nœud
nœud
Moment particulièrement complexe de l’intrigue.
Commentaire Le nœud commande l'intensité du dénouement. C'est dire qu'il présente une importance dramatique extrême. Il désigne le moment de l'action où le dramaturge a dévoilé toute l'ampleur du problème et de ses ramifications, où les différents personnages voient leurs destins étroitement imbriqués, où l'intrigue doit déboucher sur une solution ou sombrer dans une catastrophe.
Citations Le nœud est composé, selon Aristote, en partie de ce qui s’est passé hors du théâtre avant le commencement de l'action qu'on y décrit et en partie de ce qui s'y passe : le reste appartient au dénouement. Le changement d'une fortune en l'autre fait la séparation de ces deux parties. (Pierre Corneille, Discours des trois unités.) Qu'elle [la tragédie] soit bien entrelacée, mêlée, entrecoupée, reprise, et surtout à la fin rapportée à quelque résolution et but de ce qu'on avait entrepris d'y traiter. (Jean de La Taille, De l'art de la tragédie : à la très haute princesse Henriette de Clèves, duchesse de Nevers, 1572.) La tragédie est faite d'une crise, d'un paroxysme, d'une solution. (Alain, Définitions.)
NŒUD
la protection, la défense
Symbole sacré de la science antique, le nœud ou lacet indique la clôture, le secret qui entoure les mystères sacrés: seuls ceux qui le forment savent le défaire parce qu’ils en possèdent le secret.
• En Inde, il est le symbole de l’arrêt. Tout ce qui existe dans l’univers comme dans la vie humaine est relié par une infinité de fils invisibles liés et maniés par certaines divinités qui en font des nœuds, lacets, des liens matériels ou figurés et les utilisent comme armes magiques.
Ces dieux lieurs sont les divinités de la maladie et de la mort : dieux védiques (Varuna, Yama, Nirrti) et autres (nordiques...) qui s’en servent pour «lier» les coupables, enchaîner les Eaux ou provoquer des maladies (lacets) ou la mort (lien suprême). Ces liens peuvent être dénoués par une divinité tutélaire.
• Les liens magiques utilisés dans la sorcellerie et la guerre possèdent la propriété de troubler l’ordre naturel des choses, d’empêcher le bonheur ou d’affecter la santé d’une victime. Suivant les principes de la magie imitative, ils représentent l’obstacle physique auquel correspondra un obstacle identique dans l’organisme. A Babylone, les sorciers étaient censés étrangler leurs victimes à distance à l’aide de nœuds faits sur une corde en prononçant des incantations ; Pline va jusqu’à dénoncer certaines postures évocatrices de nœuds, comme croiser les jambes ou tenir ses jambes croisées avec ses mains jointes. L’opération inverse, la coupure des liens délivrera les victimes.
Ces charmes d'empêchement et toutes sortes de figures ficelées font partie de l’attirail des magiciens-sorciers de l’Antiquité et... des temps modernes.
• Mais le nœud est ambivalent et guérit les maux qu’il a provoqués. Ces nœuds bénéfiques deviennent des symboles de protection, rattachés au symbolisme de la tresse, de la torsade et de l’entrelacs, moyens de défense contre ennemis, animaux sauvages, sortilèges, démons, maladies et contre la mort. Le nœud d’Hercule attachant la ceinture des épousées de l’ancienne Grèce, ne pouvait être délié que par le marié (bien que le nœud maléfique puisse également empêcher la consommation du mariage), les médecins de l’Antiquité liaient la partie malade du corps ; on portait des amulettes faites de nœuds...
• La loge maçonnique mixte se ceinture d’une corde à nœuds entrelacés ou houppe dentelée, héritière du nœud gordien, muraille protectrice symbolisant l’union fraternelle, la chaîne indissoluble formée par les hommes parvenus à la perfection. Son entrelacement symbolise le secret qui entoure leurs mystères.
• Pour les bouddhistes, le nœud infini s’enroulant et se refermant sur lui-même est l’un des 8 symboles de longue vie et figure le bonheur dans l’iconographie.
• Dans les Upanishad-. défaire le nœud du cœur, c’est atteindre l’immortalité. En Egypte, le nœud d’Isis est un symbole de vie et d’immortalité.
• Symboles de difficultés, les 7 ou 9 nœuds du bâton rouge des taoïstes symbolisent les degrés d’initiation et les orifices internes qu’il faut ouvrir avant de parvenir à l’illumination.
Le nœud bouddhique sans fin, symbole de l'amour et de la dévotion.