NOUVEAU Germain
NOUVEAU Germain 1852-1920
Après des études au petit séminaire d'Aix-en-Provence, Germain Marie Bernard Nouveau, qui se destinait au sacerdoce contre l'avis de ses parents, lesquels le voulaient pharmacien, se sent la vocation pour les lettres. A la tête de l'héritage parental, il se rend, en 1872, à Paris, où il vit la vie de bohème et fréquente les cercles poétiques du moment, rencontre Charles Cros et Mallarmé. En 1873, puis 1875, il accompagne Arthur Rimbaud à Londres. C'est d'ailleurs à Charing Cross qu'il fait la connaissance de Verlaine. Ses premiers poèmes (Premiers Poèmes, en 1872 et Dizains réalistes, en 1876) lui gagnent l'estime de son entourage et un début de notoriété. Au terme d'une crise morale survenue en 1878, il se convertit, se «range», accepte un emploi dans la Fonction publique; il collabore au Figaro et compose les poèmes (d'inspiration religieuse) de son premier recueil, Doctrine de l'Amour, qui paraîtra en 1881 avec pour signature Humilis (humble en latin). De retour d'un voyage à Beyrouth en 1883 — pour partir il a lâché son poste — une liaison avec une certaine Valentine Renault lui inspire les poèmes qui formeront le recueil Valentines (1922) Après cinq ans d'enseignement (1886-91) comme professeur de dessin, il est interné à Bicêtre, à l’occasion d’une crise de mysticisme délirant. A sa sortie il se fait vagabond et vivra dès lors de mendicité sous les porches des églises, de privations et d’ascèse. Trente ans durant, il va mener, jusqu’à sa mort, survenue en 1920, dans sa ville natale de Fourrières, dans le Var, cette vie d’humilité qu’il a choisie, entrecoupée d’internements consécutifs à des crises d’extase sur la voie publique, de séjours en prison pour vagabondage et de longs pèlerinages à pied. Une grande partie de son œuvre a été rassemblée et éditée après sa mort: Poésies d’Humilis et Vers inédits (1923), Le Marron travesti ou la Quatrième Eglogue de Virgile (1923), Le Calepin du Mendiant (1949), qui rassemble les écrits de la dernière partie de sa vie. Longtemps ignoré, même s’il fut re-découvert, avec bien d’autres, par les surréalistes, Germain Nouveau n’émerge que lentement de l’oubli injuste dans lequel il est resté plongé — en partie à cause de l’anonymat dans lequel il s’est volontairement enseveli vivant: il n’en sortait d’ailleurs que pour protester contre les reproductions de ses œuvres passées, dont il disait, un peu à l’instar de son ancien ami Rimbaud: «C’était mal». Si aujourd’hui certains n’hésitent pas à en faire l’égal d’un Verlaine ou d’un Rimbaud, et, en tout cas, à voir en lui l’un des meilleurs poètes religieux qui soit, Nouveau n’a pas encore la place qu’il mérite.
NOUVEAU Germain Marie Bernard. Poète français. Né et mort à Pourrières (Var) (31 juillet 1851-4 avril 1920). Il fait ses etudes au Petit Séminaire d’Aix-en-Provence et songe à embrasser le sacerdoce. S’opposant à sa famille qui le voudrait pharmacien, il se sent attiré par les lettres et les arts. La mort prématurée de ses parents lui laisse un petit héritage et lui permet, en 1872, de quitter le poste de surveillant qu’il occupe au lycée de Marseille pour se rendre à Paris où il fréquente la « bohème », entre autres Verlaine et Rimbaud, qu’il accompagnera à Londres en 1873 et 1875. Ses poèmes, signés Néouvielle, lui valent une rapide notoriété et révèlent, au travers des influences de son entourage, des accents très personnels. Mais, pressé par le besoin, il rompt avec la bohème au sortir d’une crise morale et accepte, en 1878, un emploi au Ministère de l’instruction publique. Il mène alors une vie rangée, collabore au Gaulois, au Figaro, et compose le meilleur de son œuvre : Doctrine de l’amour , poèmes d'Inspiration mystique, achevés en 1881 et signés du pseudonyme d’Humilis. En 1883, il quitte son emploi et se rend à Beyrouth, puis revient à Paris où il se lie avec une certaine Valentine Renault qui lui aurait inspiré les poèmes réunis sous le titre de Valentines. De 1886 à 1891, il occupe un poste de professeur de dessin au Lycée Janson-de-Sailly; mais une crise de mysticisme délirant lui vaudra un an d'Internement à Bicêtre. Dès lors, vagabond vivant de mendicité, il va mener trente années durant une existence d’humilité et d’ascèse chrétienne entrecoupée de pèlerinages à pied en Belgique, en Espagne et en Italie, sans cesser de remplir ses calepins de poèmes signés Laguerrière. En 1911, il revint s’établir définitivement à Pourrières, dans une masure, où on le trouve mort le 4 avril 1920. Son œuvre, mince mais substantielle, fut publiée en grande partie à titre posthume, et a fait l’objet d’une première édition en 1953, sous le titre Œuvres poétiques de Germain Nouveau (2 volumes) — Poésies.
♦ « Nouveau est charmant, n 'est-ce pas, mais quel « janséniste ! » Verlaine. ♦ « A cette discipline à laquelle nous sommes soumis et que Rimbaud toute sa vie a désespérément secouée, Nouveau propose de remédier par l'observation volontaire d'une discipline plus dure. L'esprit se retrempe peu à peu dans cet ascétisme et il n'en faut pas davantage pour que la vie reprenne un tour enchanteur. » A. Breton.
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