MUSELLI Vincent
MUSELLI Vincent. Poète français. Né le 22 mai 1879 à Argentan (Orne) d’un père de souche corse et officier d’infanterie et d’une mère mancelle, mort à Clichy (Hauts-de-Seine) le 28 juin 1956. Successivement pensionnaire à Sainte-Croix du Mans et à Paris, au collège Sainte-Barbe, il s’inscrit à la Sorbonne en vue d’une licence ès lettres et suit des cours de chinois aux Langues orientales. Il épouse une de ses camarades de faculté, professe quelque temps à Sainte-Marie de Monceau, puis noue ses premières amitiés littéraires : Adrien Bertrand avec lequel il fonde Les Chimères, où paraîtront ses premiers poèmes; André Salmon, qui l’accueille en 1910 aux Nouvelles de la République des Lettres; Jean Pàulhan, collaborateur du Spectateur de Gabriel de Tasde, où Muselli donne des essais philosophiques et dialectiques et des contes. Il fréquente aussi la jeune peinture, autour de Guillaume Apollinaire, et se lie avec André Derain, qui peint de lui un beau portrait. On lit et admire dans diverses autres revues, Le Mercure de France, Les Marges, Vers et prose, Les Facettes, La Muse française, de belles strophes qu’il rassemblera quelques mois avant le conflit mondial sous le titre : Les Travaux et les jeux (1914). Ce mince mais substantiel recueil, où Muselli confère un prolongement orignal à ses aînés Jean Moréas et Maurice du Plessys, passa inaperçu jusqu’au jour de 1917 où le fielleux éreintement en paraît au Mercure, suivi de la signature « Intérim »; cet anonymat dissimulait Paul Léautaud, à qui le poète décoche une épigramme acérée : petite querelle qui expliquera l’absence de Muselli dans la prochaine réédition des Poètes d’aujourd’hui (1929). Demeuré silencieux pendant la guerre, il attend 1919 pour grouper en plaquette Les Masques, sonnets héroï-comiques. Trois ans après, son vieil ami et compatriote Frédéric Lefèvre, qui lui a consacré une étude prophétique («Muselli sera un des maîtres de demain ») dans sa Jeune Poésie française parue en 1917, lui ouvre les colonnes des Nouvelles littéraires. C’est là qu’une partie des Strophes de contre-fortune, des Sonnets à Phillis, des Sonnets moraux , des Sept ballades de contradiction commencent à toucher un nombreux auditoire. Les Sonnets à Phillis, madrigaux « sérieux » qui s’apparentent à Mallarmé plus qu’à Voiture et à Benserade, sont insérés dans La Nouvelle Revue française, puis paraissent en librairie (1929). Quant aux Sonnets moraux, la première grande œuvre de Muselli et l’avènement de sa seconde et définitive manière, ils voient le jour en 1932, dans Le Correspondant, et peu après sous forme de plaquette à faible tirage. On a vu, à juste titre, dans cette suite, un prolongement original des Chimères de Nerval et de plusieurs pièces majeures des Fleurs du mal; ainsi Le Golgotha, Le Dernier Jour, comptent parmi les sonnets royaux de la poésie; ils font au surplus apparaître, et pour la première fois sans doute, un ardent mysticisme et une angoisse métaphysique que les œuvres antérieures, très païennes d'allure comme de thèmes, ne laissaient guère prévoir.
Cependant, vers la même époque, Muselli achevait d’édifier son plus long poème, Les Convives, ode en vingt-quatre strophes de six octosyllabes : cette évocation des sages de l’Hellade, couronnée par un hymne à la poésie qui s’inscrit dans les astres pour atteindre « à la connaissance parfaite », se place au même niveau que le Cimetière marin de Valéry. Ce n’est qu’en 1943 que Muselli, toujours plus soucieux de créer que de publier, se décida à réunir ses vers épars en un volume compact (Poèmes). Mais ses plus admirables vers, composés entre ses soixante et soixante-quinzième années, n’y figurent pas tous, tels : Méditation et Les Douze Pas des Muses, qui le rangent au nombre de nos plus grands poètes chrétiens. De 1943 datent Les Epigrammes. Signalons enfin que Vincent Muselli avait écrit depuis sa jeunesse une dizaine de récits, étonnants par une syntaxe très neuve et par une affabulation tourmentée, et projetait de les grouper sous le titre de Faits divers.
♦ « Il avait ce charme d’être simple à tous comme s’il était égal au moindre... Bonhomie exquise, candeur malicieuse, chaleur de plaisir grande ouverte, notre Jean de La Fontaine se fût bien aimé en sa compagnie. » Marie Noël. ♦ « Ce poète, si discret, n’a point cherché à surprendre. Mais ce qu’il a fait, il l’a fait avec amour et patience, et il a su l’amener à une quasi-perfection. » Marcel Arland.