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NIETZSCHE : LA VÉRITÉ, UNE ERREUR VITALE

NIETZSCHE : LA VÉRITÉ, UNE ERREUR VITALE

Le pragmatisme faisait de la vérité une idée utile. Dès lors une vérité n'est pas absolument vraie. C'est même, nous dit Nietzsche, une sorte d'erreur, une erreur nécessaire à la vie : il n'existe pas de “vérités” immuables, puisque la Vérité fondamentale du monde, c'est que tout change, que tout est emporté dans un Devenir perpétuel, que nos “vérités” ont pour fonction de masquer et de travestir en Être, afin de rendre la vie possible.

« Tu vois maintenant une erreur dans cette chose que tu aimas autrefois comme vraie ou comme probable : tu la rejettes loin de toi et tu te figures que ta raison vient de remporter une victoire. Mais peut-être cette erreur, jadis alors que tu étais un autre (on ne cesse jamais d’être un autre) t’était-elle aussi nécessaire que tes “vérités” d'aujourd'hui ; c’était une sorte de peau qui te cachait, te voilait bien des choses que tu n'avais pas encore le droit de voir — c'est ta nouvelle vie, ce n'est pas ta raison qui t'a tué cette idée ; tu n'as plus besoin d'elle, elle s'effondre sur soi, et sa déraison vient au jour, elle sort en rampant comme un ver. Quand nous exerçons notre critique ce n'est pas arbitrairement, ce n'est pas impersonnellement, c'est, souvent au moins, parce qu'il y a en nous une poussée de forces vivantes en train de dépouiller leur écorce. Nous nions et nous sommes obligés de le faire parce qu'il y a quelque chose en nous qui veut vivre et qui veut s'affirmer, quelque chose que nous ne connaissons, que nous ne voyons pas encore !... Donnons ce bon point à la critique. »

Nietzsche

ordre des idées

1) Un double constat : — Certaines de nos vérités d'hier nous apparaissent aujourd'hui comme des erreurs. — Nous croyons que cela est du à un progrès de la Raison.

2) Critique de cette vue : En réalité chaque “vérité” : — est « déraison » (elle est toujours détruite par nouvelle vérité qui montre sa déraison) ; — a pour fonction de cacher ce que la vie, à un stade déterminé, n'a pas la force de supporter (ce que l'on n'a « pas encore le droit de voir ») ;

3) Conclusion : Ce n'est pas Raison qui fait progresser la vérité, c'est la vie, le Vouloir-vivre, qui î utilise la raison pour établir les “vérités” dont il a besoin.

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