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NIETZSCHE : NOUS NE HAÏSSONS PAS L'ILLUSION

NIETZSCHE : NOUS NE HAÏSSONS PAS L'ILLUSION

Parce qu'elle est visée de la vérité, la pensée philosophique dénonce toujours les illusions qui nous empêchent de la découvrir. Mais n'avons-nous pas un besoin vital de l'illusion ? N'acceptons-nous pas la vérité que dans la mesure où elle peut finalement nous être utile ? Nietzsche note qu'en effet les hommes n'aiment pas la vérité, mais ses conséquences avantageuses, ne haïssent pas l'illusion, mais celle dont les conséquences sont nuisibles.

« Le menteur fait usage des désignations valables, les mots, pour faire que l’irréel paraisse réel : il dit, par exemple, “je suis riche”, tandis que, pour son état, “pauvre” serait la désignation correcte. Il mésuse des conventions fermes au moyen de substitutions volontaires ou d’inversions de noms. S’il fait cela d’une manière intéressée et surtout préjudiciable, la société ne lui accordera plus sa confiance et par là l’exclura. Les hommes ne fuient pas tellement le fait d’être trompés que le fait de subir un dommage par la tromperie : au fond, à ce niveau, ils ne haïssent donc pas l’illusion, mais les conséquences fâcheuses et hostiles de certaines sortes d’illusion. C’est dans un sens aussi restreint que l’homme veut seulement la vérité : il convoite les suites agréables de la vérité, celles qui conservent la vie ; envers la connaissance pure et sans conséquence il est indifférent, envers les vérités préjudiciables et destructrices, il est même hostilement disposé. » Nietzsche.

ordre des idées

1) Analyse des attitudes que provoque le mensonge, source d'illusions.

a) Mécanisme général du mensonge : un certain usage du langage qui donne une apparence d’être (par exemple, je donne l'illusion d'être riche) à ce qui n'est pas (en réalité, je ne suis pas riche). b) Réactions sociales devant l'illusion née du mensonge. Nietzsche observe une condamnation du seul mensonge dont les conséquences sont mauvaises pour la société (cf. le mensonge de l'escroc), non du mensonge en soi ou de celui qui est sans conséquences nuisibles (cf. certaines formes d'hypocrisie ou de politesse).

2) Élargissement de l'analyse : l'attitude devant la vérité, comme devant les illusions, change selon les conséquences qu'on peut attendre de celles-ci. —En particulier, l'homme ne peut désirer des vérités dont les conséquences seraient ruineuses pour sa vie. La valeur d'une idée dépend non de sa vérité mais de la réponse qu'elle apporte aux besoins vitaux des êtres.

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