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Nestoriens ; chrétiens séparés de Rome à la suite des querelles christologiques des Ve et VIe siècles.

Nestoriens ; chrétiens séparés de Rome à la suite des querelles christologiques des Ve et VIe siècles.

Contre la formule monophysite d'Apollinaire de Laodicée (Monophysites), la tradition théologique d'Antioche insiste avec Diodore, évêque de Tarse en 378 (il meurt v. 390-391), sur la distinction en Jésus-Christ de deux êtres : « celui qui est le fils de Dieu et celui qui est fils de Marie », et par elle fils de David. Une distinction qui n'est pas séparation : « Mais il n'y a pas deux fils », ajoute Diodore qui maintient donc l'unité du Christ. Ses disciples approfondissent sa pensée, en particulier Théodore de Mopsueste. Né vers 350, prêtre vers 382, évêque de Mopsueste en Cilicie de 392 à 428 (date de sa mort), il proclame à la fois la « distinction des natures » et « l'unité de la personne ». Parce que le vocabulaire christologique de l'époque reste mal défini, il y a là un danger de diviser le verbe incarné et de se le représenter comme la réunion de deux natures distinctes. Avec Nestorius, un degré supplémentaire est franchi. Moine, puis prêtre à Antioche, éloquent et austère, consacré évêque de Constantinople en 428, il refuse à la Vierge Marie le titre de « Mère de Dieu » (un terme qui, selon lui, relève de la piété, non du dogme) pour préférer celui de « Mère du Christ », c'est-à-dire, finalement, mère de l'homme Jésus. Accusé de diviser le Christ en un homme et en un Dieu, ce qu'il niera toujours, Nestorius est condamné par le pape en 430, puis par le concile d'Éphèse en 431. Nestorius accepte cette sanction, se retire près d'Antioche avant de se réfugier en Égypte où il meurt après 450. Son oeuvre est brûlée : il n'en reste que des fragments. Les milieux antiochiens ne se résignent pas à cette condamnation. L'évêque Jean d'Antioche refuse de se soumettre jusqu'en 433, date de son accord avec Cyrille, l'accusateur de Nestorius et patriarche d'Alexandrie où se tient l'école théologique rivale de celle d'Antioche. Malgré cette réconciliation, malgré le concile de Calcédoine en 451 (Léon le Grand), les thèses nestoriennes ne disparaissent pas. Elles triomphent sur les marges de l'Empire et surtout au-delà. Recrutée principalement dans les provinces sémitiques de l'Empire sassanide, l'Église des Syriens orientaux est influencée par l'École d'Édesse en territoire romain. Les persécutions dirigées par les empereurs monophysites favorisent le transfert de l'École à Nisibe, en territoire perse (457). Dès lors, le dualisme nestorien, représenté par Narsaï, puis par Barsaumâ, connaît un grand rayonnement chez les chrétiens de l'Empire sassanide dont il devient la doctrine officielle au synode de Ctésiphon-Séleucie (486). Coupé de l'Occident, le nestorisme croît de façon considérable. Il s'étend, à partir de la Perse, le long des routes caravanières et maritimes jusqu'en Asie centrale et en Chine d'une part, le long du golfe Persique et jusqu'aux Indes du Sud et à Ceylan de l'autre. A l'époque mongole (milieu du XIIIe-milieu du XIVe siècle), son influence est grande. Mais dès le XIVe siècle, musulmans et Chinois mènent contre lui une terrible répression, tandis qu'au XVIe siècle les nestoriens de la côte du Malabar sont réunis de force au catholicisme. Victimes au XIXe et au début du XXe siècle des persécutions menées par les musulmans, les nestoriens se réfugient dans les montagnes du Kurdistan, en Iran et en Irak, ou émigrent aux États-Unis. Leur Église s'intitule « chaldéenne » ou « assyrienne ». Elle reconnaît un catholicos qui, depuis le XVe siècle, est obligatoirement choisi dans la même famille. Elle ne compte guère plus, aujourd'hui, de 200 000 fidèles.

Bibliographie : H.-I. Marrou, L'Église de l'Antiquité tardive 303-604, 1985.

NESTORIUS (Germanica Cesarea, v. 380-Kharguèh, 451 ap. J.-C.). Patriarche de Constantinople (428-431), il fut à l'origine d'une hérésie chrétienne, le nestorianisme, condamné par le concile d'Éphèse en 431 ap. J.-C. Nestorius enseignait qu'il existait deux personnes distinctes en Jésus-Christ (l'une divine, l'autre humaine) et que la Vierge Marie n'était pas la mère de Dieu, mais seulement celle de Jésus. Il existe encore aujourd'hui environ 80 000 chrétiens nestoriens en Iran, en Irak et aux États-Unis. Voir Arianisme, Iconoclasme.

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