NÉRON
NÉRON Empereur romain (37-68 après J. C.)
Parmi les empoisonneurs célèbres, Néron figure en bonne place. Ce tyran, connu pour ses cruautés et son accusation d’avoir fait incendier Rome, fit empoisonner Britannicus pour hériter du trône impérial.
Néron, Nero Claudius Caesar Augustus Germanicus (37-68) ; empereur romain [54-68].
Selon la tradition, la naissance de Lucius Domitius Ahenobarbus (N.) à Antium est entourée de présages. Les uns, bénéfiques, marquent le nouveau-né d’un signe royal ; les autres, néfastes, anticipent l’image du monstre empereur. Par sa mère, Agrippine (une sœur de Caligula), et par son père (mort en 39), N. descend à la fois d’Auguste et de Marc Antoine. En 49, Agrippine épouse son oncle, l’empereur Claude qui a deux enfants (Britannicus et Octavie). Son but ? Contrôler le pouvoir, y amener son fils. La même année, elle fait rappeler de son exil corse l’écrivain et philosophe Sénèque, théoricien d’un Empire « libéral ». Il devient précepteur de N., fonction qu’il partagera avec le nouveau préfet du prétoire (en 51), Afranius Burrus. En 50, Claude adopte le garçon dont le nom est alors Nero Claudius Caesar Drusus Germanicus. En 53, N. épouse Octavie. Lorsque Claude meurt (oct. 54), on tait son décès, on retient Britannicus ; N. est acclamé empereur par les prétoriens (13 oct.), puis lit au Sénat un discours préparé par Sénèque. L’avènement du plus jeune des Princes (il a 17 ans) a été bien préparé. Conseillé par Sénèque, Burrus et Agrippine, le règne commence sous d’heureux auspices. N. tente de gouverner en accord avec le Sénat, réussit en Orient (victoires de Corbulon), propose une réforme fiscale que le Sénat refuse (58), annexe le petit royaume alpin de Cottius (58 ou 59). Mais rapidement, des tensions apparaissent entre sa mère et les deux conseillers, entre les trois adultes et N. qui cherche à s’émanciper peu à peu. En 55, il élimine Britannicus. En 59, il fait tuer sa mère. Désormais, et cela s’accentue à partir de 62 (mort de Burrus, retrait progressif de Sénèque), N. tente d’helléniser les mœurs romaines, durcit son attitude à l’égard des sénateurs, essaie d’imposer ce que l’on nomme « le néronisme », une vision esthétique du monde qui s’appuie sur une politique-spectacle dont le Prince est l’acteur principal (cocher, chanteur, poète) et dont les valeurs (jeu, fête, luxe, arts, bonheur) doivent devenir celles de la société romaine. Parallèlement, les procès de lèse-majesté sont ressuscités au Sénat et l’opposition de ses membres, à la personnalité du Prince plus qu’au régime, se marque par de nombreuses conjurations (en 65, celle de Piso entraîne la mort de Lucain, de Sénèque). Le Prince, lui, poursuit sa réforme axiologique, envisage, après le grand incendie de 64 qu’il attribue aux chrétiens, de transformer Rome en une « Néropolis », peut-être bâtie sur le modèle alexandrin et dont le cœur serait un palais impérial conçu comme un monde fermé, merveilleux, véritable raccourci du monde extérieur, la Domus Aurea, entreprend un voyage en Grèce (66-67) où il participe à des jeux dont il sort vainqueur et où il proclame la « liberté » de la Grèce. De retour à Rome, après un triomphe artistique, il se heurte à une nouvelle coalition (68). Elle rassemble Vindex, gouverneur de Lyonnaise, Galba, légat de Tarraconaise. Si Vindex est écrasé à Besançon, Galba rassemble autour de lui d’autres gouverneurs (Othon, Caecina) et aussi les prétoriens qui, à Rome, se déclarent pour lui. Le 11 juin 68, N., déclaré ennemi public par le Sénat, abandonné par tous, se suicide. Ses derniers mots sont : « Quel artiste périt avec moi ! » Commence une période de guerres civiles. Les excès de N. touchèrent surtout ses proches et la cour. En revanche, l’administration de l’Empire fonctionna normalement, avec même des aspects positifs : paix romaine en Arménie, paix avec les Parthes, annexion du royaume du Pont, remise en ordre de la Bretagne après la violente révolte de Boudicca (61), début du creusement du canal de Corinthe. Deux secteurs négatifs : les finances où malgré une dévaluation réussie du denier et de l'aureus, les caisses sont vides à la fin du règne ; la révolte juive de 66, toujours pas jugulée par Vespasien en 69. Sur N. les témoignages sont totalement contradictoires. Les sources littéraires sont accablantes et parfois exactes (meurtre d’Octavie en 62) : N. devient une figure de l'Apocalypse. Mais les témoignages archéologiques présentent un homme de goût, amateur de peinture et de sculpture, fasciné par la Grèce et l’Orient.
Bibliographie : E. Cizek, Néron, 1982 ; P. Grimal, Sénèque ou la Conscience de l’Empire, 2e éd., 1991.
NÉRON
(Antium, 37-Rome, 68 apr. J.-C.). Cinquième et dernier empereur romain de la dynastie des Julio-Claudiens. Il régna de 54 à 68. Le règne de ce souverain à l'esprit déséquilibré fut marqué par une tyrannie sanglante. Fils de l'ambitieuse Agrippine qui le fit adopter par Claude, Néron fut proclamé empereur par la garde prétorienne à l'âge de 17 ans (54 ap. J.-C.) à la mort de Claude. Après des débuts heureux, il sombra dans une cruauté sanguinaire mêlée d'extravagances. Il fit assassiner Britannicus, fils de Claude au détriment duquel il avait pris le pouvoir, sa mère Agrippine et son épouse Octavie. Vouant un véritable culte aux arts et à la beauté, lui-même poète et acteur, il se livrait à des compétitions au cirque comme cocher et récitait des vers au théâtre. Accusé sans doute à tort (à la suite de Suétone) d'avoir provoqué l'immense incendie de Rome (64), il rejeta le crime sur les chrétiens et déclencha contre eux une terrible persécution. Ce désastre lui donna l'occasion de se faire construire sur l'Es-quilin un palais immense, la Maison dorée. S'appuyant sur la plèbe à laquelle il offrait spectacles et jeux, il fit échouer les complots de la noblesse dont le plus célèbre fut celui de Pison qui vit périr son précepteur Sénèque et, pour couvrir ses dépenses considérables, il confisqua les fortunes des sénateurs. En 68, les légions en Lyonnaise et en Espagne se révoltèrent et Néron fut déclaré ennemi public par le Sénat. Après s'être enfui de Rome, il se fit tuer par un affranchi, s'écriant, d'après l'historien Suétone, en mourant : « Quel artiste périt avec moi ! » Voir Flaviens, Pierre (Saint).
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