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Nicolas II (Saint-Pétersbourg 1868-Iekaterinbourg 1918)

Nicolas II (Saint-Pétersbourg 1868-Iekaterinbourg 1918) ; tsar de Russie [1894-1917]. Le dernier tsar de Russie fut le plus faible souverain à être monté sur le trône des Romanov. Né en 1868, il est le fils aîné du tsar Alexandre III. Lorsqu'il prend le pouvoir en 1894, il est très insuffisamment préparé à assumer cette lourde fonction et, par nature, il ne montre ni l'énergie nécessaire ni un quelconque sens des responsabilités. Il se révèle donc totalement incapable de conduire les affaires du royaume. Apparemment dénué de toute volonté, il porte la couronne comme un fardeau imposé par Dieu, ce qui ne l'empêche pas en revanche de mener une vie de famille heureuse. Influencé très tôt par Pobiedonotsev, il défend sans relâche l'autocratie, attitude qu'encouragera plus tard la tsarine Alexandra Feodorovna, née Alice von Hesse-Darmstadt, qui a reçu une éducation à l'anglaise. L'épouvantable malheur survenu pendant les fêtes du couronnement en mai 1896, lorsque 2 000 hommes trouvent la mort sur le champ de Chodynka près de Moscou, jette un funeste présage sur le début de son règne, qui verra l'Empire russe courir à sa perte. Fataliste et faible de caractère, N. ne réussit pas à freiner cette chute. Entouré de mauvais conseillers, parmi lesquels figure le célèbre Raspoutine, N. n'a aucun contact avec son peuple ; il ne contribue pas à résoudre les affaires sociales, et ne perçoit pas la gravité du problème agricole. Il est autant désemparé par la révolution de 1905 que par la guerre désastreuse contre le Japon. N. ne joue pas non plus un rôle marquant en politique extérieure, même s'il surprend le monde entier en 1898 en proposant le désarmement. Son amitié avec Guillaume II, dont témoigne une abondante correspondance, est restée sans effet sur le plan politique. De même en 1914, lorsqu'éclate la guerre, il n'est que l'exécutant de groupes politiques plus puissants ; même en septembre 1915, lorsqu'il succède à son oncle, le grand-duc Nicolas Nicolaievitch, comme généralissime de l'armée, son action n'a aucune portée politique ou militaire. Le 2 mars 1917 il consent sans résistance à abdiquer et, tout comme le poids de la couronne, il supporte l'emprisonnement qui s'ensuit avec une soumission quasi mystique. En juillet 1918, il est assassiné avec toute sa famille par des bolcheviks à Iekaterinbourg (aujourd'hui Sverdlovsk). Avec lui s'éteint la dynastie des Romanov qui régnait sur la Russie depuis trois cents ans.

Bibliographie : J. Jacoby, Nicolas II, 1962.

NICOLAS II Alexandrovitch (Tsarskoïe Selo, auj. Pouchkine, 1868-Iekaterin-bourg, auj. Sverdlovsk, 1918). Dernier tsar de Russie (1894-1917) de la dynastie des Romanov, il dut abdiquer après la révolution de Février 1917. Fils aîné d'Alexandre III, Nicolas II succéda à son père en 1894 et fut couronné à Moscou l'année suivante. D'un caractère faible et indécis, il reçut une formation politique peu poussée, ce qui le prépara mal à affronter les mouvements politiques et sociaux qui agitaient la Russie depuis cinquante ans. Il épousa en 1894 Alix de Hesse, princesse allemande et petite-fille de la reine Victoria. Préférant la vie familiale, entouré de ses quatre filles et de son fils, Nicolas II choisit pourtant de poursuivre la politique autocratique de son père, considérant toute réforme comme des « rêves insensés ». Il donna une place importante à l'Okhrana, police politique, soumit les minorités nationales à des mesures de russification et encouragea la persécution des juifs soumis à de nombreux pogroms. À l'extérieur, il renforça l'alliance franco-russe conclue par son père et s'engagea en Asie dans une politique d'expansion. La guerre russo-japonaise ( 1904-1905) fut cependant un désastre. Elle obligea l'empereur à abandonner ses droits en Mandchourie et dans le sud de Sakha-line mais surtout provoqua la première révolution de 1905 dont la répression féroce amena grèves, jacqueries et émeutes dans l'armée et la flotte (mutinerie du cuirassé Potemkine). Sur les conseils de De Witte, l'empereur dut accepter l'établissement d'un régime constitutionnel (élection d'une Douma ou assemblée) et accorda les libertés de réunion, d'association et de culte. Mais le danger écarté, les pouvoirs de l'assemblée furent progressivement rognés et la répression des révoltes paysannes provoquées par la politique de Stolypine (1906-1907) favorisant les paysans riches, valut à l'empereur le surnom de « Nicolas le sanglant ». À la veille de 1914, la Russie, engagée dans la voie de l'industrialisation (financée notamment par les emprunts contractés auprès de la France), était encore en proie à de graves agitations sociales et politiques. Après avoir réussi à obtenir l'Union sacrée au début de la Première Guerre mondiale - refusée seulement par une minorité de révolutionnaires - Nicolas II abandonna les affaires civiles à la tsarine, influencée par Raspoutine, moine orthodoxe qui prétendait pouvoir guérir le tsarévitch atteint d'hémophilie. Les graves défaites militaires, les pertes humaines considérables et le mécontentement des populations affamées provoquèrent la révolution de Février 1917 à Petrograd. Nicolas II dut démissionner. La famille impériale, transférée en Sibérie, fut exécutée en juillet 1918, lors de la guerre civile, sur ordre du soviet de l'Oural. Voir Faure (Félix), Révolutions russes de 1917.

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