NIETZSCHE : L'INTENTION MORALE EN QUESTION
NIETZSCHE : L'INTENTION MORALE EN QUESTION
Nietzsche rompt avec toutes les morales antérieures, leurs définitions du bien, du mal, de la bonne volonté, du devoir. Mais cette rupture n'est pas le fait d'une analyse qui proposerait une définition nouvelle et plus exacte de ces notions.Nietzsche s'interroge sur la généalogie de toute morale : quelle volonté obscure et vitale est à l'origine des valeurs, quelles qu'elles soient ? Que voulons-nous, en voulant le bien plutôt que le mal, le vrai plutôt que le non-vrai ?
« Mais ne devrions-nous pas aujourd’hui sentir enfin la nécessité de procéder à un bouleversement radical des valeurs grâce à un nouveau retour sur nous-mêmes, à un approfondissement nouveau de l'homme ? Ne sommes-nous pas arrivés au seuil d'une nouvelle période que l'on pourrait, négativement d’abord, qualifier d'extra-morale, puisque chez nous au moins, immoralistes, on commence à soupçonner que la valeur décisive d'un acte réside justement dans ce qu'il a de non-intentionnel, et que tout ce qu'il a d'intentionnel, tout ce qui peut être vu ou su, tout ce qu'il a de conscient, fait encore partie de sa surface et de son épiderme, lequel, comme tout épiderme, trahit quelque chose, mais dissimule plus encore. Bref, nous voyons que l'intention n'est qu'un signe et une symptôme qui a besoin d’être interprété, un signe qui est chargé de trop de significations pour en avoir une à lui seul. Nous croyons que la morale, telle qu’on l'a jusqu'à présent conçue, la morale des intentions, a été un préjugé, un jugement hâtif et provisoire à mettre peut-être au rang de l'astrologie et de l'alchimie, une chose en tout cas qui devra être dépassée. »
Nietzsche
ordre des idées
1) Position d'un problème nouveau : la mise en question radicale des valeurs, liée à un examen plus approfondi de ce qui fait agir l'homme.
2) Raisons de le poser : l'apparition “historique”, aujourd'hui, d'“immoralistes”, c'est-à-dire ici d’hommes qui se situent à l'extérieur de la problématique morale (qui ne s'interrogent plus simplement sur ce que sont en soi le bien, le mal, le devoir...)
3) Les analyses “extra-morales” de tels penseurs (dont Nietzsche lui-même) : — la valeur réelle d'un acte doit être cherchée dans ce qui, en lui est non-intentionnel (dans des forces qui sont en deçà de la décision volontaire et consciente, plus profondes qu'elle, méconnues par elle, mais qu'elles expliquent). — inversement, ce qui est intentionnel n'est que superficiel : une sorte de symptôme à interpréter. (Ainsi, le “devoir” impersonnel de Kant, sa notion de bonne volonté consciente, qui s'autodétermine rationnellement, exprimeraient une certaine idiosyncrasie de leur auteur : une disposition physiologique, un état du corps, qui rendent nécessaires certaines valeurs ; plus généralement, le refus des passions et des sens, la survalorisatioon de la raison, trahissent pour Nietzsche une incapacité d'affronter la réalité telle qu'elle est, une “volonté” faible.)
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