NIETZSCHE: Les illusions de la volonté
La volonté n'est pas cette faculté une et indivisible que décrit la tradition. Elle est au contraire composée d'éléments hétérogènes qui rendent problématique l'unité du moi. Si pour Schopenhauer la volonté est le principe de toute représentation qui détermine notre vouloir-vivre à désirer, pour Nietzsche, la volonté est un mot qui recouvre un ensemble de sentiments associé à une pensée.
Problématique
La volonté est constituée de trois éléments : sensation, affectivité, pensée. Ces trois éléments sont constitutifs de la volonté. En fait, vouloir, c'est commander à soi-même. Cela suppose une scission du sujet. En d'autres termes, le libre-arbitre cache une hiérarchie de fonctions dont certaines dominent les autres.
Enjeux
En remettant en question l'unité de la volonté, Nietzsche cherche à évaluer la part que nous prenons dans nos actions. Ne sommes-nous pas déterminés à notre insu ? Ne sommes-nous pas "agis" ? La critique nietzschéenne touche dès lors la notion de moi, en ce sens que pour mener une action, il est nécessaire qu'il y ait un centre de décision. Or, cela suppose qu'il y ait une identité entre le vouloir et l'action. En rejetant cette unité, Nietzsche débusque un préjugé métaphysique.
Les illusions de la volonté
Les philosophes ont coutume de parler de la volonté comme si c'était la chose la mieux connue du monde ; Schopenhauer a même laissé entendre que la volonté était la seule chose qui nous fût réellement connue, entièrement et totalement connue, sans surplus et sans reste ; mais il me semble toujours que Schopenhauer, dans ce cas comme dans d'autres, n'a fait que ce que font d'habitude les philosophes : il a adopté et poussé à l'extrême un préjugé populaire. La volonté m'apparaît avant tout comme une chose complexe, une chose qui n'a d'unité que son nom, et c'est dans cette unicité du nom que réside le préjugé populaire qui a trompé la vigilance toujours en défaut des philosophes. Pour une fois, soyons donc plus circonspects, soyons moins philosophes, disons que dans toute volonté il y a d'abord une pluralité de libre-arbitre : possibilité de vouloir, indépendamment de toute détermination extérieure ou intérieure.
- libre-arbitre : possibilité de vouloir, indépendamment de toute détermination extérieure ou intérieure.
Liens utiles
- Les vérités sont des illusions dont on a oublié qu'elles le sont. Nietzsche
- Que pensez-vous de cette affirmation de Nietzsche : « Les vrais éducateurs sont des libérateurs. » ?
- Arthur SCHOPENHAUER, Le Monde comme volonté et comme représentation, 181 B, livre IV, trad. A. Burd eau,© PUF, 2e éd. 2004
- Illusions perdues: Quelle image Balzac nous donne-t-il du héros à travers le choix de Lucien de Rubempré? Est-ce celle d’un type humain ou celle d’un héros original?
- Commentaire de texte Hegel: la volonté et la raison