NIETZSCHE : L'EXISTENCE HUMAINE N'A PAS DE SENS
NIETZSCHE : L'EXISTENCE HUMAINE N'A PAS DE SENS
Nous voulons à tout prix découvrir le sens de l'existence humaine, nous croyons que celle-ci doit répondre à quelque intention, qu'elle tend vers une certaine fin. Mais n'est-ce pas là une pure illusion ? Ne faut-il pas au contraire comprendre l'absolue nécessité de toutes choses et, dépassant les catégories toujours morales de responsabilité et de fin, rendre au devenir du monde et de l'homme sa radicale innocence ?
« Personne n’est responsable du fait que l’homme existe, qu’il est conformé de telle ou telle façon, qu’il se trouve dans telles conditions, dans tel milieu. La fatalité de son être n’est pas à séparer de la fatalité de tout ce qui fut et de tout ce qui sera. L’homme n’est pas la conséquence d’une intention propre, d’une volonté, d’un but ; avec lui on ne fait pas d’essai pour atteindre un “idéal d’humanité”, un “idéal de bonheur”, ou bien un “idéal de moralité”, — il est absurde de vouloir faire dévier son être vers un but quelconque. Nous avons inventé l'idée de “but” : dans la réalité le but manque... On est nécessaire, on est un morceau de destinée, on fait partie du tout, on est dans le tout, — il n’y a rien qui pourrait juger, mesurer, comparer, condamner notre existence, car ce serait là juger, mesurer, comparer, condamner le tout... Mais il n'y a rien en dehors du tout ! »
Nietzsche
ordre des idées
1) Une idée centrale : L'existence et la nature de l'homme ne sont pas le produit d'une intention quelconque (celle de Dieu par ex.), mais elles s'inscrivent dans la nécessité générale (la fatalité) du Tout, de l'Univers (qui lui-même n'est le fruit d'aucune intention).
2) Conséquence : L'existence de l'homme ne répond à aucun but (par ex. réaliser un « idéal d'humanité », « de bonheur » ou « de moralité »). Cette idée de but est donc une simple invention de notre part.
3) Justification de cette vue : — Si l'existence humaine avait un but, on pourrait la juger en fonction de ce but. — Or la nécessité humaine est la même que celle du Tout. — Donc juger l'homme reviendrait à dire que le Tout se juge lui-même, ce qui est absurde puisqu'il n'existe rien en dehors de lui qui puisse servir de référence pour son jugement (pas d'idéal).
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