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NIETZSCHE : LE LIBRE-ARBITRE, UNE ILLUSION

NIETZSCHE : LE LIBRE-ARBITRE, UNE ILLUSION

Comment naît l'idée que nous avons un libre-arbitre, un pouvoir de nous déterminer que ne détermine aucune force extérieure ? Pourquoi nous imaginons-nous ainsi exceptionnels dans la nature ? Ces questions et ces objections, Spinoza les opposait déjà à l'expérience intérieure de la liberté qu'avançait Descartes. Nietzsche reprend pour l'essentiel son argumentation.

« Aussi longtemps que nous ne nous sentons pas dépendre de quelqu’un ou de quelque chose, nous nous estimons indépendants : sophisme qui montre combien l’homme est orgueilleux et despotique. Car il admet ainsi qu’en toutes circonstances il remarquerait et reconnaîtrait sa dépendance dès qu’il la subirait — son postulat étant qu’il vit habituellement dans l'indépendance et qu’il éprouverait aussitôt une contradiction dans ses sentiments s’il venait exceptionnellement à la perdre. Mais si l’inverse était vrai, s'il était vrai que l’homme vit constamment dans une dépendance multiforme, mais s'estime libre quand il cesse de sentir la pression de ses chaînes du fait d’une longue accoutumance ? S’il souffre encore, ce n'est plus que de ses chaînes nouvelles : le “libre arbitre” ne veut proprement rien dire d'autre que ne pas sentir ses nouvelles chaînes. »

Nietzsche

ordre des idées

1) Détermination des conditions qui feraient surgir Vidée que nous sommes indépendants : cette idée naîtrait lorsque nous ignorons, lorsque nous ne percevons pas cette dépendance.

2) Critique de cette genèse de l’idée de libre-arbitre. Elle repose sur un “sophisme”, un raisonnement faux malgré son apparence de vérité. En effet, cette argumentation postule (demande qu’on admette, sans fondement) : — que nous connaissions les forces qui nous contraignent au moment où elles pèsent sur nous ; — que le plus souvent ces forces contraignantes n'existent pas et que c'est leur apparition qui nous les rendrait sensibles (autrement dit, on postule ici que nous sommes le plus souvent libres, que la dépendance est exceptionnelle).

3) Esquisse d'une autre hypothèse, peut-être plus conforme à la réalité, opposée aux postulats sur lesquels repose l'idée d'un libre-arbitre : — Peut-être sommes-nous dépendants de forces multiples qui nous déterminent sans cesse ; — Peut-être est-ce la permanence et la multiplicité de ces forces qui fait que nous ne les percevons même plus. — Conclusion : se sentir libre n'est pas être libre, mais simplement ne pas sentir les forces qui, en fait, nous dirigent.

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