NIETZSCHE : LA CONSCIENCE, REFLET DU CORPS
NIETZSCHE : LA CONSCIENCE, REFLET DU CORPS
Renversant l'anthropologie classique qui privilégiait l'âme ou la pensée consciente par rapport au corps, Nietzsche affirme la primauté d'une pensée inconsciente qui est celle de l'organisme tout entier, « toutes les formations organiques participant au penser, au sentir, au vouloir ». La conscience n'est plus qu'un épiphénomène limité et le fait psychique un reflet du fait biologique.
« La conscience n’est qu’un réseau de communications entre hommes ; c’est en cette seule qualité qu’elle a été forcée de se développer : l’homme qui vivait solitaire, en bête de proie, aurait pu s’en passer. Si nos actions, pensées, sentiments et mouvements parviennent—du moins en partie — à la surface de notre conscience, c’est le résultat d’une terrible nécessité qui a longtemps dominé l’homme, le plus menacé des animaux : il avait besoin de secours et de protection, il avait besoin de son semblable, il était obligé de savoir dire ce besoin, de savoir se rendre intelligible ; et pour tout cela, en premier lieu, il fallait qu’il eût une “conscience”, qu’il “sût” lui-même ce qui lui manquait, qu’il “sût” ce qu’il sentait, qu’il “sût” ce qu’il pensait. Car comme toute créature vivante, l'homme, je le répète, pense constamment, mais il l’ignore ; la pensée qui devient consciente ne représente que la partie la plus infime, disons la plus superficielle, la plus mauvaise, de tout ce qu’il pense : car il n'y a que cette pensée qui s'exprime en paroles, c’est-à-dire en signes d’échanges, ce qui révèle l'origine même de la conscience. » Nietzsche, Le Gai Savoir, V, 354 (Reims, B, 81).
ordre des idées
1) Caractéristique de la conscience : un « réseau de communications entre les hommes ». En d'autres termes, la conscience est cette partie de la pensée qui peut s'échanger, se communiquer à autrui, elle est la pensés formulée dans le langage (« cette pensée qui s'exprime en paroles c'est-à-dire en signes d'échanges »).
2) Origine de la conscience : la faiblesse des hommes et par conséquent la nécessité pour eux de s'associer pour s'aider et se protéger mutuellement : or pour ce faire chaque homme doit pouvoir dire ce dont il a besoin, et donc savoir ce dont il a besoin, c'est-à-dire en être conscient.
3) Conclusion générale : la pensée consciente, liée à la socialisation, n'est pas toute la pensée mais simplement une partie « infime » et « superficielle » de cette pensée fondamentale qu'est la pensée inconsciente du corps (celle de « toute créature vivante »).
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