Nouvelle géographie socio-économique
Cette approche tient compte à la fois des éléments économiques et sociaux des espaces. La dotation initiale des régions est certes inégale. Certaines régions possèdent des richesses facilement mesurables ou comparables, comme les matières premières, la main-d'uvre ou même des capitaux disponibles. Ces ressources sont mobiles dans l'espace, donc transférables ou substituables. Leur prix est défini selon le rapport entre l'offre et la demande. Mais la véritable richesse des régions est fondée sur des activités bien plus complexes et différenciées, liées à l'innovation, à la maîtrise des technologies, à la recherche. Ces ressources contribuent à la spécificité d'un territoire. Elles sont le résultat d'une accumulation de savoir-faire et d'apprentissages sur le long terme, qui supposent une réciprocité dans les relations, une confiance entre les contractants, une disponibilité à coopérer, l'existence d'un marché local du travail, et bien d'autres choses encore. Tout cela concourt à ce que l'Anglais Alfred Marshall avait appelé « l'atmosphère industrielle». On peut parler d'« externalités cognitives». Dans cette perspective, organisation industrielle et organisation territoriale créent une situation unique, résultat tout à la fois d'une culture, des rapports sociaux et des institutions. Cette richesse est non transférable, non modélisable, non quantifiable ; elle est ancrée dans le territoire. La différenciation qui en résulte fait contrepoids à la globalisation. La « nouvelle économie géographique » tend à négliger la construction sociale d'un espace. Les auteurs de cette tendance pratiquent une science économique partielle en ce sens que les institutions, la culture, les rapports sociaux, etc., ne sont pas dans leurs préoccupations. Pourtant, on sait combien ces dimensions sont importantes pour comprendre l'économique. La géographie socio-économique propose de compléter la nouvelle économie géographique par une nouvelle géographie socio-économique.
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