esprit objectif écarte toute interprétation individuelle. Il est difficile d'être objectif quand on parle de soi.
Comme le montrent les mots suivants, ce sont les couples Objectif/Subjectif, Objet/Sujet, Objectivité/Subjectivité qui sont porteurs de signification. Dans de nombreux discours, ces termes sont employés de façon polémique, en général pour mettre en cause la subjectivité (l'illusion d'objectivité) des adversaires. Vous êtes un allié objectif du pouvoir ! («Vous vous croyez neutre, ou dans l'opposition, mais objectivement, votre politique sert les intérêts du pouvoir en place »).

OBJECTIF. nom. (substantivation de l'adjectif qui précède).
1° L'objectif, c'est d'abord, en optique, le système qui permet de voir l'objet tel qu'il est, « objectivement ». « L'oeil objectif» de l'appareil de photo ou de la caméra est ainsi devenu l'objectif tout court.
2° L'objectif, c'est ensuite l'objet placé devant soi, que l'on vise. Au sens concret, c'est l'objectif militaire, et plus généralement, les buts visés par toute stratégie (commerciale notamment). Au sens figuré, c'est ce que l'on veut atteindre en général : le but d'une action, d'une existence, d'une morale, d'une pensée. Voir Finalité.
OBJET. n. m. (du latin objectum, «ce qui est placé devant »).
1° Sens concret (usuel). Chose, réalité perceptible à l'extérieur, qu'il s'agisse de choses inertes ou animées. C'est en ce sens que Lamartine déclare aux éléments de la nature qui l'environnent : « Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? »
Plus couramment : chose solide, usuelle, fabriquée par l'homme et destinée à un certain usage. Ustensile, outil, instrument, toute réalité matérielle ayant une unité et servant à quelque chose. Les objets de consommation, les objets d'art. Dans le "Système des objets", le sociologue Jean Baudrillard étudie la façon dont l'homme moderne existe à travers ses collections d'objets, se «signifie» socialement par leur possession. Les expressions «femme-objet» ou « homme-objet » désignent la réduction de la femme ou de l'homme à l'état d'objet ou d'instrument (sexuel par exemple), aussi bien dans des situations de la vie courante que dans le spectacle publicitaire. Dans ce sens, le mot objet (matériel, instrumental) s'oppose au mot sujet (pensant, libre, autonome).

2° Sens abstrait (courant). Ce qui se présente à l'esprit humain comme distinct de lui (cf. l'étymologie); ce qui s'offre aux désirs, à l'action, à la volonté humaine. L'objet de la pensée ; l'objet du désir (qui n'est pas forcément un objet usuel concret); l'objet d'une démarche (ce que l'on cherche ou recherche; voir les mots «objectif, but, finalité »); l'objet d'un litige (ce sur quoi porte une discussion juridique); l'objet d'un discours (le thème, le «sujet» auquel il s'attache ; ce qu'il veut démontrer). Etre ou faire l'objet de: être visé par; être ce à quoi s'attache la volonté ou l'effort d'autrui ; subir une action. Dans toutes ces expressions, nous retrouvons la distinction entre l'être humain comme sujet (de pensée, de désir, d'action) et la réalité (abstraite, morale, générale) qui lui est extérieure.

3° Sens littéraire (classique). La personne aimée. Cela ne veut pas dire qu'elle est considérée comme un objet au sens n° 1 (la femme-objet par exemple), mais comme l'objet d'un désir amoureux au sens n° 2. Le mot garde là son sens étymologique : dans le domaine amoureux, « l'objet » est cet être extérieur auquel le sujet aimant s'intéresse… Quand Phèdre dit de Thésée « Volage adorateur de mille objets divers », ces «mille objets» représentent toutes les femmes que Thésée a aimées!

4° Sens psychanalytique. Objet libidinal. L'objet est l'être, la partie de l'être, le fantasme associé à cet être, ou encore un élément matériel auquel se relie ce fantasme, en lesquels le sujet investit son désir. Lorsque le « moi » s'aime lui-même, il s'agit d'un désir « narcissique»; lorsque le « moi » investit son amour au dehors de lui-même, il s'agit d'un amour « objectal ». Le mot objet reprend ici son sens étymologique (sens n° 2), mais sans se limiter à une personne (sens n° 3). Lorsque le psychologue s'interroge sur la «relation d'objet» de son patient, il va se demander non pas qui il aime, mais ce que celui-ci aime dans l'être aimé — quelle partie de son corps, quel fantasme amoureux, quelle image inconsciente, quel type de situation rêvée. Ce sera cela, « l'objet », pris au sens large, psychanalytiquement.


