NÉGATIVISME / NÉGATIVITÉ
- NÉGATIVISME, n.m. Disposition habituelle à dire non plutôt que oui. ♦ 1° Sur le plan intellectuel, il ne s'agit pas simplement d'esprit critique, mais d'une attitude de critique systématique destructrice, multipliant les objections, concentrant l'attention sur les points faibles et les insuffisances, sans prise en considération du positif, sans souci d'aboutir à un résultat constructif. ♦ 2° Sur le plan de l’action. Pour les détenteurs d'une autorité, tendance à empêcher, à interdire, à se laisser paralyser par la considération des inconvénients ou des dangers. Pour les exécutants et les subordonnés, résistance passive, absence d'esprit de participation, inertie. La résistance au changement, qui augmente habituellement chez l'homme avec l'âge, peut être un obstacle au progrès. Elle peut aussi manifester une clairvoyance. ♦ 3° Dans le développement de l'enfant, deux périodes de négativisme s'observent : de trois à cinq ans, il prend souvent plaisir à dire non. Dans l'adolescence, il s'oppose aux adultes. Dans les deux cas, le ressort du négativisme n'est pas l'inertie, mais le désir d'affirmation personnelle.
- NÉGATIVITÉ, n.f. Caractère de ce qui est négatif. ♦ 1° Donc, caractère de l'antithèse, dans la philosophie de Hegel. ♦ 2° Et, chez les existentialistes, acte de liberté qui permet de réduire à néant, de « néantiser ».
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NÉGATIF, NÉGATIVITÉ, NÉGATION
♦ On qualifie de négatif, en logique, ce qui (proposition ou terme) a la qualité ou la forme d’une négation, et en mathématiques, toute grandeur affectée du signe « moins ». Communément, toute attitude uniquement critique, qui ne propose rien en remplacement de ce qu’elle détruit, sera dite négative et participe du négativisme (qui, dans l’histoire individuelle, caractérise la période de trois à cinq ans et l’adolescence). Chez Hegel, le « travail du négatif » désigne le second moment de la dialectique. La négativité y apparaît comme le contraire dynamique de l’identité absolue.
♦ En logique, la négation est l’acte de nier une proposition ou le résultat de cet acte. La logique classique admettait que la négation est toujours seconde, postérieure à une affirmation au moins implicite. Cela pouvait également s’entendre d’un point de vue métaphysique, l’être précédant nécessairement le non-être (c’est encore la thèse de Bergson). Hegel affirme au contraire qu’elle est intérieure à l’ être lui-même, dont elle constitue le ressort du devenir.
- négativisme, résistance à toute sollicitation. Le sujet négativiste peut être passif, inerte, refusant d’ouvrir les yeux, de parler, de s’alimenter, ou actif, réagissant par la fuite ou. par une attitude opposée à celle que l’on attend. Une malade réclame à grands cris un verre d’eau. On le lui donne. Elle le jette à terre. Chez l’enfant, le négativisme prend la signification d’une protestation révoltée contre certaines frustrations affectives (ressenties, mais pas toujours réelles objectivement). Chez l’adolescent et l’adulte, cette attitude correspond à un refus de contact avec autrui et avec le monde extérieur ; on la rencontre fréquemment dans la démence précoce, dont elle est un « symptôme cardinal ».
- négativité (terme très employé en toute philosophie « dialectique », il fut créé par Fichte et répandu par Hegel) : action de la négation, en particulier de la liberté, humaine comme pouvoir de refuser le monde réel et d'instaurer un monde idéal.— Toute création spirituelle est, en ce sens, une forme de « négativité » ; l'esprit s'affirme en niant ce qui est (« Je suis l'esprit qui nie », dit Mephisto dans le Faust de Goethe) : l'ordre établi, la tradition scientifique ou philosophique. Mais la négativité n'est pas une « négation formelle » et vide; elle est aussi une « négation de cette négation », l'affirmation d'un nouvel ordre et de nouvelles valeurs.
- NEGATIVISME. Refus automatique (et non délibéré) de toute sollicitation extérieure.