NÉCESSAIRE
NÉCESSAIRE, adj. et n.m. (lat. necessarius « qu’on ne peut éviter »). I. Comme adjectif, distinguons quatre sens. ♦ 1° Ce qui ne peut pas ne pas être, par opposition au possible : le possible peut être ou ne pas être. La nécessité peut être envisagée comme une simple relation. C’est le lien de la conséquence à son principe. Le principe peut être contingent ; la conséquence est nécessaire si le principe est posé. On parle, alors, de nécessité hypothétique. Ex. : Il faut manger pour vivre. « Il faut manger » est nécessaire pour celui qui veut vivre, ou pour celui qui admet l'impératif moral : « Il faut vivre. » ♦ 2° Ce qui répond à une exigence, soit de la nature des choses soit de la nature de l’esprit. a) Tout phénomène correspondant à une loi physique se produira nécessairement (à zéro degré l'eau gèlera, à cent degrés elle bouillira ; une pierre jetée par la fenêtre tombera ; la terre tournera autour du soleil en vingt-quatre heures). Toute vie organique comporte une série de besoins qui doivent être satisfaits, qui sont des conditions de vie ou de mort. Pour Épicure, les désirs correspondant aux besoins corporels fondamentaux (nourriture et boisson) étaient des désirs naturels et nécessaires. Ils doivent être satisfaits, b) L'esprit humain a, lui aussi, ses exigences. Elles sont exprimées par les principes fondamentaux de la raison : identité, causalité, raison suffisante (un cercle n'est pas carré, tout phénomène a une cause). Le raisonnement déductif a pour ressort la nécessité logique suivant laquelle la conséquence ne peut pas ne pas être si le principe est affirmé. ♦ 3° Métaphysique, l'Être nécessaire est celui qui ne peut pas ne pas être : Dieu conçu comme Être plénier, infiniment parfait, tel que rien de plus grand ne peut être pensé, ayant en lui-même sa raison d'être, son « aséité ». ♦ 4° Morale. Caractère catégorique de l'impératif moral, particulièrement chez Kant : « Tu dois. » II. Comme substantif. Ce dont l'homme ne peut pas se passer, ce qui est indispensable à la satisfaction de ses besoins vitaux (n'avoir que le nécessaire).
nécessaire, qui ne peut pas ne pas être. — Cette définition logique caractérise ce que l'on appelle la nécessité absolue. À ce titre, le nécessaire s'oppose non seulement à ce qui est problématique, mais aussi à ce qui existe purement et simplement (qui est assertorique). Une loi nécessaire n'énonce pas ce qui est, mais ce qui doit être. De cette nécessité absolue, on distingue la nécessité morale, qui s'exprime dans le sentiment de ce qu'il faut faire et de ce qu'il ne faut pas faire : bien que nous sachions ce qu'il faut faire, il dépend de notre liberté (libre arbitre) d'agir moralement ou non. La nécessité morale est donc un devoir qui se propose à notre liberté mais ne saurait nous contraindre ni s'imposer absolument.
Nécessaire
Du latin necessarius, « inévitable », « indispensable ».
- Qui ne peut pas ne pas être ni être autrement qu’il n’est (contraire : contingent). - En logique, qui découle impérativement des propositions déjà admises. - Dans les sciences de la nature, qui dérive de lois ou de relations invariables.
• D’après Spinoza, le monde est régi, dans sa totalité, par un strict déterminisme : « Dans la Nature, il n'existe rien de contingent ; mais tout est déterminé par la nécessité de la nature divine à exister et à agir selon une modalité particulière ».
NECESSAIRE (adj .) 1. — Caractère de ce qui ne peut être autrement : « Ce qui n’est pas susceptible d’être autrement et qui existe seulement d’une seule manière [...]. De cette nécessité dérive en quelque sorte toute autre nécessité » (Aristote) ; « Ce dont le contraire est impossible » (Leibniz) ; opposé à contingent, opposé à libre : « La volonté ne peut être appelée cause libre mais seulement cause nécessaire » (Spinoza). 2. — (Logique) Ce qui dépend des seules règles logiques ; en ce sens, on oppose souv. les vérités de raison — nécessaires et universelles — aux vérités de fait — particulières et contingentes ; ce qui correspond à une loi de la pensée (on oppose en ce sens nécessité logique et nécessité phys.) ; par ext., ce qui est démontré logiquement. Rem. : stricto, le sens 2 suppose que les règles logiques, les lois de la pensée ne soient pas arbitraires. 3. — Vrai d’une vérité apodictique. 4. — (Phys.) Ce qui correspond à une loi de la nature, observée et vérifiée ; par ext., les lois elles-mêmes (stricto, cela reviendrait à dire que les vérités de fait sont nécessaires : « Les lois de l’équilibre et du mouvement, telles que l’observation les fait connaître, sont des vérités nécessaires » (d’Alembert). Rem. : souv., l’expression nécessité phys. concerne l’enchaînement des événements phys., soit en partie, soit en totalité ; cf. déterminisme. 5. — Conforme à la nature, à l’essence de quelque chose ; en socio., en psycho., opposé à arbitraire, conventionnel. 6. — (Sens vulg.) Ce qui ne peut pas ne pas arriver ; Syn. inéluctable. 7. — Syn. indispensable : une condition nécessaire, indispensable à la vie ; opposé à superflu. 8. — Nécessité : a) Caractère de ce qui est nécessaire, b) Nécessité morale : pour Leibniz, caractère du choix du meilleur par un agent qui demeure libre, quoiqu’il soit impensable qu’il choisisse autre chose ; opposée à nécessité absolue, métaphysique ; par ext., caractère d’un événement hautement probable, quoique l’événement contraire ne puisse être totalement exclu, c) Nécessité hypothétique : caractère de ce qui est reconnu nécessaire, sous condition que quelque autre chose soit posée ou réalisée ; opposée à nécessité catégorique.