OBJECTIVITÉ

1. Sens courant : impartialité sans parti pris (faire preuve d'objectivité dans ses jugements).

2. Dans les sciences, objectivité : démarche de rationalisation de l’expérience par des procédés — mesure, mathématisation... — excluant l’intervention individuelle (« l’objectivité scientifique n’est possible que si... l’on a arrêté et contredit les pensées qui naissent de la première observation », écrit G. Bachelard).
3. Caractère de ce qui est un objet (matériel), le fait d’être donné comme une chose. Opposé à subjectivité — sens 2 (l'objectivité du monde physique...).

OBJECTIF A| (adj.) 1. — Ce qui est caractéristique de l’objet. 2. — Ce qui s’oppose au subjectif en un sens quelconque de ce mot (donc opposé à individuel, arbitraire). 3. — Parf. Syn. de scientifique. B | (n. m.) 4. — Syn. de but. 5. — Réalité objective : cf. réalité ; à ce sens se rattache l’utilisation du terme, qui, par ex. chez Descartes, peut désigner ce qui existe dans l’esprit, en tant que représenté. 6. — Objectivité : (lato) caractère de ce qui est objectif ; (stricto) attitude de l’esprit opposée à la subjectivité (en ce sens, parf. Syn. impartialité) ; le problème philosophique sous-jacent est de déterminer les critères et les fondements de l’objectivité de la connaissance (et de la science) ; l’ambiguïté de la notion d’objet accroît la difficulté : l’objectif, ce peuvent être le réel, l'objectivité, l’accord de la pensée au réel, mais aussi ce qui ne dépend pas de moi, et se trouve donc valable pour tous ; comme on peut s’accorder dans l’erreur, certains cherchent les critères de l'objectivité dans une raison qui serait en soi dans mon esprit et dans tout esprit ; l’objectivité se confond alors avec la rationalité (cf. le sens 3).



OBJECTIF, OBJECTIVATION, OBJECTIVITÉ, OBJET ♦ Étymologiquement, le mot objet signifie « ce qui est jeté devant », d’où : ce qui s’oppose au sujet* comme étant susceptible d’expérience, et différent de l’acte par lequel le sujet le saisit. Moins techniquement : toute réalité concrète identifiable ; mais aussi le but ou la fin que l’on vise en agissant ou réfléchissant (objet d’une science, d’un texte, d’une passion...). ♦ On appelle objectif ce qui a rapport à l’objet et qui est placé devant celui qui regarde - au sens étymologique. Ainsi pour les scolastiques et également pour Descartes, une représentation en tant qu’« objet » de pensée est qualifiée d’objective bien que non réelle. Au sens moderne - depuis Kant - le terme s’oppose à subjectif et désigne ce qui existe indépendamment du sujet et de la connaissance que celui-ci peut en avoir. En ce sens, « l’espace n’est pas quelque chose d’objectif ou de réel, mais de subjectif » (Kant). Sur le plan épistémologique, le monde objectif deviendra le monde réel, celui qui - s’appuyant sur l’expérience externe - relèvera d’un savoir objectif que l’on peut définir, en opposition avec l’arbitraire de la construction imaginative du sujet, par l'impersonnalité d’une connaissance universellement valable. ♦ L’objectivité concerne tout ce qui est objectif. Sur le plan métaphysique, elle caractérise ce qui existe en dehors de notre pensée (les Idées platoniciennes par exemple). D’autre part, l’objectivité de la connaissance est réalisée quand l’esprit constitue un objet de pensée pouvant faire en droit l’accord des esprits (universalité). En ce sens, la notion est synonyme de rationalité. Opposée à la subjectivité, elle requiert l’impartialité du sujet connaissant et exige la mise en œuvre de procédures d’observation et d’expérimentation garantissant la validité des opérations relevant de l’investigation scientifique dont l’objectivité ne sera précisément méritée qu’à ce prix. ♦ Le processus par lequel la conscience extériorise ses sensations en objets - ce qui suppose en général la médiation du langage - est appelé objectivation. En psychopathologie : confusion entre une image et un objet réel.