Naturalisme / Naturaliste
Doctrine pour laquelle il n'existe rien en dehors de la nature, ou bien qui prend la nature pour fondement des normes et de l'explication des phénomènes. Un naturalisme moral consiste par exemple à soutenir que la vie morale n'est que le prolongement de la vie biologique.
NATURALISME, n. m. 1° Au sens philosophique : doctrine selon laquelle tout est dans la nature et la nature est tout. Il n’y a donc pas de réalité surnaturelle. La nature est sa propre fin ; son ordre harmonieux dérive de ses propres lois. La sagesse consiste à suivre cette nature, à suivre les instincts qui concourent à l’ordre naturel, à vivre une sorte de morale naturelle fondée sur la santé, la vie. Morale inscrite au cœur de l’homme, par opposition aux morales contraignantes qui obligent à s’imposer des devoirs artificiels.
2° Au sens littéraire : école littéraire de la fin du XIXe siècle, principalement animée et illustrée par Zola; dépassant le réalisme, elle charge le roman de rendre compte de la vie naturelle et sociale de façon scientifique et exhaustive. Le naturalisme se caractérise notamment par :
— La volonté de réalisme total. Rien ne doit être tu par le romancier, qui doit peindre les aspects les plus sordides ou grossiers de l’existence humaine. Le respect des bienséances et de la morale bourgeoise ne doit pas retenir l’écrivain naturaliste, qui décrit par exemple la sexualité humaine dans toute son animalité, comme doit le faire un spécialiste des sciences naturelles.
— La volonté d’étudier en particulier les milieux sociaux, la misère du peuple, la prolétarisation progressive de la classe ouvrière, sacrifiée à la révolution industrielle. L’écrivain naturaliste peint la fresque des malheurs humains de son époque.
— La volonté d’analyser et d’observer la réalité humaine et sociale d’un point de vue scientifique. Lorsque Zola écrit le cycle des « Rougon-Macquart», il la présente comme une «Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire». À l’instar de Claude Bernard étudiant la biologie, Zola considère le roman comme une sorte de modèle expérimental : le romancier conduit ses personnages selon les lois du milieu dans lequel il les plonge, il en fait varier les composantes (physiques, sociales, économiques), il en illustre les «lois».
La limite de ce type de littérature est moins dans son refus de la morale que dans son parti pris déterministe. Sa qualité, en fait, vient souvent de ce qui dépasse le cadre purement «naturaliste» : la poésie des évocations, le lyrisme du malheur, la lutte épique des hommes contre leur condition miséreuse, bref la vision qui permet de dépasser «l’observation ».
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