niveau
En rhétorique, ce terme est essentiellement employé dans l’expression niveau de style. La question est liée à celle des genres d’éloquence. On sait qu’il existe une hiérarchie des styles, en gros bas - moyen - sublime, assortie d’un certain nombre de variantes internes, indépendamment des variations de nomenclature, et des incertitudes tenant à la fois à l’appréciation des matières correspondantes et aux jugements portés au fil du temps sur les différentes pratiques de tel ou tel orateur ou de telle ou telle école ou tradition oratoires. Il est intéressant de noter que chacun de ces trois styles est susceptible d’être perverti en vice, selon un processus de dégradation interne chaque fois spécifique. Le sublime a pour défaut homogène le caractère boursouflé ou enflé ; le moyen peut devenir diffus ou mou ; le bas peut s’abâtardir en sec ou grêle, complètement débile. Ce type de commentaire, fort traditionnel, pose une question très importante et jette sur le point de la hiérarchie des styles une lumière tout à fait particulière. Toutes les indications de la deuxième série que l’on vient de donner sont en effet des défauts. Cela veut dire que les indications de la série initiale, la tripartition canonique, sont en un sens neutres du point de vue de la valeur de niveau. C’est là un fait aussi énorme que paradoxal. Et ce d’autant plus qu’à toute rigueur, si la série deux est vice, la série un doit même être plutôt considérée comme qualité. On s’oriente ainsi vers l’idée d’une égale dignité de chacun des trois niveaux de style, tout en maintenant, en quelque sorte dans l’absolu, une hiérarchisation de ces niveaux. C’est en cela précisément que consiste le paradoxe. L’enjeu, pour les rapports du rhétorique et du littéraire, est plus que considérable : les conséquences de cette liberté et de cette contradiction sont vitales pour l’histoire du devenir de l’art verbal, dans ses différents genres et styles. Cela veut dire que l’on peut concevoir, par exemple et à la limite, une excellence dans le style bas. D’où l’on peut se demander s’il existe finalement vraiment autre chose qu’un critère de matière, de sujet, dans l’appréciation des niveaux de style, en fonction d’une adaptation du style à ces matières. Pour l’écrivain, la dignité serait dès lors indépendante de la hiérarchie. À l’intérieur de la pratique proprement et spécifiquement oratoire, c’est selon les parties du discours qu’il conviendrait de justement tempérer la pratique de l’un ou de l’autre des trois niveaux, de même qu’en fonction du mouvement que l’on veut susciter dans l’esprit des auditeurs ou de la situation stratégique où l’on se trouve par rapport à sa cause. L’orateur est donc placé, par principe, devant un choix pour lequel il doit disposer de toute compétence, choix qui ne dépend que fort peu de lui-même. Ce qui montre qu’en rhétorique, la hiérarchisation est solidaire de la totale plasticité sociale : c’en est même la condition.
=> Éloquence, oratoire, orateur; style, genre; partie, cause; bas, moyen, sublime; enflé, sec; qualités, vices.
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