noble
Le caractère noble est un des traits du style. Il relève en grande partie de l’élocution ; mais il est également lié à la nature de la matière traitée. Concrètement, la noblesse, dans la hiérarchie des niveaux, désigne l’ensemble des déterminations élevées ; elle s’oppose donc non seulement au populaire et au bas, mais également au familier ; elle pose un problème par rapport au naturel. Le style noble ne saurait cependant entrer en conflit avec la qualité reine qu’est la clarté. Il existe des genres nobles, comme l’épopée et la tragédie; mais tout discours a une sorte de vocation à la noblesse, même si, dans l’éloquence du barreau, c’est dans le démonstratif que ce style doit être le plus tenu. Dans la pratique de l’élocution, Aristote recommande d’avoir recours aux mots étrangers, aux métaphores, aux ornements, et aux mots propres aussi, pour préserver la clarté et la netteté. Mais il y a un moyen très sûr de la rendre en même temps et noble et claire, c’est de se servir de mots allongés, raccourcis, ou changés; car ce qu’il y a d’extraordinaire dans ces termes et qui les fait paraître éloignés des mots propres, produit la noblesse, et ce qu’ils retiennent encore de l’usage commun donne la netteté. On remarque ainsi cette beauté que donnent au style les expressions figurées, pourvu qu’elles soient convenables, bien placées, et mises avec modération... Changeons une métaphore pour y mettre un mot propre, et les grands vers des poètes deviendront quasi nuis. Aristote parle en somme des ingrédients matériels du style noble : ceux-ci tiennent d’une part à l’emploi de termes différents de ceux que l’on utilise habituellement, mais il n’est pas question qu’ils s’y substituent entièrement, et d’autre part à l’emploi des figures. Dans l’un et l’autre cas, on notera l’exigence de modération.
=> Éloquence, oratoire, genre, niveau, partie; élocution, démonstratif, style; élevé, bas, populaire, familier, sublime; qualité, clarté, ornements, naturel; figure, métaphore; gravité, bienséances, enflure.
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